J’ai répondu au collectif contre la fermeture des collèges dans l’Eure
Partager

Laetitia SANCHEZ
Candidate à l’élection législative
1ère circonscription de l’Eure

Evreux, le 24 mai 2017

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie pour votre interpellation et pour votre engagement. Vous lancez l’alerte sur un sujet crucial : l’éducation. C’est la cohésion de notre société et la formation des futurs citoyens de notre pays qui sont en jeu.
Les discours s’accordent pour faire de l’éducation une priorité, mais qu’en est-il dans les faits ?

La décentralisation a amené les collectivités locales à prendre en charge les structures éducatives. Cela ne peut se faire sans une totale cohésion avec les instances pédagogiques, pour la réussite de tous les élèves. Cela nécessite la participation des élus locaux, qui connaissent les besoins, les risques et les opportunités de leurs populations. Cela nécessite aussi l’adhésion des parents d’élèves. Les syndicats enseignants et les fédérations de parents d’élèves ont un rôle majeur à y jouer, dans les négociations, dans le lien entre les collèges, mais aussi parfois en opposition à des décisions qui vont à l’encontre de la réussite des élèves : quand elles compromettent l’accès égal de tous à l’éducation, ou qu’elles en dégradent la mise en œuvre matérielle (sureffectifs des classes, suroccupation des locaux et des équipements…). La cohésion sociale est en jeu, sous la responsabilité du Préfet.

Sans aucune concertation, le président du département de l’Eure, M. Sébastien Lecornu, a fait l’annonce unilatérale de la fermeture de plusieurs établissements scolaires. Cette décision est basée sur des considérations budgétaires, conséquence des lois de décentralisation.
L’annonce vise des établissements d’éducation prioritaire, dans le quartier de la Madeleine à Evreux et à Val de Reuil, et dans un deuxième temps l’établissement rural de la Barre en Ouche. Des populations fragiles, et sans doute plus dociles.

C’est la présence de la République dans tous ses territoires qui est ici remise en question. A la Madeleine comme à Val de Reuil et à la Barre en Ouche, le collège est au coeur d’un réseau éducatif. Un réseau d’écoles primaires d’abord, qui bénéficient des projets structurants d’éducation prioritaire, dans un travail quotidien de liaison, de cycle et d’échanges.
Les collèges sont aussi au coeur de la vie de quartier, en lien avec les équipements culturels et sportifs. Gymnase, piscine, bibliothèque, théâtre, font vivre les quartiers, en lien avec les établissements scolaires.

Que ce soit dans les quartiers populaires ou en zone rurale, des établissements publics à taille humaine sont des vecteurs d’intégration sociale, c’est la République. Et avant tout, ce sont des projets de territoires, de villes, d’habitants et d’élèves qui habitent au pied de leur collège.

Faire disparaître les services publics, c’est renforcer la fracture qui déchire notre corps social.
La perte d’interlocuteurs de proximité, engagés sur tout le territoire, c’est mener à une France à plusieurs vitesses : celle des quartiers et banlieues aisés, où l’on dispose de services publics, de transports, d’équipements culturels et sportifs, de commerces. Celle des villes et banlieues défavorisées, où les élus doivent se battre pour conserver les transports, les services, les écoles, les commerces. Les populations doivent se débrouiller par elles-mêmes pour se déplacer et accéder aux services. Le mode de déplacement principal de beaucoup, c’est la marche, faute de choix. Dans certaines familles, la cantine et les cartes de transport restent un luxe.
L’école doit rester un service de proximité pour ceux-là, tant qu’on n’a rien réinventé d’autre en matière de logement, de mobilité, de mixité.

Concernant les populations rurbaines ou rurales, les bus scolaires et la voiture pour les parents constituent le lien avec l’école. Ceux-ci, on les promène, on les sectorise, en fonction des transports existants, des besoins d’effectifs des collèges, au nom de la mixité, mais en fonction aussi parfois d’intérêts clientélistes, poussés par les parents d’ici où là.

On voit qu’une concertation est indispensable, entre toutes ces populations, les élus, les instances pédagogiques, les représentants des enseignants et des parents d’élèves : pour un projet d’éducation à l’échelle du territoire qu’occuperont demain les élèves d’aujourd’hui.

L’accès à une éducation de qualité doit permettre à chacun de s’insérer dans une société de plus en plus technologique, où les métiers ne cessent et ne cesseront d’évoluer. Avant la formation tout au long de la vie, une solide formation initiale est nécessaire.

Il ne s’agit pas là que de garder les collèges ouverts – cela, je souhaite qu’on le gagne pour tous les collèges Eurois, et ailleurs, pour les raisons que j’ai citées.

Il s’agit aussi que l’Éducation nationale et les rectorats fournissent à ces collèges, lycées, universités, les moyens nécessaires d’assurer leurs missions éducatives. Notamment en termes de nombre d’enseignants et de remplaçants, et aussi de formations pour ceux-ci.

L’autonomie des établissements, autrement dit les études pour les élites, certains pays s’y sont rués, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. Nous en connaissons les conséquences. L’Allemagne est revenue dessus, avec un retour à la gratuité, dans l’intérêt du pays. Les pays du Nord restent eux aussi dans la gratuité.

L’accès libre et gratuit à l’éducation, c’est la garantie minimum de la possibilité d’un ascenseur social, nous y sommes absolument favorables.

Si nous n’y prenons pas garde, et si l’on continue de couper les élèves de certains quartiers de l’éducation, nous continuerons à renforcer la ghettoïsation. Si nous continuons à couper des pans de populations des études, ce sera l’abandon du projet républicain.

En vous remerciant de votre question,

Croyez en ma volonté d’élue de défendre l’éducation, et de la faire avancer ensemble dans l’intérêt de tous les citoyens.
Laetitia SANCHEZ
Europe Ecologie Les Verts