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Liberté de la presse - caricatures de Mahomet
Motions diverses 24 et 25 CNIR de 09/2006 Adoptée

Motion 24

Liberté d’expression oui, règles inégalitaires, non Pour une France diverse et rassemblée Pour un monde solidaire de paix et de dialogue

Préambule

La médiatisation des caricatures de Mahomet a débouché sur des manifestations d’amplitude diverses sur plusieurs continents, pouvant paraître comme l’illustration de la thèse dangereuse du choc des civilisations. D’un côté un monde rationnel préservant la liberté d’expression, de l’autre le monde de l’obscurantisme et de la violence. Les choses sont autres et plus complexes.__Cette affaire, danoise à l’origine, est bien en effet, comme l’estime Reda Benkerane[1] (le Temps, 17 février 2006) « une tragédie majeure pour la grande majorité des hommes et des femmes qui, de par le monde, travaille sur tout ce qui relie les uns aux autres plutôt que sur ce qui les divise. » L’éclairage qui est proposé la plupart du temps au plus grand nombre ne projette sa lumière cependant que sur la surface des problèmes. Considérons dans quel cadre historique et géopolitique une telle extension a été concevable.

La question qui est soulevée par ces caricatures est double. D’une part, il s’agit de rappeler l’importance de la liberté d’expression sans laquelle il n’y a pas de démocratie possible et d’autre part, de rappeler que le deux poids deux mesures dans l’application réelle des règles détruit le fondement même de ces règles.

Pour s’assurer de l’application du droit, la loi accorde à tous la liberté d’ester en justice. Comment juger scandaleux dans ces conditions que l’on dépose une plainte, alors que précisément, le droit et la justice sont habilités à évaluer ce qu’il en est du contenu des dessins incriminés, dont l’un au moins, celui qui reproduit le prophète de l’islam comme un terroriste, pose question dans un contexte où est posée l’équation islam= islamisme= terrorisme (de Villiers) ?

Rappelons que le contexte historique et géopolitique de cette affaire danoise est l’intervention massive et brutale des Etats-Unis en Afghanistan et au Moyen-Orient, alors même que la situation du Proche-Orient reste bloquée.

Quant au contexte danois, on sait que le journal qui a publié les caricatures (ce qu’il avait le droit de faire) est situé très à droite et que le pays est actuellement gouverné par une coalition de libéraux et conservateurs soutenus par l’extrême-droite. Dans ce pays les musulmans connaissent une situation difficile.

Au niveau mondial, dans la perspective de déstabilisation, d’ingérence extérieure, et de souveraineté limitée que connaissent nombre de pays, la médiatisation des caricatures danoises a été habilement utilisée pour mobiliser une opinion humiliée. Même opportunité pour des forces (le Fatah) ou des régimes (Syrie) décrédibilisés, qui ont saisi l’occasion pour se refaire une virginité ou faire une démonstration de force par rapport au risque d’ingérence étrangère. Finalement, la religion a été instrumentalisée par des forces politiques en toute connaissance de cause.

Les grands médias télévisuels ont pour leur part joué un rôle grossissant, contribuant à la crise d’une façon déterminante. Alors que sur un milliard de musulmans quelques milliers ont en fait participé à ces exactions, les images laissent entendre que tout le monde musulman est en émoi, alimentant le fantasme récurrent d’un islam par essence obscurantiste et violent.__On oublie au passage les manifestations analogues dans nos propres pays, que dans les années 80, les projections des films de Jean-Luc Godard (Je vous salue Marie) et de Martin Scorsese (La dernière tentation du Christ) ont provoqué des demandes massives d’interdiction, des manifestations, des affrontements violents, des jets de cocktails Molotov, un cinéma incendié, de nombreux blessés.

Un des noeuds du problème - et c’est probablement cela qui soulève à chaque fois l’indignation tant dans le Sud et plus particulièrement les pays anciennement colonisés que parmi les populations des descendants de l’immigration provenant des anciens pays colonisés - est le traitement différentiel et inégalitaire de la liberté d’expression. La logique du double standard semble à leurs yeux l’emporter toujours sur une logique qui pourtant se présente comme égalitaire et universaliste.

Ce n’est pas tant la liberté d’expression qui pose problème mais le vécu d’un constant « deux poids deux mesures » qui affaiblit le caractère universel de cette valeur.

En particulier, la grande sensibilité et vigilance qui touche à tout ce qui concerne l’antisémitisme, tranche avec l’indifférence ordinaire qui sévit parfois quand il s’agit d’autres formes de racisme.Le crime odieux dont a été victime I. Halimi a suscité une réaction immédiate contre l’antisémitisme. Et c’est très bien. Mais pourquoi l’assassinat dont a été victime un père de famille Chaïd Zehaf entraîne-t-il des réactions beaucoup plus discrètes ? Libération évoquait récemment la révolte de jeunes de quartiers populaires à propos de ce traitement perçu comment différent.

Ce même « deux poids deux mesures » s’observe aussi en matière de démocratie. On en vante le nécessaire avènement un peu partout dans le monde._On se félicite des révolutions "orange" et autres couleurs. On pointe le mauvais élève qu’est la Syrie. On vante les progrès démocratiques aussi minimes soient-ils pour les dictatures alliées comme la Libye ou l’Arabie Saoudite. Et quand des élections portent au pouvoir par l’application du jeu démocratique des forces issues de l’islam politique, l’on préfère soutenir les dictatures qui ont réduit l’espace public de telle sorte que les forces de résistance les plus fortes ont surgi de l’espace religieux (Egypte, Tunisie, Algérie..) tandis que l’arrivée d’intégristes au sommet de l’appareil d’Etat aux USA et en Israël ne soulève guère de questions.__Dans ce contexte, le fait qu’une caricature associant le prophète de l’islam à la violence politique et au terrorisme actuels relève de la pure liberté d’expression et non du racisme anti-musulmans peut apparaître comme un étrange raisonnement.

Au final, c’est bien une série d’actions et réactions qui se sont enchaînées dans une société mondialisée dans laquelle les médias jouent un rôle central et construisent l’image de la réalité, au péril parfois de la paix ou de la fraternité entre les peuples.

Motion :

Liberté d’expression oui, règles inégalitaires, non_Pour une France diverse et rassemblée_Pour un monde solidaire, de paix et de dialogue_ La publication des caricatures de Mahomet dans de nombreux journaux européens a soulevé de nombreuses controverses.

Elle est survenue dans un contexte de stigmatisation trop fréquente des populations musulmanes en Europe et de manipulations diverses dans les pays musulmans où des régimes ou des forces décrédibilisés ont saisi l’occasion de reconquérir leur opinion ou lancer des menaces voilées aux pays occidentaux.

Cette affaire a pris par la suite des proportions peu imaginables, avec pour conséquences mort d’hommes et elle a sans doute contribué à consolider les thèses malheureuses du choc des civilisations, inquiétant au plus haut point tous ceux qui oeuvrent pour le dialogue des cultures et la paix.

Les Verts affirment solennellement leur attachement à la liberté de la presse, qu’elle soit écrite, parlée, télévisée ou véhiculée par Internet. Cette liberté est consubstantielle à la démocratie, dans tous les pays de la planète. Aucune censure ne peut être acceptée. Cette liberté ne peut être limitée que par la justice et les règles de droit.__Les Verts rappellent que le principe de laïcité qui régit notre pays n’est pas le rejet des religions mais de toute prétention de celles-ci à régenter l’espace public et politique.__Cependant, si la critique des religions est autorisée et qu’il ne peut exister de délit de blasphème, le fait de critiquer dans leur essence même, les personnes de religion, croyance, origine ou couleur de peau donnée relève de l’incitation à la haine raciste et non de la liberté d’expression. _Les Verts estiment notamment que l’égalité entre l’homme et la femme, la liberté d’opinion et de croyance, le choix de son conjoint, la liberté d’adopter ou de quitter une religion, le choix de vie de chacun, notamment en matière de mœurs, ne peuvent être soumis aux codes de quelque religion que ce soit, par quel système politique que ce soit, dans quelque pays que ce soit. Notre pays doit placer les droits de l’être humain au-dessus des considérations financières ou commerciales comme de ce que les croyants considèrent comme des lois divines.

Les Verts assurent de leur solidarité les journalistes qui dans le monde, se sont vu privés de leur emploi, parfois de leur liberté, pour avoir défendu les libertés d’expression et de la presse. Ils sont de même solidaires des journaux qui ont été privé du droit de paraître pour avoir exercé ces droits. Les Verts condamnent les exactions conduites contre les ambassades et ressortissants des pays européens. Ils ne sont pas dupes des manipulations conduites au nom du respect de la religion.

La liberté d’expression est un principe majeur et doit être soutenue partout dans le monde. Mais un tel principe ne peut être appliqué que de façon équitable et ne doit pas déboucher sur une application à géométrie variable, qui engendrerait inévitablement un sentiment d’injustice.Les Verts estiment que toutes les religions en France doivent avoir le même traitement et rappellent que la laïcité doit permettre aux citoyens de toute confession de pouvoir pratiquer leur religion en toute sérénité.

Ils s’inquiètent aussi de certaines dérives, par lesquelles la liberté d’expression pourrait de fait déboucher sur une politique de « deux poids deux mesures » et cautionner un certain racisme anti-musulman ambiant. . Il faut favoriser compréhension et dialogue et veiller à éviter l’importation en France des thèses du choc des civilisations. Les Verts appellent les responsables politiques, de la commune au pays entier, à organiser ce dialogue pour faire vivre une société reconnaissant le pluralisme et favorisant le vivre ensemble. A plus long terme, ils souhaitent que soient entreprise une réflexion sur l’intégration de thèmes nouveaux dans les programmes scolaires : histoire de la colonisation, histoire des migrations, histoire des religions, permettant aux jeunes de toutes origines de situer les contributions de leurs ancêtres à la construction de la France contemporaine et d’accéder aux mémoires plurielles qui coexistent dans notre société sans aujourd’hui s’articuler.Ils souhaitent aussi que les enseignements d’éducation civique permettent une approche critique de l’usage des médias.

Dans une France où touTEs seront traitéEs dans l’égalité, la liberté d’expression_sera également aimée par touTEs les citoyenNEs.


[1] Ces attendus doivent beaucoup à l’article Tristes tropismes de Reda Benkerane, paru dans le Temps du 17 février 2006.

Motion 25

Les caricatures de Mahomet, la liberté de la presse, la laïcité, les droits de l’être humain

L’affaire dite des caricatures de Mahomet, au début de cette année, n’a suscité à ce jour aucune position officielle de notre mouvement. En revanche, le débat interne a fait rage, des lignes de clivage sont apparues. Par la suite, un café du XXe arrondissement de Paris qui avait organisé une exposition de dessins eut à subir les foudres des jeunes caïds du quartier. Ben Laden lui-même a menacé d’attentats le Danemark, la France et tous les pays où des journaux ont publié ces caricatures. Au Pakistan, c’est à un artifice de procédure qu’un musulman condamné à mort pour s’être converti au christianisme dut de ne pas être exécuté.

Les Verts doivent donc avoir une expression publique sur cette question, qui ne saurait être taboue. Il ne s’agit pas d’émettre une opinion, hors sujet en l’occurrence, sur les dessins eux-mêmes, mais de constater que les principes de liberté de penser, d’opinion, de religion, de la presse, de laïcité, de droits de l’être humain, dans lesquels nous nous reconnaissons, ont été pour le moins interrogés, voire remis en cause. Il est nécessaire de réaffirmer ces principes. C’est ce que les soussignés attendent du CNIR, notre instance délibérative.

MOTION

Les Verts affirment solennellement leur attachement à la liberté de la presse, qu’elle soit écrite, parlée, télévisée ou véhiculée par Internet. Cette liberté est consubstantielle à la démocratie, dans tous les pays de la planète. Aucun contrôle, aucune censure ne peut être acceptée. Cette liberté ne peut être limitée que par la justice, dans le cas de délits de presse définis par la loi.

Selon la Constitution (art. 2), « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale », où les Eglises sont séparées de l’Etat mais qui « respecte toutes les croyances ». En conséquence, Les Verts s’indignent que le premier ministre et des membres du gouvernement se soient cru autorisés, en invoquant le respect des sentiments religieux, à mettre en cause la légitimité de la publication de ces caricatures par un journal danois et les réactions de solidarité de la presse française.

Il n’est pas acceptable de conforter ainsi les souhaits de censure d’inspiration cléricale ni de sembler céder aux pressions d’Etat demandant directement des excuses aux gouvernements européens pour l’exercice de la liberté de la presse, quand ce ne sont pas des sanctions ou des condamnations pour les auteurs de caricature religieuses et les journaux qui les publient. Aucun enjeu de politique internationale ne peut justifier de tels reculs des principes qui fondent notre démocratie.

Le principe de laïcité qui régit notre pays n’est pas le rejet des religions mais des prétentions de celles-ci à régenter l’espace public et politique. Il respecte le droit de chacun à ses croyances mais autorise de même quiconque à dire ce qu’il veut au sujet des religions. Si nul ne peut être stigmatisé pour ses convictions religieuses, et si chacun peut invoquer la protection de la loi s’il s’estime discriminé dans ce domaine, il ne peut pour autant exister de délit de blasphème.

Les Verts estiment notamment que l’égalité entre l’homme et la femme, la liberté d’opinion et de croyance, le choix de son conjoint ou sa conjointe, la liberté d’adopter ou de quitter une religion, le choix de vie de chacun, notamment en matière de mœurs, ne peuvent être soumis aux codes de quelque religion que ce soit, par quelque système politique que ce soit, dans quelque pays que ce soit. Notre pays doit placer les droits de l’être humain au-dessus des considérations financières ou commerciales, comme de ce que les croyants considèrent comme des lois divines.

Les Verts assurent de leur solidarité celles et ceux, et notamment les artistes et les journalistes, qui, dans le monde, se sont vu privés de leur emploi, parfois de leur liberté, pour avoir défendu les libertés d’expression et de la presse. Ils n’oublient pas ceux qui sont morts pour leur métier. Ils sont de même solidaires des journaux privés du droit de paraître pour avoir exercé ces droits.

Décision Cnir-06-213 Motion N°25 Sur la liberté de la presse Les Verts affirment solennellement leur attachement à la liberté de la presse, qu’elle soit écrite, parlée, télévisée ou véhiculée par Internet. Cette liberté est consubstantielle à la démocratie, dans tous les pays de la planète. Aucun contrôle, aucune censure ne peut être acceptée. Cette liberté ne peut être limitée que par la justice, dans le cas de délits de presse définis par la loi.

Selon la Constitution (art. 2), « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale », où les Eglises sont séparées de l’Etat mais qui « respecte toutes les croyances ». En conséquence, Les Verts s’indignent que le premier ministre et des membres du gouvernement se soient cru autorisés, en invoquant le respect des sentiments religieux, à mettre en cause la légitimité de la publication de ces caricatures par un journal danois et les réactions de solidarité de la presse française.

Il n’est pas acceptable de conforter ainsi les souhaits de censure d’inspiration cléricale ni de sembler céder aux pressions d’Etat demandant directement des excuses aux gouvernements européens pour l’exercice de la liberté de la presse, quand ce ne sont pas des sanctions ou des condamnations pour les auteurs de caricature religieuses et les journaux qui les publient. Aucun enjeu de politique internationale ne peut justifier de tels reculs des principes qui fondent notre démocratie.

Le principe de laïcité qui régit notre pays n’est pas le rejet des religions mais des prétentions de celles-ci à régenter l’espace public et politique. Il respecte le droit de chacun à ses croyances mais autorise de même quiconque à dire ce qu’il veut au sujet des religions. Si nul ne peut être stigmatisé pour ses convictions religieuses, et si chacun peut invoquer la protection de la loi s’il s’estime discriminé dans ce domaine, il ne peut pour autant exister de délit de blasphème.

Les Verts estiment notamment que l’égalité entre l’homme et la femme, la liberté d’opinion et de croyance, le choix de son conjoint ou sa conjointe, la liberté d’adopter ou de quitter une religion, le choix de vie de chacun, notamment en matière de mœurs, ne peuvent être soumis aux codes de quelque religion que ce soit, par quelque système politique que ce soit, dans quelque pays que ce soit. Notre pays doit placer les droits de l’être humain au-dessus des considérations financières ou commerciales, comme de ce que les croyants considèrent comme des lois divines.

Les Verts assurent de leur solidarité celles et ceux, et notamment les artistes et les journalistes, qui, dans le monde, se sont vu privés de leur emploi, parfois de leur liberté, pour avoir défendu les libertés d’expression et de la presse. Ils n’oublient pas ceux qui sont morts pour leur métier. Ils sont de même solidaires des journaux privés du droit de paraître pour avoir exercé ces droits.

Adoptée.


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