Fukushima, deux ans après

Le 11 mars prochain, cela fera deux ans que le tsunami a ravagé la côte Est du Japon et la centrale nucléaire de Fukushima. La colère qui m’a saisie dès que j’ai entendu la nouvelle ne s’est pas estompée. Les lanceurs d’alerte (dont nous sommes) qui, depuis 30 ou 40 ans, dénoncent la dangerosité des centrales nucléaires n’ont pas été entendus : le lobby atomique, qui est très, très puissant, et le secret défense, qui pèse sur ce domaine, sont très efficaces.

Karima Delli, députée européenne écologiste, a répondu à notre invitation et nous a donné ses impressions après son retour de voyage dans la zone interdite de Fukushima, en décembre.

• D’abord, cette zone a été réduite de 50 à 30 km, alors que la centrale continue d’émettre de la radio-activité.

• Des écoles ont été ré-ouvertes et les enfants qui y sont scolarisés ne peuvent pas sortir plus de 10 mn à l’extérieur avec un dosimètre.

• Les travailleurs chargés de décontaminer les bâtiments, les zones touchées, n’ont aucune protection spéciale pour accomplir leur tâche.

• Des sacs de terres et de déchets contaminés sont entreposés en tas à divers endroits, sans aucune protection, à l’air libre.

• Les agriculteurs qui ont repris leurs cultures peuvent revendre leurs produits sans traçabilité spéciale.

• Ceux qui n’ont pas pu continuer à exploiter leurs terres sont relogés dans des baraquements, sur des zones contaminées, dans des conditions difficiles.

• Des compteurs Geiger sont installés un peu partout sur la zone, mais il ne sont pas fiables et n’indiquent pas les mêmes chiffres que les compteurs amenés par les visiteurs (évidemment trois ou quatre fois moindres).

Et la liste n’est pas exhaustive…

Tous ces éléments nous permettent a minima de constater les défaillances de l’Etat japonais et de TEPCO, l’entreprise de production de l’électricité nucléaire, voire leur irresponsabilité. Ils ont été et sont toujours incapables de protéger les Japonais de cette catastrophe. Rien n’est fait pour calmer notre colère…

Il nous appartient, ici en France, de soutenir les mouvements citoyens japonais anti-nucléaires et de rappeler à nos dirigeants que la filière nucléaire n’a d’avenir que dans le démantèlement de nos centrales beaucoup trop nombreuses… C’est un chantier de plusieurs décennies qui nécessitera des emplois très qualifiés.

 

Thérèse Kozlowski

 

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