Règlement d’intervention ESS : politique régionale de développement de l’économie sociale et solidaire et de l’innovation sociale en Aquitaine

Par David Grosclaude – Intervention en séance plénière du 4 mars 2013.

Monsieur le Président, chers collègues

Nous accueillons très favorablement ce règlement d’intervention qui nous arrive quelques mois après que l’on nous ait présenté le schéma aquitain de développement de l’Economie solidaire et de l’innovation sociale.

Dans notre région on voit que les emplois qui sont générés par ce secteur sont nombreux. Il s’agit aujourd’hui du renforcement d’une politique régionale d’aide qui a déjà connu plusieurs phases. Nous allons aider plus et mieux un secteur d’activités qui donne une image n’est pas celle, un peu caricaturale et trop souvent portée au pinacle, de l’entreprise qui naitrait de l’idée d’un seul homme ou d’une seule femme, et qui ne vivrait que par la seule énergie et le seul génie de son chef.

Ce texte nous rappelle aussi que la solidarité est une valeur, en économie. Il nous rappelle que ces valeurs permettent de :

  • réinvestir localement les bénéfices
  • produire autrement et produire localement
  • concevoir autrement les relations entre les salariés
  • penser autrement le développement de l’entreprise.

L’individualisme et la tendance au repli sur soi qui a une forte tendance à se développer en temps de crise n’est pas un bon réflexe. Ce qui peut le combattre est positif.

L’approfondissement de notre aide à ce secteur est aussi un soutien à tous les bénévoles qui par leur engagement dans les associations permettent la création d’emplois.

Nous envoyons un signal positif pour que cet engagement dure.

Tout ce qui peut aider et encourager une association à se transformer en SCOP ou à créer une SCIC est bon à prendre parce que c’est créateur d’emplois.

Les activités du secteur de l’ESS sont la preuve pour beaucoup de nos concitoyens qu’ils peuvent avoir une prise sur la vie économique et que dans ce domaine il ne faut pas croire que toute est dépendant de décisions anonymes et de capitaux en recherche de profit rapide et maximal

Aujourd’hui, on constate aussi que la création de SCOP a le vent en poupe. De plus en plus de salariés d’entreprises qui sont menacées de fermeture alors même que l’activité semble viable y pensent.

 Le mot coopérative n’étant pas une formule magique il est important que nous prenions des mesures pour aider ceux qui souhaitent se lancer dans cette aventure. Et nous sommes heureux de voir qu’un volet spécifique est prévu afin d’aider à l’émergence de formations spécifiques au secteur de l’ESS.

Comme pour autant il ne s’agit pas d’être naïfs ou angéliques, nous savons que les entreprises de ce secteur sont diverses et qu’il ne suffit pas qu’elles se disent «coopératives » pour être porteuses des valeurs de l’ESS. L’actualité nous en apporte des exemples.

En tous cas celles qui mettent en pratique ces valeurs sont parfois fragiles et leur création demande un déploiement d’énergie important. Le système tel qu’il est aujourd’hui ne leur fait aucun cadeau. Le milieu bancaire est dur pour les petites entreprises de ce secteur. Pourtant, étrangement, depuis quelques temps les slogans publicitaires de telle ou telle banque puisent leurs racines dans les idées portées par le secteur coopératif. La réalité est souvent différente de ce qui est annoncé. Il y a du travail à faire dans le domaine de la finance solidaire ! C’est aussi ce que qui nous est proposé. C’est positif mais il faudra sans doute faire plus dans les années qui viennent.

Si les publicitaires ont senti cette tendance, les épargnants eux veulent savoir de plus en plus où va l’argent qu’ils déposent dans les banques.

Mettre en place un dispositif qui peut aider les entreprises de l’ESS à accéder au crédit et à répondre à leurs besoins de financement, notamment leur difficultés liées aux fonds de roulement, est un des axes important de ce règlement d’intervention. Il est crucial.

De même, l’aide proposée à la constitution du capital par les salariés, notamment pour les jeunes est une mesure nouvelle qui permettra certainement de rendre plus facile la création de certaines entreprises ou la reprise par les salariés de petites entreprises du secteur artisanal dont le patron prend sa retraite et souhaite une reprise par ses salariés.

Je disais qu’il n’était nullement question d’être naïf parce que les entreprises de l’ESS vivent dans le même monde que les autres entreprises. Cependant, on ne peut nier qu’elles ont parfois des capacités supérieures à résister à la crise. Bon nombre de salariés de ce secteur font des sacrifices importants lorsque l’entreprise dont ils sont co-gestionnaires et co-propriétaires connait des difficultés.

On est mieux disposé à consentir certains sacrifices lorsque l’on sait que les résultats, si résultats il y a, seront partagés et n’iront pas dans les poches de quelques actionnaires anonymes. Il est difficile de prendre la mesure de ce phénomène mais il est indéniable. Je suis convaincu que des salariés qui dans le secteur traditionnel seraient déjà inscrits à Pôle-emploi ont, dans le secteur de l’ESS fait des sacrifices importants sur le plan salarial afin de conserver «leur» emploi dans « leur » entreprise.

C’est aussi pour cette raison que le deuxième axe de ce règlement d’intervention est positif. Nous allons aider les entreprises de l’ESS à coopérer,à mutualiser des compétences, à monter de nouveaux projets ensemble, à créer de nouvelles activités et donc de nouveaux emplois.

Avec la crise que nous connaissons il y a nécessité à repenser notre mode de travailler, de produire et de consommer, nous devons absolument tout faire pour aider l’innovation et le secteur de l’ESS peut faire émerger des produits et des services nouveaux et nous aider à construire une économie qui réponde aux exigences des défis écologiques qui nous attendent.

Nous voterons donc cette délibération.

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