Atelier porte-à-porte et communication dans l’espace public
Atelier porte-à-porte et communication dans l’espace public
le 26 janvier 2014 à Lille
par Hamza El Kostiti
elkostiti@gmail.com
Le porte-à-porte
le principale outil pour gagner des voix dans une élection municipale ?
Le compte-rendu de l’atelier « militance de contact » réalisé le 29/06/2013 lors des journées d’été de Calais peut être consulté ici : http://npdc.eelv.fr/wp-content/blogs.dir/6/files/2013/08/2013-06-29_CR_atelier_militance-de-contact.pdf
- Contexte
Depuis 1980, les facteurs qui ont favorisés le désintérêt de la politique et l’abstentionnisme :
– augmentation du nombre de scrutins (une élection tous les deux ans)
– affaires et scandales politiques
– cumul des mandats et monopolisation des postes éligibles par une oligarchie
– crise économique
– la diminution des rencontre avec les habitants de nombreux cadres politique
– la diminution du porte à porte
– la sur information (dans le cadre de la « bfmisation » de la société et de la bulle internet )
=> Le porte-à-porte est un outil très efficace pour réconcilier les gens avec la politique.
Il crée des rencontres courtes et intéressantes.
Il est puissant, et peu onéreux.
Des études ont évalué que :
100 tracts = 1 voix 10 portes = 1 voix
La durée de vie moyenne d’un tract distribué en boite à lettres est de 7 secondes.
Dans les outils de communication (sauf certains passage à la tv) rien n’est plus efficace qu’une campagne intensive de porte à porte-à-porte.
- Les enjeux du porte à porte
- Réinvestir la démocratie de proximité. Que les citoyens voient « des vrais gens engagés ».
- Faire de l’éducation populaire : expliquer (en quelques minutes) les enjeux d’une élection (ce que fait la ville et ce qu’elle ne fait pas…), avec des mots simples.
- Apporter du lien social.
- Faire de l’empowerment
- Faire connaître ce qu’on propose pour la gestion de la cité (l’écologie la ville en mieux).
- Écouter les gens et partir de leur préoccupation
- faire de la communication politique et se rendre visible
- Gagner des voix.
- Méthode
Voici en vrac un mémo des trucs pour réaliser le porte-à-porte :
Sur la forme :
- Former des binômes, de préférence H/F avec des âges différents.
- Se présenter, avoir un mot d’entrée poli
- Dire le nom de la tête de liste et le répéter. A contrario, ne jamais citer le nom de l’opposant.
- Avoir un support à donner :Des cartons à accrocher aux portes dans les immeubles pour indiquer qu’on est passé (plus cher mais tout aussi efficace que le tract dans la boite aux lettres).
- tract.
- On peut avoir une carte de visite. Si la personne ne prend pas le tract, la carte de visite a un côté plus neutre.
- Ne pas passer plus de 5 minutes. Au-delà ce n’est pas efficace. 10 portes par heure.
- Toquer maximum 3 fois, attendre un peu mais pas trop : pas de temps à perdre.
- Noter les contacts positifs, en proposant aux personnes de donner leur adresse mail.
- Si possible : noter les portes qui sont restées fermées (pour repasser de manière ciblée).
- Préférer des vêtements gais, colorés (on n’est pas les témoins de Jéhovah…). Avoir un badge, un signe distinctif. Attention l’excès d’originalité porte préjudice à la crédibilité !
- Éviter les odeurs forts su style tabac ou huile de friture (ce n’est pas une blague)
Sur le fond :
- Avoir des points d’accroche concrets (les enfants, le cadre de vie…)
- On peut avoir une accroche personnelle (écouter la personne exprimer une préoccupation), mais il faut rapidement embrayer sur nos propositions.
- Avoir des éléments de langage, des phrases simples :
Exemples :
Si la personne exprime un besoin de sécurité : « oui tout le monde a besoin et droit à la tranquillité ».
« L’écologie politique ce n’est pas que l’environnement »
« On a les élus qu’on mérite, c’est important de les choisir. »
Ne pas parler de « décroissance », mais évoquer plu tôt la sobriété, les économies, la lutte contre le gaspillage.
- Personnaliser et partez de votre parcours (ex : « vous savez, je suis père de famille et pour moi c’est important que… ») tout en restant honnête (ne pas faire semblant de s’intéresser au foot si on s’en fiche !). Être dans le registre de la normalité : « on connaît votre quotidien car on le partage »tout en apportant des propositions politiques.
- Être honnête : la ville ne peut pas promettre l’emploi pour tous. Éviter de tomber dans l’assistanat : l’élu n’est pas là pour donner des coups de mains, il n’a pas de baguette magique. Un discours de vérité permet de rétablir la confiance. « Je ne viens pas vous promettre la lune, mais on peut faire changer des choses. »
- Si les personnes parlent de sujets nationaux, raccrocher toujours aux sujets locaux.
- Respecter les gens et leur avis. Si la personne ne veut pas voter, respecter son avis. Ne pas être moralisateur (ex : « vous savez dans certains pays on ne peut pas voter »)
- Mettre en avant le travail des élus. L’écologie doit gagner en crédibilité.
- Pour les abstentionnistes (entre les 2 tours) :
« Si vous deviez voter, pour qui le feriez-vous : pour vous, pour vos enfants, pour le cadre de vie, pour la démocratie ? »
S’organiser :
Adapter les horaires à la sociologie.
La plage horaire qui fonctionne mieux est en général 18h30-20h00, et le mercredi et le samedi.
Connaître la population de la ville : aller consulter les données de l’INSEE.
Site internet à consulter : le journal du net.
Découper la ville selon les bureaux de vote, et répartir les secteurs. On est plus efficace dans les quartiers/ les immeubles où on habite.
Dans un immeuble, démarrer par le haut et descendre (le bruit permet de « s’annoncer »).
Récupérer les listes électorales (format papier et informatique). Entre les deux tours, aller à la préfecture consulter les cahiers d’émargement, et noter les adresses des abstentionnistes. Ensuite, aller les chercher au porte-à-porte.
Pour identifier les mal-inscrits (entre 10 et 20% des électeurs), aller après l’élection récupérer (si c’est possible )à la poste ou la mairie les enveloppes de professions de foi qui sont revenues avec la mention « n’habite pas à l’adresse indiquée ».( procédure à vérifier juridiquement)
La communication dans l’espace public
A qui appartient l’espace public ? A tout le monde , dans la limite de ce que la loi autorise.
Les endroits a forte chalandise sont stratégiques.
quelques phrases pour illustrer le propos et les enjeux de la communication politique :
- « Communiquer c’est émettre un son supérieur au brouhaha général. »
- « La forme c’est le fond qui se déguise pour se faire entendre. »
- « Qu’on parle de vous en bien ou en mal l’essentiel c’est qu’on parle de vous »
L’espace public est un lieu stratégique ou il doit se passer des choses.
L’essentiel ce n’est pas de faire du superficiel mais en amont vous devez choisir le sujet politique ou la revendication que vous souhaitez mettre en scène pour mieux vous faire entendre.
Un buzz sans message politique, sans consistance, n’a pas d’utilité.
=> Il faut être présents et visible, attention à l’excès d’originalité qui chez les écologistes peut vite nous discréditer.
Pour aller plus loin -ouvrages à consulter :
Porte à porte, Guillaume Liegey, Arthur Muller, Vincent Pons, éditions Calmann Lévy, 2013
Être radical : Manuel pragmatique pour radicaux réalistes -Saul Alinsky
Refaire la cité : L’avenir des banlieues -édition la république des idées, Michel Kokoreff , Didier Lapeyronnie