Intervention relative au Schéma interrégional d’aménagement et de développement du Massif des Pyrénées

Par David Grosclaude – Intervention en séance plénière du 16 décembre 2013

Chères collègues, chers collègues,

Voici un exercice bien difficile que celui qui consiste à faire de la prospective. C’est l’objectif de ce schéma de massif que l’on nous propose aujourd’hui.
L’exercice est complexe mais il a au moins l’avantage de nous obliger à faire un bilan de ce qu’est la situation du massif pyrénéen à ce jour. Le constat lui-même entraîne des débats et fait apparaître des divergences. Pour arriver à ce texte, qui est un compromis, il a fallu débattre ; parfois c’est sur le choix des mots que ce débat a eu lieu, car derrière les mots se cache souvent une conception du développement.

Nous sommes arrivés à trouver un compromis.

L’exercice est difficile aussi, parce qu’il s’agit en réalité d’un schéma de développement du versant nord du massif et non pas des Pyrénées dans leur ensemble. C’est une des curiosités paradoxales de ce document qui lui donne un petit côté rétro. C’était certes la commande mais il faudra pour la suite certainement penser à ne plus se limiter à cet exercice. Il faudra faire sauter des verrous institutionnels pour ouvrir plus largement un dialogue à la mesure de l’espace pyrénéen.

Que ce soit dans les domaines de la valorisation et de la protection de cet espace, dans le domaine des transports ou encore pour tout ce qui concerne le changement climatique, nous n’échapperons pas à un dialogue approfondi avec les catalans, les aragonais, les navarrais, les basques et les andorrans.

Nous sommes quelques uns à rêver d’une vision des Pyrénées, globale, européenne et finalement conforme à l’histoire du massif. Je disais qu’il y avait un paradoxe dans ce texte, parce que dans la dernière partie du document qui nous est présenté on évoque largement la nécessité de ce dialogue avec ceux qui partagent avec nous l’espace pyrénéen. Il faudra donc penser à travailler plus en amont dans l’élaboration d’un futur schéma.
Le dialogue est rendu difficile aujourd’hui par la crise mais il l’était déjà avant par le seul déséquilibre entre les pouvoirs des communautés autonomes du sud et nos compétences encore trop maigres en tant que régions. Quelques éléments nous laissent penser que ça pourrait changer et c’est tant mieux

La crise se terminera au sud. Et dès aujourd’hui on ne peut ignorer les débats qui passionnent nos voisins. Regardez la presse catalane ces jours-ci.

Ce texte prend donc en compte des éléments importants et parmi eux le changement climatique qui aura des conséquences importantes.

C’est un sujet qui a donné lieu à des débats au Comité de Massif. On a vu s’opposer deux conceptions différentes de la question. Il existe une génération qui semble ne pas croire à ce qui est annoncé par les spécialistes. Le rapport que la Région Aquitaine a publié récemment nous a heureusement éclairé.

La sagesse semble l’avoir emporté et le schéma qui nous est présenté prend en compte sérieusement le changement climatique.

On peut malgré tout lire, entre certaines lignes du texte qui nous est soumis, des espoirs d’échapper au changement climatique. Certains semblent encore s’accrocher à une vision d’un développement touristique qui oublierait que la neige se fera de plus en plus rare et que l’eau devra être gérée d’une façon nouvelle.

Le rapport trace, de notre point de vue, de bonnes pistes. Cependant nous devrons donc être vigilants parce que tout le monde n’a pas pris la mesure du phénomène et de son inertie qui rend inéluctable un changement dans notre façon de penser l’avenir des Pyrénées.

La tentation de considérer que le ski serait l’activité économique structurante du futur pour toutes les vallées existe. Les études climatiques nous disent que c’est faux et le schéma souligne heureusement.
L’avenir ne se fera qu’avec les femmes et les hommes qui vivent dans les Pyrénées, des agriculteurs, des bergers certes mais aussi de nouveaux habitants qui développeront des activités nouvelles et qui utiliseront les technologies leur permettant de rester connectés avec le reste du monde.

Il faudra tirer un profit raisonné, raisonnable et intelligent des richesses énergétiques que sont le bois et l’électricité hydraulique.

Vigilants, nous devrons l’être pour faire en sorte que la spécificité des Pyrénées vive, sur le plan culturel et linguistique par exemple, sans qu’une vision un peu désuète du tourisme n’en fasse un carte postale un peu niaise.

Vigilants, nous devrons l’être aussi pour la préservation des espaces naturels, de la diversité biologique.

Nous devrons être novateurs dans le domaine des transports. Il faut préserver et moderniser la ligne ferroviaire du piémont pyrénéen Bayonne-Toulouse. Il faut réouvrir le Canfranc.

Pour les Pyrénées, comme pour le reste du territoire, il nous faudra travailler pour perdre des habitudes d’un passé révolu. Le développement ne peut se concevoir comme hier.

Ce schéma est porteur d’une prise de conscience, elle-même aux prises avec la résistance de vieux schémas. On lit notamment des phrases comme « la recherche de la valorisation maximale des ressources physiques et humaines des Pyrénées compatible avec le développement des régions ». On préférerait lire « optimales» plutôt que « maximales». Voilà un exemple d’un vocabulaire qui devra changer.

Nous voterons ce schéma parce que nous pensons qu’il amorce un virage qui devra être négocié par la génération qui vient et qu’elle saura le faire. En attendant, nous serons attentifs à ce que les actions correspondent aux constats.

Je vous remercie.

 

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