"Nucléaire, rien à signaler", sur Arte ce soir, à 23h00
Par nicole rouaire le mardi 12 mai 2009, 14:34 - Ressources - Lien permanent
Arte a diffusé mardi un reportage sur les ouvriers du nucléaire. Il dresse
un tableau inquiétant de leurs conditions de travail et de sécurité.
La vidéo est visible sur le
site d'ARTE
On les appelle les "jumpers", ils sont chargés d'entrer dans le générateur
de vapeur pour obturer les tuyaux qui le relient au réacteur nucléaire. Séjour
maximum autorisé : de 90 à 120 secondes, sous peine de surdosage
radioactif ! Ils font partie de la masse des ouvriers intérimaires et
sous-payés, chargés de maintenance dans les centrales nucléaires
(décontamineurs, mécaniciens, contrôleurs...). Des travailleurs de l'ombre qui,
avec ce film, sortent pour la première fois du silence pour dresser un tableau
inquiétant d'un des fleurons de l'industrie européenne. Depuis la
libéralisation des marchés et la privatisation des groupes énergétiques, les
conditions de travail semblent en effet se dégrader, au mépris de la santé des
ouvriers et de la sécurité. Au nom de la rentabilité, EDF/GDF-Suez, Areva et
les autres recourent de plus en plus à la sous-traitance, rognent sur les
effectifs et la maintenance, font pression sur les employés... Malgré les
efforts déployés pour alerter l'opinion (souvent sanctionnés par des
licenciements), les autorités font la sourde oreille. Un malaise que dénoncent
des ouvriers principalement belges et français, éclairé par des
experts-chercheurs, une sociologue et un ancien président d'EDF, Marcel
Boiteux... "Du risque 0, nous sommes passés au risque calculé", affirme un
employé.
Les "petits" incidents se sont multipliés, avec une centaine d'alertes de
niveau 1 chaque année : en 2006, après un court-circuit, une centrale
suédoise frôle la catastrophe à 7 minutes près ; en 2008, une fuite
d'uranium contamine cent ouvriers à Tricastin.
Contrôleurs priés d'ignorer les dysfonctionnements, employés cachant les
incidents par peur des sanctions, grands groupes déresponsabilisés par
l'externalisation des tâches : ce constat édifiant montre combien la
sécurité collective est en jeu."
Voir la bande
annonce
Le commentaire d'un membre du Réseau "Sortir du nucléaire" qui a visionné
ce reportage en avant première :
"Dans l’ensemble, le film est assez catastrophique sur la situation des
travailleurs du nucléaire et plus particulièrement sur les conditions de la
sous-traitance. Pour autant, il est fait une certaine apologie du mythe de
l’industrie nucléaire au top de la technologie et de la pointe du savoir faire
français (au début de l’industrie au moins). D'autre part, les aspects négatifs
de l’'industrie nucléaire (en dehors des mauvaises conditions de sous-traitance
et des défauts à la sureté que ça engendre) ne sont quasiment pas abordés. La
parole est très souvent donnée au haut comité pour la transparence et à
l'ancien PDG d’EDF.
Dans l’ensemble, il s'agit de faire un film neutre qui ne prend pas position de
façon à rassembler un maximum de monde pour ouvrir le débat. Aucun travailleur
dans le film ne critique le nucléaire. Au contraire, ils aiment leur
« machine » et regrettent seulement de ne pas pouvoir faire leur
boulot correctement. Je regrette notamment très fortement qu' il soit dit
qu'avec l’épuisement des fossiles et du réchauffement climatique il y a un
regain d'’intérêt pour le nucléaire. Par ce passage, il sous-entend que le
nucléaire peut résoudre le problème du réchauffement climatique. Pareil pour
l'indépendance énergétique citée sans aucune critique. C’est vraiment dommage
car le film est très bien pour montrer les conditions inadmissibles de la
maintenance.
Un antinucléaire peut voir se film avec intérêt.
Un pronucléaire va dire qu'il faut faire attention à la sureté.
Les sans avis sur la sortie penseront certainement qu’il faut faire attention
mais resteront surement sans avis
Rediffusions : lundi 25 mai 2009 à 5h00 et jeudi 28 mai 2009 à 9h55