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Le débat national sur l’énergie
Enjeux et position des Verts

7 février 2003

L’énergie pour le développement ...un défi à haut risque

Toute activité suppose un échange d’énergie, il n’y pas de développement possible sans consommation et production d’énergie. Le développement des pays développés n’a pu se faire que par la découverte et le recours à des sources d’énergie plus abondantes et plus puissantes.

Aujourd’hui des milliards d’hommes, jusque là tenus à l’écart de ce mouvement veulent légitimement en bénéficier. Ce développement est une exigence incontournable ne serait-ce que pour éviter des tensions géopolitiques débouchant sur des conflits majeurs.

Mais ce développement ne pourra pas se faire sur le modèle de celui des pays déjà développés. Il faudrait les ressources de plusieurs planètes Terre pour que tous puissent mener un train de vie à l’européenne.

Déjà, la menace du changement climatique se manifeste avec la présence du nuage brun de pollution, à base d’aérosols et de particules, qui perturbe gravement le régime des pluies dans le nord de l’Inde, le Pakistan et l’ouest de la Chine. En cause, les émissions dues aux diverses combustions et à l’industrialisation.

Le développement ne sera durable que s’il est sobre

Pour répondre à la double exigence de permettre le développement des pays du Sud et de garder une planète vivable pour nous et nos descendants, la priorité absolue doit être la maîtrise de l’énergie, la recherche de l’efficacité énergétique, la sobriété.

Dans une étude « Un scénario Vert pour la France » nous avons calculé que les économies d’énergie dans notre pays pourraient atteindre en 2020 le tiers de notre consommation actuelle, sans affecter notre qualité de vie.

La même étude montre qu’il est possible en 25 ans de répondre à nos besoins, sans construire de nouvelles centrales électriques, uniquement avec des investissements dans l’efficacité énergétique, le recours aux renouvelables et aux techniques les plus récentes utilisant les combustibles fossiles.

C’est dans les pays développés, qui disposent d’un fort potentiel de recherche, que peuvent s’expérimenter et se diffuser partout dans le monde les techniques performantes pour une croissance sobre.

Aujourd’hui, la France est en large surcapacité de production électrique dont elle a exporté en 2001, à perte, 18%. Elle n’a pas besoin de la production de nouvelles centrales avant 2020 (surtout si la durée de vie des anciennes est poussée jusqu’à trente voire quarante ans) et cela même en l ’absence d’un programme volontariste sur les économies d’énergie.

Après le choix de l’Allemagne et de la Belgique de sortir à terme du nucléaire, après la déconfiture économique de la filière électronucléaire en Angleterre, la France est aujourd’hui isolée en Europe. Envisage-t-on que notre pays devienne le réservoir d’électricité nucléaire européen avec, en prime, les lignes de transport à assumer, les déchets et le démantèlement des installations laissés à nos petits enfants ?

Et c’est aux pays développés de montrer la voie

Profitons de ces années de répit pour lancer un vaste programme d’investissement dans l’efficacité énergétique, les renouvelables et la modernisation du parc thermique actuel. Nous deviendrons ainsi exportateurs de technologies adaptées aux possibilités techniques et financières des pays en développement au lieu de se lancer dans la construction d’une nouvelle centrale (EPR) de conception déjà dépassée, coûteuse car ne pouvant pas bénéficier d’un effet de série, inutilisable et invendable en dehors de quelques pays développés.

Loin d’être un retour en arrière, la maîtrise de l’énergie et la production d’énergies renouvelables sont un formidable outil de progrès. Elles sont fortement créatrices d’emplois, plus que n’importe qu’elle filière traditionnelle. De plus ces emplois sont décentralisés, ils font intervenir de nombreuses entreprises petites ou moyennes. Elles sont une chance pour revitaliser nos régions si les pouvoirs locaux peuvent et savent s’en emparer.

Pour cela un effort de recherche important est nécessaire. Pas sur des perspectives chimériques industriellement et économiquement comme la surgénération, en échec depuis des décennies, ou encore celle de la fusion thermonucléaire contrôlée, qui absorbent des crédits astronomiques avec un horizon de réalisation sans cesse reculé.

Cela suppose un rééquilibrage important des crédits de recherche presque totalement absorbés par le secteur nucléaire actuellement.

Le maintien d’une filière électronucléaire, même réduite en pourcentage continuera à absorber l’essentiel des crédits de R&D et ne permettra jamais de faire bénéficier les filières alternatives des aides indispensables pour accéder à un stade industriel.

Cela suppose également dans un monde où l’énergie se vend et s’achète sur un marché libéralisé que l’on ne confie pas les économies d’énergie aux marchands de kWh. Vendre des négawatts doit être l’objectif d’un service public.

Le nucléaire n’est pas la solution contre l’effet de serre

Par ailleurs nous contestons formellement la prétention de la filière électronucléaire à contribuer de manière significative et économique à la lutte contre le changement climatique dans le monde :

Le nucléaire ne peut intervenir que sur la fraction électrique (16% aujourd’hui) de la consommation d’énergie dans le monde. Pour simplement éviter dans les vingt ans à venir la construction de nouvelles centrales au charbon, c’est plusieurs milliers de centrales nucléaires qu’il faudrait mettre en service. C’est complètement irréaliste financièrement et techniquement, sans parler des dangers que feraient courir la gestion des déchets, la prolifération de l’arme nucléaire et le risque d’accidents, d’attentats ou d’actes de guerre dans des régions instables politiquement.

Pour traiter l’effet de serre le plus simple, le plus propre, le plus sûr, le moins cher et le plus créateur d’emplois ce sont les économies, en particulier dans le domaine des transports.

l’Etat et l’Europe doivent s’engager pour la promotion des négawatts et des énergies renouvelables...

Aujourd’hui, l’énergie est produite, transportée et distribuée à l’intérieur d’un marché libéralisé. Dans ce cadre, l’intérêt des acteurs n’est certes pas de réduire la demande mais au contraire de la stimuler, quitte à promouvoir des usages aberrants comme le chauffage électrique ou l’usage des grosses cylindrées automobiles.

Seuls les gouvernements ou des instances supranationales comme la CE peuvent mettre en place des mécanismes et financer des institutions avec mission de service public pour promouvoir l’efficacité énergétique et en contrôler les progrès.

L’Europe a su créer l’Euratom pour promouvoir l’énergie nucléaire. Nous attendons la fin de cet archaïsme, compte tenu du désengagement de plus en plus de pays, et la signature d’un traité comparable pour la promotion des négawatts et des énergies renouvelables.

Pour Cela les Verts demandent un « vrai » débat Pour ces raisons nous enregistrons l’intention manifestée par le gouvernement de promouvoir l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables mais nous constatons :

-  dans les diverses rencontres l’absence quasi totale de défenseur d’un réel programme alternatif et la présence massive des opérateurs déjà en place, considérés comme étant seuls compétents sur le sujet.

-  la réduction massive du budget du principal organisme de promotion des économies d’énergie.

-les entraves innombrables mises à la réalisation des programmes sur les énergies renouvelables qui font aujourd’hui de la France la lanterne rouge de l’Europe dans ce domaine.

C’est la crédibilité de ce débat national qui est en jeu si les pouvoirs en place ne nous permettent pas de présenter publiquement nos arguments et nos propositions.




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