Communication sur le Défi Aquitaine Climat

Par Peggy Kançal- Intervention en séance plénière du 25 octobre 2010

Monsieur le Président, mes cher/es collègues,

Après avoir été la première région française à se doter d’un plan climat en 2007, la Région Aquitaine renouvelle et actualise sa politique climat pour cette nouvelle mandature : le nom de cette démarche est « Défi Aquitaine Climat  », lancée officiellement du 11 au 15 octobre 2010.

Nous aurions pu nous contenter d’avoir la belle photo finish avec le président et Yann Arthus-Bertrand signant l’engagement 10/10 ; nous avons opté pour un événement un peu plus complet, avec des thématiques ciblées, chaque jour, vers un acteur concerné par notre politique (monde universitaire, associations et entreprises, agents et élus de la Région, citoyens avec un temps fort dédié aux lycéens). Au final, nous avons pu mobiliser, sur les 4 jours, 600 personnes d’horizons très divers – et si je reconnais volontiers que nous aurions pu faire encore mieux – cet événement a eu le mérite de poser les jalons essentiels pour le lancement de notre nouveau dispositif. Vous trouverez les contenus présentés, jour par jour, sur internet : aquitaine.fr/politiques-regionales/environnement-climat-energie/defi-aquitaine-climat.html

Cette semaine du « Défi Aquitaine Climat » a permis à mon sens deux choses intéressantes :

1 – Donner des clés de compréhension générales :

  • Prise de conscience de la gravité de la situation (« nous sommes des fumeurs de 3 paquets par jour qui veulent vivre jusqu’à 100 ans », Denis Cheissoux), et analyse de points de blocage qui nous dépassent, car relevant du fonctionnement des Etats (exemple aux Etas-Unis : le lobby de l’industrie du tabac se recycle dans dans le lobby des climato-sceptiques pour sauver l’industrie pétrolière, par Dominique Bourg)
  • Prise en compte des risques les plus forts pour l’équilibre de la planète, qui sont en fait les risques géopolitiques liés à l’accès des Etats aux ressources fossiles (Cédric Ringenbach), et des enjeux démocratiques (inventer une « démocratie écologique » qui réarticule rôle du savant, du politique, du citoyen, par Dominique Bourg)

La démarche « Défi Aquitaine Climat » porte bien son nom tant le défi est grand : sur la scène internationale (après l’échec de Copenhague et l’échec annoncé de Cancun) comme nationale (abandon des mesures phares du Grenelle dont taxe carbone), nous constatons que les avancées sont difficiles et que seul un engagement collectif extraordinaire – le Facteur 8 – nous permettrait d’éviter l’augmentation de 2 à 3° d’ici 2050. Au niveau de l’Aquitaine, nous émettons chaque année 32 M T CO2, et nous devons réduire de 2,5 M T/an pour respecter le protocole de Kyoto. Pourtant, dans ce contexte très contraint, une dynamique est aujourd’hui bel et bien vivante au niveau des collectivités locales (qui maîtrisent de façon directe et indirecte, rappelons le, environ la moitié des émissions de GES sur leur territoire) : elles se prennent en main pour organiser un lobbying et construire des politiques efficaces.

2 – Commencer à identifier des pistes d’action, avec au moins trois grands défis à relever :

  • Défi de la recherche : Initiative à lancer sur le campus (expression par les chercheurs et jeunes doctorants, à l’occasion de la conférence d’Hervé le Treut, du besoin d’un lieu d’échanges et d’études interdisciplinaires sur le climat) : pourquoi pas mettre en place un GIEC régional ? L’Aquitaine est considérée comme une région test en Europe (façade atlantique, poids de la forêt, chaîne pyrénéenne) et cela serait très pertinent de créer ici cette cellule recherche-prospective.

 

  • Défi de l’innovation : Tout à inventer dans le champ de l’adaptation au changement climatique (pas encore investi dans le cadre des plans climat de première génération). Ce volet est donc à étudier et à intégrer pleinement dans le cadre des politiques de contractualisation de la Région avec les pays.
  • Défi de l’appropriation : Vecteurs à trouver pour sensibiliser davantage le grand public, concerter sur un sujet complexe (aucune enquête sur l’état des connaissances, modes de concertation à revisiter, vecteur de la culture à explorer…). Tout ne sera pas résolu par la technique, car il faut d’abord faire confiance dans la créativité des personnes et dans leur capacité à imaginer de nouvelles solutions (échanges avec les agents de la Région qui souhaitent réfléchir sur les modes de déplacement, d’alimentation… ; demandes fortes des intendants des lycées pour être accompagnés sur les procédures d’achats de produits en circuits courts ; témoignage de Bruno Rost sur la politique DD dans son entreprise : il suffit parfois de s’en remettre à l’inventivité des ingénieurs… ; manifestations d’intérêt et apports d’idées de la part des jeunes lycéens le dernier jour).

Quelques pistes commencent donc à émerger, nous n’en sommes qu’au tout début… puisque tout reste à construire : mutualiser les informations et observations sur le changement climatique, accompagner les collectivités du territoire, sensibiliser et concerter les citoyens et les acteurs socio-économiques, rendre toutes nos politiques et règlements d’intervention climat-compatibles, concrétiser notre engagement 10/10 en améliorant notre bilan carbone, être exemplaire dans nos pratiques (achats, déplacements) et dans la gestion de notre patrimoine…

Nous vous proposons, comme prochaine étape, de vous soumettre, en prochaine assemblée plénière, une proposition de méthode et un calendrier d’élaboration – concertation pour ce nouveau plan climat-énergie régional, qui sera piloté dans les services par Olivier Degos, nouveau délégué au développement durable à qui nous souhaitons la bienvenue.

Enfin, pour conclure, je dirais que ce sujet n’est pas déconnecté de notre débat du jour sur les orientations budgétaires. Notre vice-présidente aux Finances, ce matin, nous a rappelé nos faibles marges de manoeuvre dans les recettes fiscales et la nécessité de pratiquer la sélectivité des projets ; et bien faisons le les plus intelligemment possible. Je rappelle à cette occasion les chiffres avancés par le rapport Stern (1% du PIB investis dans l’efficacité énergétique et les EnR correspondront demain à 15% du PIB). Par ses investissements publics, vous l’avez rappelé Monsieur le Président, la Région a assuré le passage d’une « économie de cueillette » à une économie industrielle ; l’enjeu pour nous aujourd’hui est de soutenir massivement et prioritairement l’économie d’avenir qui est l’économie verte ! Peut-être aurons-nous, durant la mandature de voir sortir de terre les premières éoliennes d’Aquitaine, dans le Médoc, qui en seront un symbole fort.

Yann Arthus-Bertrand a clôturé notre semaine en affirmant : « L’écologie, c’est de l’amour ! » ; bien que sympathique, je trouve la formule un peu naïve et réductrice. L’écologie, c’est avant tout de la détermination et de la persévérance.

Je vous remercie de votre attention.

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