Michel GUERITTE à la rencontre de la FDSEA et des JA
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Article de l’Est-Eclair :

Législatives. La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs ont présenté aux candidats les problèmes du monde agricole.

Candidats de la première circonscription aux élections législatives et agriculteurs avaient rendez-vous, hier matin. À l’invitation de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs, huit prétendants à la députation ou leurs suppléants (*) se sont déplacés à Lassicourt, sur l’exploitation de Denis et Didier Hunin. Après une visite de la ferme, les représentants du milieu agricole ont présenté leurs doléances.

EN CRISE

Durant près de deux heures, Joël Hospital et Éric Launoy, président et vice-président de la FDSEA, accompagné de Pierre Goujard (JA), ont énuméré les graves problèmes du monde agricole. Façon catalogue, ils ont débuté par les prix « trop faibles » pour faire vivre décemment les éleveurs : « Un tiers des agriculteurs ne se versent que 300 euros par mois » note Pierre Goujard. Les mesures environnementales toujours plus nombreuses ont également été pointées du doigt. Les aléas climatiques qui ont entraîné de trop faibles rendements chez les céréaliers, notamment dans le Barrois, ont été abordés : « Le système d’assurance est à revoir. Vous pouvez faire quelque chose ! » a souligné Joël Hospital qui a appelé le futur élu à mettre la pression sur l’État pour « qu’il mette la pression sur les banques pour qu’elles soient moins frileuses ».

Le souhait de conserver une Politique agricole commune « forte » a été rappelé, ainsi que la volonté que les agriculteurs inondés pour sauvegarder Paris de la montée des eaux soient indemnisés.

Enfin, la nécessité de conserver des réserves foncières pour une exploitation agricole et l’utilisation des produits phytosanitaires ont été évoquées.

SOUTIEN DES CANDIDATS

Au cours de ce débat improvisé et décousu, certains candidats ont pris la parole, principalement pour soutenir les agriculteurs. Nicolas Dhuicq, Emmanuel Provin, Jordan Guitton, Yves Samonati, Michel Guéritte et Ghislain Wysocinski ont participé au débat : « Nous souhaitons rencontrer le futur élu dès son élection pour faire le point sur ces dossiers », a conclu Joël Hospital.

(*) Michel Guéritte (Europe Écologie), Nicolas Dhuicq (Les Républicains), Jordan Guitton (suppléant Front national), Emmanuel Provin (sans étiquette), Nicolas Bideaux (suppléant La République en marche), Claude Hecquet (sans étiquette), Ghislain Wysocinski (Écologiste), Yves Samonati (divers droite).

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Michel GUERITTE précise que la présentation des problèmes agricoles était aussi intéressantes que préoccupantes. Notamment : la rentabilité des fermes, les aléa climatiques, les inondations, les suicides, la disparition des entreprises…

Les informations délivrées étaient notamment extraites du document appelé : les 13 mesures.

Après les crises sévères qui ont touché le secteur, la FNSEA compte profiter des élections pour mettre l’agriculture sur le devant de la scène et dans les programmes des candidats. 

« La FNSEA attend de cette nouvelle mandature une politique déterminée pour engager les ruptures nécessaires » explique d’emblée le document qui contient les « 13 mesures pour l’avenir » .
13 mesures que les candidats devront s’engager à mettre en œuvre.

Compétitivité

Une partie des mesures (cinq sur treize) vise à redonner de la compétitivité au secteur agricole et alimentaire, en perte de vitesse par rapport à ses concurrents européens. Il s’agira ainsi de mettre en place un Plan national d’investissement agricole (2017-2022) qui financera les exploitations agricoles pour un montant minimum de 6 milliards d’euros.

Avec les conséquences du changement climatique, une politique structurée du stockage de l’eau sera également nécessaire.

Concernant les cotisations sociales, la FNSEA demande la suppression des cotisations famille et maladie, soit 8,29 points.

« Remplacer les recettes de ces cotisations par des recettes provenant de la TVA sociale permettrait de redonner un souffle de compétitivité à la ferme France », indique le document.

La TVA sociale permet en effet de taxer les importations et d’exonérer de charges sociales les exportations. Le coût du travail, qui est également source de distorsion de concurrence, pourrait quant à lui être abaissé par un renforcement du Crédit Impôt Compétitivité Emploi (CICE), avec une augmentation du taux de crédit et un ciblage sur les salaires entre 1 et 1,5 Smic. Enfin, la FNSEA réaffirme la nécessité d’aligner les normes sur la moyenne européenne et de cesser la surtransposition. (une réglementation environnementale plus stricte en France que dans les autres pays européens)

PAC, statut de l’agriculteur, ruralité
La réforme de la PAC en 2020, qui sera au programme du futur président, devra rester un enjeu stratégique et permettre de construire un nouveau projet européen, avec un budget préservé. La FNSEA attend également de la France qu’elle obtienne une réorientation de la politique agricole commerciale européenne et la suspension des négociations inéquitables (TTIP, Mercosur).

Côté français, le statut de l’agriculteur professionnel doit revenir sur la table pour mieux protéger l’exploitant et le modèle agricole français, avec des agriculteurs à la tête des exploitations.

Une sécurisation de l’agriculteur qui passera aussi par les outils de gestion de risque, comme une fiscalité qui encourage les outils de lissage du revenu, ainsi que par une juste rémunération liée, entre autres, à des relations commerciales plus équilibrées.

La FNSEA prône notamment la prise en compte des coûts de production dans les contrats amont et aval. Enfin, pour réduire la fracture parfois marquée entre agriculteurs et société, la FNSEA évoque la recherche et l’innovation pour « une écologie pragmatique », avec une évolution du principe de précaution. De même, la ruralité, souvent délaissée, aura besoin de mesures spécifiques (accès au très haut débit sur tout le territoire, déclassement du loup dans la Convention de Berne, …).