En septembre dernier, j’invitais Philippe Mouche à venir présenter, à la F(ai)tes de l’écologie, son nouvel ouvrage La place aux autres, roman d’anticipation sur les dérives potentielles d’une société en quête de sens…

Honoré de recevoir le soutien de cet ancien collaborateur de la Gueule ouverte, Libération et du Monde, et toujours précurseur, j’essaierai humblement d’être à la hauteur…

« Ouf, c’est fait ! La page du sarkozysme est enfin tournée. Mais la suivante reste à écrire. Ça fait si longtemps que la présidentielle joue les vedettes du feuilleton politique qu’on en viendrait à l’oublier : l’épisode majeur, celui qui donne du contenu à la démocratie, ce sont les élections législatives. Non seulement parce que l’Assemblée devrait représenter la diversité des opinions, mais parce qu’elle fonde la légitimité du gouvernement. Et oui, l’histoire à venir s’écrira avec nos petits bulletins de vote.

Alors, pour qui voter ? Certainement pas pour ceux qui veulent continuer à jouer sur la peur de l’autre. Nous avons trop souffert du nationalisme étroit martelé par le président sortant pour retomber, si peu que ce soit, dans cet esprit de clocher érigé en dogme, qui n’est capable de produire que d’affligeants récits de batailles toujours recommencées.

Mais une gauche moderne, c’est-à-dire à la fois ambitieuse et réaliste, ne peut pas se contenter de l’effet de bascule de la présidentielle. Elle doit renouveler son vocabulaire, aller chercher d’autres mots au-delà des frontières habituelles de l’espace et du temps. Penser les problèmes à l’échelle de la planète et des générations futures, poser sans tabou la question de l’énergie comme celles de l’alimentation et de la santé, ne pas tout miser sur la croissance et donc promouvoir de nouvelles formes d’activité et de partage, ouvrir les institutions à la diversité de la société, ouvrir la politique elle-même à tous les habitants du territoire.

Depuis des années, beaucoup de mouvements citoyens et culturels portent ces aspirations, brouillon d’une démocratie du XXIème siècle, apaisée et ouverte. Et force est de constater que, dans la rubrique politique, ce sont surtout les écologistes qui essaient de les rédiger au propre.

A Grenoble-3, voter Yann Mongaburu, ce n’est pas seulement confirmer l’alternance, c’est lui donner une perpective. Pour que les pages qui restent puissent être écrites par tous et que, plus tard, nous ayons plaisir à les relire. »

Philippe Mouche, écrivain, dessinateur, ancien collaborateur de la Gueule ouverte, Libération et du Monde