Par Peggy Kançal – Intervention en séance plénière du 19 décembre 2011

Le sommet de Durban est un échec au regard de l’incapacité des Etats à s’entendre sur un cadre contraignant après Kyoto ; le monde a débouché sur un accord à minima qui n’est pas à la hauteur de l’enjeu de contenir à moins de 2° l’augmentation des températures sur le siècle à venir.

Sur un plan plus positif, comme l’a indiqué notre collègue écologiste Ronan Dantec, président de l’association « Cités et gouvernements locaux unis », la balle est aujourd’hui dans le camp de l’Europe et des collectivités locales qui sont aujourd’hui le bon échelon pour agir sur la mobilité, l’habitat, l’urbanisme. Toutes les collectivités se mobilisent déjà en vue du sommet Rio+20 en juin 2012.

Notre point d’horizon, nous sommes en train de le déterminer en région, en application du paquet énergie-climat européen et de la loi de Grenelle 2 : nous pouvons le résumer en 3 chiffres, le 3×20 (30% de réduction de GES, 30% d’efficacité énergétique et une part de 30% des ENR dans notre consommation finale d’énergie) d’ici à 2020.

La Région a marqué son souhait, dans le cadre du SRCAE qui sera présenté ultérieurement en 2012 de porter cet engagement plus haut à 3×30.

Aujourd’hui, les deux délibérations qui nous sont soumises donnent un chemin à parcourir pour que la région Aquitaine puisse apporter sa pierre dans cet édifice, complexe et ambitieux.

Par notre nouveau plan climat-énergie « Défi Aquitaine Climat », nous voulons agir pour réduire l’empreinte carbone de notre administration.

Il s’agit bien d’une feuille de route d’ici à 2014 le plus précise et pratique possible, de plus de 300 mesures opérationnelles (272 M€) pour obtenir des résultats sur notre bilan carbone et économiser au moins 200.000 TCO2 (dans un souci de transparence et de crédibilité, nous avons tenu –ce qui est assez rare pour être souligné- à communiquer ce chiffre qui est un plancher, et non un objectif maximum).

Dans ce corpus technique, qui sera complété par les chiffres de CO2 évités grâce aux TER, nous avons identifié trois axes directeurs pour classer, hiérarchiser les 300 mesures :

• Donner de nouveaux outils pour la performance énergétique (empreinte carbone restauration collective, investissement citoyen dans les ENR, pratiques cultures simplifiées, visio-conférence, télétravail)

• Faire monter en compétences et en connaissance les acteurs (site ecopedia, plateforme pme, formation énergie-climat modules DD…)

• Jouer sur notre logique d’incitation et de réciprocité (TE POS, écoévénements, critère environnement choix, approche environnementale des zones d’activités, offre tourisme sans voiture, télémédecine…)

J’en profite pour remercier toutes les directions (les 25 référents) et les élu/es qui se sont impliqués pour bâtir cette démarche qui ne se veut pas figée ou hors-sol, au contraire.
Au-delà du corpus, ce plan est un point de départ, enrichi dès 2012.

Ce qui est important, c’est l’âme que l’on met derrière cette politique.

Notre priorité, dès 2012, sera d’animer la mise en œuvre de ce plan, accompagner les directions, mobiliser tous les partenaires associés, rendre compte des réalisations, quantifier les efforts accomplis et également apporter des pistes de progrès.

La priorité, ce sera aussi d’harmoniser notre Plan Climat avec ceux des autres collectivités d’Aquitaine et d’apporter une plus-value sur l’adaptation, TE POS et le plan région sensibilisation en recréant les outils de médiation avec le « GIEC aquitain ».

Je souhaite à présent revenir sur toute la première action du « Défi Aquitaine Climat » qui est tellement structurante qu’elle fait l’objet d’une délibération à part entière intitulée « Aquitaine Energie Positive » qui va nous permettre de mettre l’Aquitaine en situation de viser les objectifs du 30% d’efficacité énergétique et de passer de 16% d’ENR (aujourd’hui) à 32% d’ENR. (aujourd’hui la France risque un contentieux européen pour non atteinte à 23%).

La Région impulse un scénario de rupture, une vision politique qui nous manquait beaucoup dans le domaine de l’énergie tant la France souffre d’une ultra centralisation et d’un mix basé uniquement sur l’énergie nucléaire.

Le chemin que nous voulons ouvrir, c’est celui de la décentralisation énergétique, de la relocalisation de la production/consommation, basé sur un modèle plus sobre (partir de consommations sur les territoires et réfléchir en termes d’autonomie énergétique et d’approvisionnement tendant vers les 100% renouvelables).

Pour cela, le Président a souhaité que nous travaillions au plus près de la réalité, avec les industriels aquitains. C’est la mission qu’il a confiée à M. Fekl et moi-même il y a quelques mois.
« Aquitaine énergie positive » est le fruit de ce travail mené avec les forces vives des énergies renouvelables en Aquitaine (les entreprises, l’ADEME, l’Etat, les universitaires et les partenaires extérieurs : Négawatt, CLER, ALEC…) et va donc déboucher sur des moyens exceptionnels pour financer des investissements dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables à hauteur de 700 M€ (garanties et fonds propres) via BEI, les banques, OSEO…

•  Des projets pilotes pour maîtriser les consommations avec de nouvelles technologies
• Des projets de rénovation énergétique (logements sociaux, INE F4, formation éco-construction, isolation de logements individuels)
• Des investissements dans les PME/PMI pour doubler le poids de la biomasse (bois-énergie, méthanisation, biogaz, biocarburants) dans notre mix énergétique et la diversifier (géothermie, solaire intégré au bâti, éolien objectif 1000 MW…)
• Des investissements dans les projets coopératifs pour favoriser l’intégration et l’acceptabilité des énergies renouvelables dans tous nos territoires (TE POS, outils pour les investissements citoyens…)

L’enjeu est bien celui de lier notre modèle énergétique avec notre politique industrielle, avec un certain esprit d’indépendance et je citerai Vaclav Havel : « L’indépendance, ce n’est pas un état de choses, c’est un devoir« .

Je vous remercie.

Les deux délibérations sont consultables ci-dessous.

A noter que la délibération n°5 sur le « Défi Aquitaine Climat » a été adoptée à l’unanimité et sur la délibération n°6 relative à « Aquitaine Energie Positive », seul le groupe UMP s’est abstenu.