Trois questions à Philippe Bézier, militant pour l’égalité des droits
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Co-fondateur de La Gom’53, première association consacrée aux orientations sexuelles en Mayenne, qui fait un énorme travail d’éducation et d’accueil, Philippe en est désormais vice-président. Trois questions à un militant de l’action, et de l’écoute.

 

1/ Les élections m’ont fait découvrir dans la presse un problème que j’ignorai, l’accès au vote pour les personnes trans. Dans le même moment le « sexe neutre » pour les personnes intersexe vient d’être rejeté. J’ai l’impression que beaucoup pourrait être fait juste en adaptant simplement l’administration, et en formant les fonctionnaires, qu’en penses-tu ? Menez-vous des actions en ce sens ?

Pour les personnes trans, il faut absolument obtenir un changement d’état civil libre et gratuit en mairie. Sans judiciarisation, ni stérilisation forcé. C’est vraiment indispensable pour simplifier la vie et le parcours de toutes les personnes trans.

Pour les personnes intersexes, il faut arrêter les chirurgies d’assignation sexuelles à la naissance. Et laisser la personne intersexe faire son choix plus tard. Quelques pays ont choisi un « troisième sexe ».

À titre personnel je suis pour la suppression du genre sur les documents d’identité. Nous avons d’excellents rapports avec la mairie de Laval et nous envisageons d’intervenir auprès des personnels d’accueils notamment. Nous continuons à intervenir en milieu scolaire. Actuellement, nous travaillons sur une exposition sur les transidentités que nous comptons faire tourner ensuite notamment auprès des maisons de quartiers.

2/ La Tchétchénie est en train de mener un massacre sur les personnes LGBT+, tu accompagnes régulièrement des personnes demandant l’asile à cause de leur orientations sexuelles. Malheureusement cela abouti rarement, comment l’expliquer et quelles solutions peut-on apporter ?

Ce qui se passe en Tchétchénie est abominable. Mais les personnes LGBT sont persécutées dans de nombreux pays, à cause de leur orientationz sexuelles. À Laval, nous recevons beaucoup de personnes originaires d’Afrique de l’Ouest (notamment de Guinée). S’ils ne doivent pas apporter officiellement « la preuve » de leur homosexualité, l’officier de protection à l’OFPRA (ou les juges de la CNDA) doivent avoir l’intime conviction que d’une part les demandeurs sont bien homosexuels, et que d’autre part le retour dans leur pays leur serait fatale.

Bien souvent, la réponse de l’OFPRA et de la CNDA est qu’ils ne les croient pas. Il est difficile de parler de sa sexualité pour nous, encore plus pour un jeune africain élevé dans la religion musulmane. La barrière de la langue et la différence de culture font que bien souvent ils n’arrivent pas à exprimer ce qu’ils ressentent vraiment. En plus, ces jeunes sont souvent hébergés par la communauté « guinéenne » ici à Laval, et s’ils ne veulent pas être mis au ban de cette communauté ils doivent taire la raison de leur demande d’asile…

Rejetés dans leur pays, ils le sont bien souvent ici également. Les solutions : une plus grande compréhension sur ces dossiers… Souvent, aussi, on leur répond que les menaces de mort ne sont pas avérés. Si la Guinée, par exemple, ne punit pas de mort l’homosexualité, mais « seulement » de prison… C’est souvent la famille elle-même qui souhaite la mort de l’individu, et les crimes homophobes sont rarement punis.

3/ Si demain tu étais député et que tu pouvais faire voter un projet de loi pour améliorer le prise en compte/protection des LGBT+, quel serait-il ?

Le projet de loi que je ferai voter est sans nul doute une loi qui autoriserait le changement d’état civil sur simple demande (sans stérilisation forcée) en mairie, libre et gratuit. Cela n’embêterait franchement personne et simplifierait tellement la vie des personnes trans et leur parcours.

Notre réponse :

Sur le projet de loi nous te rejoinons à 100 %, idem sur le fait que le genre n’a rien à faire sur un papier d’identité… On a malheureusement vu que quelques milliers de gens ne trouvent rien de bien à faire que le lutter au maximum contre les droits de personnes qui ne leur enlèvent rien…

Nous pensons que face à cette opposition frontale il faut garder le cap et assumer de vouloir atteindre l’égalité des droits et cesser de tendre l’oreille à des forces minoritaires dont le seul but est d’écraser ce qui ne leur ressemble pas. À ce titre, je suis à ce jour le seul candidat du département à avoir signé la charte de l’Inter-LGBT, qui engage entre autre à garantir les droits fondamentaux des personnes trans, à ouvrir la PMA aux couples de femmes et insiste énormément sur la lutte contre les violences et l’éducation.

En effet, si l’on excepte les militants clairement LGBTphobes qu’il faut combattre par le droit et plus d’égalité, beaucoup de choses pourraient se régler par de l’éducation et de la formation. Je pense aux agents d’accueils, aux médiateurs, à des interventions auprès des professionnels… Un programme que vous menez d’ailleurs ! N’étant pas directement concerné.e.s nous méconnaissons souvent des problématiques, énormément de violences symboliques (notamment administratives) ont lieu par simple ignorance. Il faut des directives très claires pour changer les attitudes, et assurer aux personnes LGBT+ de pouvoir se sentir à leur place partout, en cohérence avec ce qu’elles sont, c’est leur droit le plus élémentaire.

En résumé : l’égalité des droits, tout simplement. Avec une vigilance accrue dans la formation et l’éducation pour permettre à chacun de pouvoir vivre cette égalité effectivement.

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