Syndicat Mixte Aéroport Pau Pyrénées
Par David Grosclaude – Intervention en séance plénière du 19 décembre 2011
Monsieur le Président, mes chers collègues,
Pardonnez-moi, mais je vais apporter une note certainement discordante dans les débats de ce matin.
Tout d’abord je ne partage pas la vision de ce que certains appellent l’enclavement. C’est une notion qui me paraît un peu galvaudée et utilisée de façon abusive.
Les trois scénarii qui nous sont proposés nous laissent finalement peu de possibilités de choix si l’on suit une seule et unique logique qui serait celle qui consiste à dire qu’en dehors du développement tous azimuts des transports point de salut.
- La solution n° 1 est une impasse et de plus une impasse coûteuse. Vous avez parlé Monsieur le Président de scénario de « décroissance » et je pense que c’était un peu provocateur.
- La solution n° 2 qui semble la plus raisonnable reste quand même très optimiste au vu de la situation économique et lorsque l’on tient compte de la concurrence des aéroports voisins.
- Quant à la troisième elle est, de mon point de vue, totalement irréaliste et oublie que nous sommes en crise. Crise financière, crise économique et crise écologique.
Envisager de faire appel à l’argent public pour financer des compagnies à bas coût n’est pas dans mes options.
Cette solution dite « volontariste » est surtout irréaliste. Projeter un développement du trafic de l’aéroport de Pau aussi important c’est rentrer dans une logique folle de concurrence entre les collectivités. Parce que si les autres pensent comme nous, il n’y aura pas de place pour tout le monde.
Les collectivités n’en ont pas les moyens et elles n’en sortiront pas gagnantes, pas plus que leurs habitants.
On ne peut oublier dans cette affaire oublier le contexte qui est que nous sommes dans une zone qui compte de nombreux aéroports : Biarritz, Tarbes, Bordeaux, Toulouse, Hondarrabia, Bilbao et même Saragosse qui n’est pas si loin. Je pourrais même y ajouter Carcassonne qui est à moins de trois heures de Pau par l’autoroute, c’est à dire à la distance de Bergerac . Ces deux aéroports construisent tous les deux leur développement sur les lowcost.
De cette guerre, nous sortirons tous perdants. D’autant plus que nous nous tirons des balles dans le pied et nous le disons.
L’A 65 est une concurrente, je l’ai entendu dans cette salle, elle fait partir des voyageurs sur l’aéroport de Bordeaux.
Et maintenant on nous dit dans l’étude que l’on a sous les yeux que la la LGV Tours-Bordeaux accentuera le phénomène.
Que dire alors quand on prétend faire une LGV Bordeaux-Pau dont certains rêvent qu’elle vienne quasiment au pied des avions !!!
Nous ne pouvons continuer à penser la question des transports en construisant des équipements concurrents et non complémentaires.
Nos concitoyens sont devenus très sensibles à la façon dont on dépense l’argent public et dans le domaine des transports nous sommes particulièrement surveillés.
Même si on pouvait se placer hors de la crise, les perspectives de croissance du trafic aérien ne seraient pas a la hauteur de ce que l’on nous propose.
Quand je lis, et ce n’est qu’un exemple, que l’on pourrait développer des vols saisonniers pour des vacances ski je ne peux m’empêcher de penser que d’autres le font déjà. C’est le cas de Toulouse ! Et c’est ignorer les problèmes qui se posent aujourd’hui à l’industrie du ski, c’est ignorer le problème d’enneigement des Pyrénées qui est maintenant confirmé par diverses études. Et ce n’est qu’un exemple.
Enfin, concernant les lowcost on ne peut ignorer ici, à Pau, les chantages que certaines compagnies peuvent pratiquer. La volatilité de leurs engagements est telle que ce sont elles qui commandent et cela avec comme seul critère la rentabilité pour leurs actionnaires. En plus la concentration dans ce secteur fait que trois compagnies mènent la danse et que la concurrence entre elles n’est plus ce qu’elle était.
Alors quand on nous dit à propos d’un développement de ces vols, je cite : « Ce scénario de fort développement de trafic est tout à fait réaliste mais nécessite d’accepter les conditions financières des compagnies lowcost » on comprend dans quelle voie nous nous engagerions.
Je ne souscris à aucune solution qui serait de ce type et à aucune solution qui se bâtirait autrement que sur une vraie prise en compte de la complémentarité entre les aéroports de la Région Aquitaine, Midi-Pyrénées, et au-delà. Cela signifie qu’il faut s’intéresser aux autres moyens de déplacement aussi et prendre une décision sur une étude globale.
La remise en question de notre modèle de développement passe aussi par une vraie révolution de la mobilité et par des solutions de remplacement.
Je vous remercie.