Il est légitime pour une équipe municipale de vouloir porter des projets urbains qui progressivement transforment  une ville. Encore faut-il savoir où nous mène cette transformation…
Jour après jour, il apparaît qu’il n’y a plus à Grenoble d’autre stratégie que de construire au maximum sur toutes les emprises disponibles. Cette fuite en avant qui ne profite qu’aux promoteurs immobiliers commence à devenir visible : beaucoup d’immeubles qui sortent de terre maximisent les parcelles constructibles et apparaissent très denses.
L’objectif affiché publiquement par le député-Maire est de permettre le maintien du nombre d’habitants à Grenoble. Mais, en comptabilisant les surfaces offertes dans les différents projets de ZAC et dans les projets urbains en cours, il semble que nous sommes largement au delà . Il est donc légitime que de nombreux grenoblois s’inquiètent d’une politique que rien ne justifie.
Le projet de l’Esplanade n’échappe pas à cette logique : non seulement il propose une densification importante mais il s’inscrit dans une vision mégalo. Plutôt que de rechercher une harmonie avec les contreforts de la bastille qu’il jouxte, il met en avant un projet de tour de 33 étages, c’est-à -dire plus haute que les 3 tours de l’Ile verte. Ce projet de tour est symbolique du rêve de grandeur auquel est soumis ce futur quartier : ce n’est pas l’harmonie sociale et la qualité écologique qui sont visés mais l’affichage et le « rayonnement » de Grenoble.
Ce projet est évidemment aujourd’hui contesté par de nombreux riverains mais aussi par de nombreux grenoblois déjà échaudés par la hauteur des nouveaux immeubles du quai de la Graille. Cette contestation n’est pas stérile : le collectif Vivre à Grenoble a fait des propositions de modification du projet qui méritent discussion. Hélas, non seulement l’équipe municipale fait la sourde oreille mais elle cherche aujourd’hui à dénigrer le collectif en rivalisant de mauvaise foi et de mots blessants à leur encontre (cf. Dauphiné Libéré du 26 avril 2012).
Nous demandons donc au député-Maire de Grenoble de ne pas se précipiter. Il est temps de remettre à plat la politique d’urbanisme actuellement menée et de discuter d’un objectif qui, si il ne fait pas totalement consensus, pourrait au moins être partagé par le plus grand nombre de grenoblois. Nous demandons donc un moratoire sur l’instruction des dossiers de ZAC et nous nous engageons si celui-ci est mis en place à discuter ouvertement des objectifs autant soutenables qu’acceptables pour notre ville.