Biodiversité menacée, générations futures sacrifiées
La biodiversité, tout le monde en parle et croit savoir de quoi il parle.
Pourtant, on la réduit avec acharnement depuis que l’Homme a considéré son environnement comme sa propriété.
La biodiversité, c’est d’abord la prodigieuse diversité des formes de vie sur notre planète, celle qui vous émerveille.
Mais c’est surtout la seule façon qu’a trouvée notre Terre pour maintenir la vie alors que ses conditions changent en permanence.
Depuis que nous connaissons bien les formes de vies antérieures par leur fossilisation, nous avons connu 5 périodes où notre planète s’est rapidement modifiée. Certaines ont vu plus de 90 % de la biodiversité disparaître. Mais c’est justement parce que cette biodiversité était élevée que la vie s’est relevée.
Le problème actuel est que le responsable de la crise n’est pas la tectonique qui a réuni à un moment les terres en un unique continent ou un astéroïde qui s’est invité au Mexique, évènements au moins de durée millénaire, mais un petit animal sur deux pattes : Homo sapiens. En 200 ans, il aura détruit autant qu’une crise en deux millions d’années.
La biodiversité, c’est un réservoir d’adaptations que nous détruisons avec la plus grande conscience.
Cette biodiversité est d’abord naturelle, elle est le facteur d’équilibre le plus important des écosystèmes. Au plus un écosystème est compliqué, au plus il est stable. C’est pour cela que nos élus EELV s’acharnent à maintenir et construire des corridors biologiques, à agrandir nos forêts ( il existe des surfaces minimales pour que vivent certaines espèces comme les grands cervidés), à remettre des haies etc… à favoriser même la plus petite flaque d’eau.
La biodiversité est également un facteur d’équilibre dans les agrosystèmes, permettant de ne pas les maintenir en survie avec des produits honteusement nommés phytosanitaires.
Si vous voulez que vos fruits, qui ne sont que le résultat de la reproduction sexuée végétale, existent, il est indispensable que gamètes mâles et femelles se rencontrent. Mais hors les pollinisateurs, insectes essentiellement, point de salut ! Pour faire vivre les pollinisateurs, nous devons leur donner un habitat. On ne le trouvera jamais dans les grandes plaines céréalières. Aux « states » des fermiers louent des ruches pour polliniser leurs pastèques ! Que n’aient-ils pensé à la structure du bocage ! Ils auraient conservé leurs pollinisateurs puis gardé les prédateurs de leurs « parasites ».
La biodiversité naturelle est enfin le résultat d’un immense mélange génétique qui a déjà créé tout ce qui pourra résoudre nos problèmes futurs. Darwin l’a mis en équation, la sélection naturelle ne sélectionne que ce qui préexiste ! C’est comme à la star’ac : il faut 1000 candidats pour qu’en survive un !
L’Homme, quand il est devenu agriculteur, a créé sa biodiversité : par exemple nos centaines de variétés de pommes qui sont adaptées à des conditions environnementales différentes, même chose pour le blé ou la tomate.
Or depuis des décennies, on supprime toutes ces variétés. Sur les 7000 plantes utilisées par l’homme, on n’en utilise plus qu’une centaine et 3 fournissent 50 % de l’alimentation humaine.
Maintenir la biodiversité, qu’elle soit naturelle ou issue de l’activité humaine est un enjeu primordial pour notre propre survie. Pensez à l’Irlande du 19° siècle et sa monoculture de pommes de terre… qui a subi le mildiou et vu un million de morts (http://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_famine_en_Irlande).
Nous allons, le mouvement est inexorable, vers l’agroécologie, l’agroforesterie ; mais les résistances en France sont fortes : l’INRA ne fonctionne toujours que sur la biologie moléculaire ignorant l’écologie scientifique, les programmes de lycée la rejoignant.
Notre pays sera malheureusement le dernier à toujours utiliser le Regent, le Cruiser , sauf si les citoyens en décident autrement ! Et si on réforme l’Inra !
C’est à nous tous d’en décider.
Daniel Compère, écologiste, Vert, EELV, professeur de sciences naturelles ( SVT maintenant)
Quelques sites :
http://www.observatoire-biodiversite-npdc.fr/fichiers/documents/fiches/brochure_etat_zero.pdf
http://www5.montpellier.inra.fr/ecosols/Espace-Grand-Public