Contribution conférence de presse du 2 juin 2014
Par Martine Alcorta
Nous partageons l’idée que le rôle des régions est principalement de dynamiser l’économie régionale, la recherche et l’innovation. Mais on ne peut plus fonctionner au XXI siècle en fermant les yeux sur les externalités négatives de ces innovations, que ce soit envers l’environnement (dégradation de la biosphère) ou la santé des personnes (professionnels et population). Les dépenses publiques ne peuvent plus servir d’un côté à financer des techniques et des produits qui vont provoquer des dégâts sanitaires et ensuite dépenser à nouveau de l’argent public pour réparer ces dégâts sur les personnes (soins, traitement maladies) ou sur l’environnement (dépollution..)
Il faut arrêter ce schéma pour des raisons éthiques, économiques et budgétaires
- Sur le plan éthique
Nous disons stop à l’économie punitive qui a des effets délétères sur la santé des populations. Place à l’écolonomie, l’économie qui crée des emplois sans nuire à la santé des Hommes et la dégradation de la biosphère, c’est ce que nous proposons avec la transition énergétique
- Sur le plan économique et concurrentiel
Le marché lui-même va bientôt pâtir de la commercialisation de produits qui ont des effets négatifs sur la santé. La prise de conscience des consommateurs est de plus en plus importante. Les entreprises l’ont bien compris et commencent à intégrer dans le calcul des bénéfices-risques, le risque de l’acceptabilité sociale du produit. La demande devient de plus en plus exigeante sur la qualité sanitaire des produits. Cette qualité doit devenir la valeur ajoutée de nos produits car c’est cette valeur ajoutée qui mettra nos produits hors concurrence dans une niche écologique et économique qui créera les emplois de demain, voilà ce qui est pour nous l’économie du futur.
- Sur le plan budgétaire
Comme évoqué précédemment, nous avons des politiques publiques qui marchent sur la tête, on soutient du développement économique qui crée des problèmes sanitaires et environnementaux et ensuite on affecte encore des dépenses publiques pour réparer ces problèmes. Il est beaucoup question aujourd’hui d’économie circulaire, mais il y a deux façons d’approcher la thématique, soit on considère que l’économie circulaire est la porte ouverte à toute sorte d’économie dont on réduit les effets négatifs en les traitant économiquement, faire des déchets une ressource sans les réduire forcément à la source ou faire de la dépollution un business… et augmenter ainsi le PIB et la croissance. Mais à quel prix sanitaire et environnemental envisage-t-on la relance économique ? Ou bien on considère que l’économie circulaire est une écolonomie qui intègre en amont du cycle de vie d’un produit les préoccupations sanitaires et environnementales. Pour nous élus écologistes, l’essentiel des aides publiques devraient se concentrer sur la recherche, l’innovation et le développement économique qui intègrent ces dimensions sanitaires et environnementales et qui anticipent le risque avant la mise sur le marché.
Mais ce n’est pas ce que nous faisons actuellement. Exemple : nous avons financé le projet Canoe à hauteur de 2 millions d’euros rien que sur l’année 2013. C’est un projet qui a pour objectif de trouver des applications commerciales aux produits chimiques que fabrique Arkema notamment à base de nanotubes de carbone dont le nom technique est le Graphistrengh C100. Vous avez ici un rapport de l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation et de l’environnement et du travail) qui dit clairement dans ses conclusions que « …Arkema n’est pas en mesure de lui démontrer sa capacité à évaluer les risques sanitaires liés au Graphistrengh C100, par manque d’informations sur son potentiel toxique et l’absence d’éléments relatifs aux scénarii d’exposition et cycle de vie du matériau… en dépit des demandes réitérées aux groupes d’experts au cours des deux précédentes étapes… »(novembre 2013).
Conclusion
Nous avons régulièrement alerté sur les risques liés à ces innovations, le président de Région nous a toujours répondu que l’évaluation des risques était assurée, nous avons la preuve aujourd’hui qu’il n’en est rien. Il ne doit pas y avoir de mise sur le marché de produits dont l’évaluation des risques n’a pas été concluante. Soyons clair, nous ne demandons pas l’arrêt de la recherche et de l’innovation mais que soit réellement prise en compte dans la conception de ces produits et de leur application commerciale les risques évoqués précédemment. No data, no market. Pour l’instant le rapport de l’Anses le stipule bien, il y a « no data » donc nous exigeons le « no market ».