Débat LNPN à Caen, intervention de Clara OSADTCHY

Clara OSADTCHY est Conseillère Régionale de Basse-Normandie et Porte- Parole d’EELV Basse-Normandie.

Je vous remercie. Je suis vraiment très enthousiaste, je suis favorable au fait d’arriver plus vite à Paris dans les déplacements dans le cadre de ma thèse. C’est vrai que cela m’arrange d’aller plus vite, d’avoir plus de confort. Cela m’arrange également de payer un peu plus cher, parce que je veux me garantir une place et cela m’arrange d’avoir une réservation. Mais, à côté de cela, je suis militante, je suis élue politique, je suis Conseillère Régionale de Basse-Normandie, je suis membre de la Commission de Transport du Conseil Régional et à ce titre, responsable des investissements que ma collectivité engage.

Nous sommes aujourd’hui dans un débat d’opportunité. Nous devons donc nous autoriser à débattre des enjeux essentiels soulevés par ce projet de LNPN. Quels sont-ils ? J’ai le sentiment que l’on parle bien des enjeux de mobilité de la population bas-normande. On n’est pas seulement en train de soulever des questions de développement ferroviaire, mais bien des enjeux de mobilité en général. Il se trouve que les transports sont le second poste de dépense des ménages, avec une énergie de plus en plus chère et de plus en plus rare, et la région rurale est encore fortement marquée par les inégalités sociales et la pauvreté.

La priorité pour moi est de répondre aux enjeux de mobilité pour tous, et partout. Seuls 5 % des Bas-Normands travaillent en dehors de leur région, et encore moins se déplacent de manière journalière sur Paris. En risquant de sacrifier d’énormes moyens publics pour un seul projet, cela me semble essentiel que l’on se pose la question de l’utilité sociale. Tel qu’il est présenté aujourd’hui, cette utilité sociale ne me semble absolument pas garantie.

La capacité d’investissement public sur le ferroviaire n’est également pas extensible. Il faut améliorer la ligne, c’est évident, surtout sur le Mantois ; cela a été dit. Je suis favorable à ce que l’on investisse 4, 5 ou 6 milliards d’euros sur le Mantois si c’est pour avoir plus de confort et de régularité. Mais pour autant, il faut conserver les capacités de développement ferroviaire régionales, et les transports publics en général, y compris en dehors du ferroviaire. Il est impensable de croire que nous pourrons tout faire, cela me semble essentiel. Vous avez dit qu’il fallait aussi parler de l’opportunité de gagner du temps de parcours sur la ligne. Je l’ai dit, à titre personnel, je suis favorable en tant qu’usagère.

Mais, je voudrais citer ici les travaux de Marie DELAPLACE, qui est Maître de Conférences à l’URCA et qui montre dans des travaux très intéressants les effets très limités de l’impact économique du TGV sur les villes qu’il dessert. Elle montre par exemple qu’à Reims, les entreprises qui se sont installées autour de la gare sont à 70 % des entreprises locales, c’est-à-dire qu’il y a eu une reconfiguration locale de l’économie autour de la gare, mais très peu d’augmentation des entreprises issues de l’extérieur de la région. Elle montre également qu’il y a des phénomènes de désertification économique des régions qui ne sont pas traversées ou qui n’ont pas de haltes bénéficiant de cette ligne.

Cette question me semble essentielle. A ce jour, je n’ai pas connaissance d’une étude sérieuse de potentiel de développement économique du projet de la LNPN, bien que ce soit l’un des arguments principaux mis en avant. Je pose donc la question – et j’en suis à 3 minutes – : ces études sont-elles prévues ? Merci.

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