Pour accompagner la transition énergétique de l’Aquitaine

Présentation Peggy Kançal en conférence de presse le 19 janvier 2011

La France sera-t-elle capable de tenir les objectifs européens, de passer de 10% à 23% d’énergies renouvelables (EnR) dans notre consommation énergétique finale, à l’horizon 2020 ? On peut aujourd’hui s’en inquiéter si l’on observe la stratégie nationale à l’œuvre : jamais un gouvernement n’a autant freiné, stigmatisé, diabolisé le secteur des EnR, le rendant coupable de tous les maux (augmentation des factures d’électricité pour les consommateurs notamment)…Situation pour le moins paradoxale, voire schizophrénique, lorsque l’on sait que la France a attiré, en 2009, 1,8 milliards de dollars d’investissement dans les énergies renouvelables affichant un taux de croissance moyen de 98% sur les 5 dernières années !

 

Les raisons de cet acharnement gouvernemental sont connues (prédominance du nucléaire dans notre production électrique, modifications fréquentes du cadre législatif, fonctionnement centralisé du système électrique), et il est donc urgent que les collectivités territoriales agissent, de concert, en contre-pied à cette stratégie néfaste visant à étouffer silencieusement les énergies propres…

Les EnR en Aquitaine : un potentiel énorme pour créer de la valeur économique, sociale et environnementale sur notre territoire

L’Aquitaine : 1ère région de France en terme de création d’emplois verts avec 2101 emplois créés dans les filières vertes en 18 mois (principalement photovoltaïque et biomasse). Paysage général dynamique, avec pourtant des fragilités à rappeler :

  •  Fragilités externes : les incidences directes du moratoire de 3 mois sur le photovoltaïque, plongeant les professionnels, ici comme partout en France, dans l’incertitude (remise en cause de 80 emplois chez Fonroche à Tonneins)
  • Fragilités internes : la faiblesse de notre mix énergétique (7% d’EnR), constitué quasi uniquement de la biomasse et de l’hydraulique (production actuelle de 200MW, soit exploitation arrivée à son quasi-maximum). Il est important de rappeler le retard pris, au fil des années par notre région. En effet, l’Aquitaine a un potentiel très fort dans des énergies propres qui ne sont aujourd’hui pas encore exploitées : énergies marines renouvelables (2°région d’Europe pour son potentiel dû à la force des marées et de la houle), éolien (potentiel concentré sur la pointe du médoc, mais peut s’accroître grâce aux évolutions technologiques permettant d’aller chercher des vents plus hauts), géothermie profonde (l’Aquitaine faisant partie, avec l’Ile-de-France, des 2 régions de France à potentiel géothermique), bois-énergie (développement concentré en Dordogne), méthanisation…

Promouvoir un développement à la fois ambitieux et raisonné 

En tant qu’écologistes élus à la Région Aquitaine, nous allons, dans l’année qui vient, nous efforcer

  • de soutenir, d’accompagner la création d’un mix énergétique ambitieux : en tant que co-pilote du Schéma Régional Climat-Air-Energie (Etat-Région), la Région Aquitaine est en train d’élaborer une nouvelle stratégie régionale pour les EnR, qui fixera d’ici le mois d’octobre des objectifs quantitatifs et des scenarii d’adaptation. Nous avons ainsi l’opportunité de créer une dynamique territoriale entre acteurs (collectivités, entreprises, associations), d’offrir un cadre de concertation plus ouvert et plus favorable aux EnR que ce qui est proposé au niveau national…

Par notre action depuis 9 mois au sein de la région, nous mettons déjà notre énergie pour l’émergence de plusieurs projets importants à l’échelle régionale : projet d’hydroliennes à Bordeaux (SEENEOH), projet de géothermie à Mont-de-Marsan, parc éolien et photovoltaïque à Naujac-sur-Mer …

  • de favoriser la production et la consommation locale d’énergie : nous serons également très attachés à la notion d’indépendance énergétique de notre région, comment faire en sorte de mieux rapprocher l’offre et la demande d’électricité ? Notre marge d’amélioration est très grande en la matière….pour ne prendre que l’exemple de l’éolien, assez frappant : alors que nous avons participé en décembre à la création officielle du cluster éolien aquitain et au colloque national de l’éolien au Palais des Congrès, force est de constater que notre marché local de l’éolien est toujours au point 0. A nous de promouvoir les bons outils de   développement territorial des EnR (les modèles coopératifs, les sociétés coopératives telles que Enercoop), à nous de nous investir sur l’acceptabilité sociale des EnR pour que la situation évolue dans le bon sens !
  • de poser des garde-fous et de maîtriser les impacts négatifs environnementaux : enfin, il est primordial que la Région construise une doctrine cohérente pour maîtriser le développement des EnR, qui sont la source de nombreux conflits d’usage. Le Parc Naturel des Landes de Gascogne a mené une importante réflexion, dans le cadre de la révision de sa charte, pour rationaliser les installations photovoltaïques au sol (limitation nombres d’ha). Citons les lignes prioritaires que nous défendons : la priorité à l’intégration au bâti pour l’énergie solaire, un cadre de bonnes pratiques pour éviter les problèmes sur l’environnement et sur l’économie locale (concurrence d’usage des sols avec les terres agricoles, impact sur la biodiversité dû à l’altération de milieux naturels et au cloisonnement des parcs qui conduit à une rupture de la continuité écologique, artificialisation des sols et impacts sur le paysage), l’inscription dans une politique de territoire (plans climat-énergie territoriaux, projets soumis à large concertation), la réalisation d’études d’impact systématiques avec volets détaillés sur la valeur écologique et agronomique des sols et sur l’articulation du projet avec les activités agricoles locales, la réalisation d’études d’impacts contenant des inventaires naturalistes complets pour prendre les bonnes décisions sur les lieux d’implantation, l’obligation de suivis en période de fonctionnement s’imposent pour tous les projets de parcs au sol, l’encouragement à la multifonctionnalité (dépollution des sols, pâturage, apiculture, viticulture, maraîchage ou toute autre activité compatible avec la présence de panneaux au sol dans un espace clôturé).

Enfin, dans notre nouvelle politique climat régionale, l’axe fort sera celui de l’appropriation des questions climatiques et énergétiques par tous les Aquitain-e-s, seul moyen d’enclencher la transition énergétique, de concilier sobriété, efficacité et mix énergétique !

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