Des éoliennes pour l’Aquitaine – Tribune reprise dans Médiapart
L’éolien terrestre est l’énergie renouvelable qui manque le plus à notre Aquitaine: aucune éolienne n’est à ce jour implantée! Pour quelles raisons vivons-nous cette anomalie, tandis que d’autres régions françaises font de l’éolien le maillon fort de leur mix énergétique et de leur économie?
On a souvent avancé des arguments géographiques (trop de plaines, pas assez de vent); mais ces arguments, valables au début des années 2000, ne sont plus vrais aujourd’hui, puisque les évolutions technologiques des machines (mâts allant jusqu’à 140 mètres) permettent de profiter de vents tout à fait favorables. Dans des territoires landais, qui ont commandé des études spécifiques, les vents atteignent 6 mètres par seconde, ce qui attire de nombreux opérateurs et ce qui a permis le dépôt officiel d’une zone de développement de l’éolien (ZDE). Le schéma régional de l’éolien, qui sera bientôt mis en consultation, aboutit à cette conclusion: les deux tiers du territoire aquitain font partie de zones dites favorables au développement de l’éolien terrestre. L’Aquitaine n’est donc pas frappée d’anomalie physique rédhibitoire, loin de là!
Et que dire de l’intégration au territoire et des relations avec les habitants? Tellement de mythes et de préjugés entourent la non acceptation de ce type d’énergie qu’il suffit d’assister à des réunions publiques ou d’observer des expériences réussies pour balayer les peurs qui peuvent subsister… L’énergie éolienne est plébiscitée par les Français comme par les Aquitains, qui approuvent son développement à plus de 70%, le taux d’acceptation augmentant encore grâce à des outils très opérationnels comme la gestion en régie ou l’investissement citoyen dans les parcs, pour que l’énergie produite bénéficie financièrement aux collectivités et aux habitants. Quant à la cohabitation avec les chasseurs, l’exemple de la Picardie, qui produit un tiers de son électricité grâce aux éoliennes, démontre bien que pales, oiseaux et chasseurs sont compatibles.
Une fois que ces barrières sont levées, et que l’on commence à imaginer sérieusement le premier parc d’éoliennes sortir de terre, le principal et réel obstacle se dresse devant nous: les démarches réglementaires, le «mal français». Le régime d’autorisations qui frappe l’éolien en France est en effet le plus contraignant du monde: un beau record de huit ans, en moyenne, de l’étape de la zone de développement de l’éolien (ZDE) jusqu’à l’ouverture du parc. Pour complexifier encore ces procédures, l’Etat a imposé, à l’automne dernier, le classement «installations classées protection de l’environnement» (ICPE)…; sans compter les projets de construction de radars, comme cela est évoqué dans le Médoc, pour finir de nuire complètement à la filière éolienne. L’Etat devrait pourtant se rappeler les engagements nationaux pris lors du Grenelle de porter à 23% la part des énergies renouvelables dans les consommations d’énergie d’ici à 2020, et des rappels à l’ordre européens si la France n’est pas en capacité de tenir cet objectif; entraver le solaire et l’éolien dans notre pays nous expose à un contentieux, en plus de la perte d’emplois et de la vulnérabilité énergétique.
L’Aquitaine a définitivement besoin de l’éolien, que ce soit d’un point de vue énergétique ou industriel. Parce que notre mix volontariste voté au niveau régional (30% de part d’énergies renouvelables à 2020) se fonde sur un développement de l’éolien raisonné et réaliste, en particulier dans la zone la plus propice qui est le Médoc, parce que la dynamique économique et industrielle (cluster «Aquitaine Windustry») ne vaut que si le marché local décolle, parce que l’éolien crée trois fois plus d’emploi locaux non délocalisables que la filière électro-nucléaire…. pour toutes ces raisons, il faut que les pouvoirs publics appuient les projets éoliens existants en Aquitaine, le plus possible, au lieu de les freiner.
L’année 2012 est décisive, prenons en conscience: élu(e)s, entreprises, associations, citoyens d’Aquitaine, mobilisons-nous maintenant pour qu’en 2020, nos parcs d’éoliennes produisent les 1000 mégawatts dont nous avons besoin et créent des milliers d’emplois!
Rose Marie Abraham (maire de Garrosse, SE)
Laure Curvale (vice-présidente de la CUB, EELV)
Monique de Marco (vice-présidente du conseil régional, EELV)
Jean-Bernard Dufourd (maire de Naujac-sur-Mer, UMP)
Michel Esteban (vice-président du conseil général du Lot-et-Garonne, PS)
Michel Feyrit (vice-président du SIPHEM)
Henri Honegger (vice-président de la CDC Sauveterrois, SE)
Sébastien Hournau (maire de Pauillac, conseiller général, PS)
Christian Javel (maire de Onesse-et-Laharie-SE)
Peggy Kançal (conseillère régionale, EELV)
Noël Mamère (député maire de Bègles, EELV)
Antoine Menault (maire de Sindère, SE)
Patrick Mimot (adjoint au maire de Rion-des-Landes, PS )
Patrick Sabin (maire d’Escource, SE)
Stéphane Saubusse (conseiller municipal du Pian Médoc, EELV)