par Marie-Hélène Lemoine : Journal d’une suppléante (1)

Le mardi 15 mai, après le dépôt de nos candidatures en Préfecture, nous avons  sacrifié à la traditionnelle minute d’interview de France 3, puis nous sommes rendus en soirée à un débat organisé par Médecins du Monde, auquel étaient confiés tous les partis présentant des candidats. Le thème en était « L’accès aux soins pour tous, quelles solutions ?« 

(voir le dossier de presse)

Le président de MdM, Olivier Bernard, et le président régional Christian Cartier entouraient les représentants de partis : Stéphane Martot donc, Emmanuelle Jeandet-Mengual pour le PS, Boris Chaumette pour le Front de gauche, Didier Polin, candidat du « Centre pour la France » mais avec une étiquette « Mouvement démocrate » et annoncé Modem (le Centre n’en finit pas de nous étonner) et Edgar Menguy pour l’UMP. Le débat était animé par le journaliste Bruno Morice. Une trentaine de personnes, impliqués professionnellement ou par les activités associatives ou militantes, composaient le public.

Trois questions ont rythmé un débat très riche de près de deux heures : l’accès aux soins proprement dit (CMU, Aide médicale d’urgence, PAS….) des populations de la marge ou de l’ultra-marge (SDF, gens du voyage, sans-papiers, personnes se prostituant), l’habitat, l’hébergement et l’asile.

Sur un sujet humaniste par essence, les différences de conception sociales sont frappantes. Dans l’ordre d’intervention proposé, les deux représentants de la droite sont médecins – l’un en réanimation, l’autre en médecine du sport de haut niveau. Ils mettent en avant le haut niveau de système de santé malgré la question des déserts médicaux (quelles propositions ?) et la sous-utilisation de la CMU (4 des 6 millions de personnes qui ont droit à ce dispositif ne l’utilisent pas) ou soulignent les inégalités entre la surmédiatisation des soins aux sportifs et l’absence d’accès aux soins, ou la question de l’offre (analyses et matériels de plus en plus sophistiqués et chers) et de la demande  ! Ils soulignent une intervention cardiaque exceptionnelle sur un SDF…. Bien sûr, mais là n’est pas la question politique.

Professionnel également (interne en psychiatrie), Boris Chaumette évoque les rapports de l’OMS, la question des suicides, et fait enfin une proposition : la suppression des 30 € que doivent commencer par payer les demandeurs de l’aide médicale d’état  (notre proposition également), et la fin des consultations privées en hôpital public.

Emmanuelle Jeandet-Mengual, qui préside la section régionale de la fédération hospitalière de France, est la première à affirmer que les inégalités sociales de santé sont d’abord des inégalités sociales ! Les conséquences des augmentations de franchise et du fait d’avoir laissé filer les honoraires de médecins, ont des conséquences bien au-delà des franges de population que connait Médecins du monde.

Stéphane souligne le mépris du dernier gouvernement de l’ensemble du secteur de l’aide, jugé improductif à l’aune de l’ultra-libéralisme. Et pourtant, ces populations les plus démunies ne viennent pas forcément chercher de l’aide elles-mêmes. La situation était devenue très inquiétante (il fait la liste des lieux d’accueil fermés, des associations qui ont mis la clé sous la porte faute de subventions) et on était à deux doigts de supprimer l’Aide Médicale d’Etat . La tendance était de faire porter aux malades la responsabilité de leurs maux, alors qu’il est grand temps de revenir au principe de mutualisation de la santé.

La question que met en avant Stéphane est bien évidemment celle des politiques qui rendent malades : malbouffe et obésités, nombre chaque jour croissant de cancers environnementaux, pollutions (avec une relative égalité des populations devant ce fléau, quoi que…). Il nous faut un accès au soins universel, mais il est aussi nécessaire de passer « d’une logique de soins à une logique de santé: comment faire pour ne pas tomber malade ? La prévention est donc au coeur du sujet »

Les inégalités dans l’espérance de vie sont à rappeler, selon Médecin du monde. 20% des français n’ont pas de mutuelle, et les situations des plus démunis sont de plus en plus inextricables. Quelqu’un dénonce le fait que le CHU de Rouen n’ait pas de consultation médicale d’urgence. Il est encore question des lois de 98, de la loi de 2003 sur le racolage passif et de ses conséquences désastreuses. Il ne faut pas selon nous criminaliser les questions sociales, il faut l’inconditionnalité et la non-saisonnalité de l’hébergement d’urgence et enfin, une question technique sur laquelle tous se retrouvent, fusionner CMU et aide médicale d’urgence.

Un candidat député, professionnel du secteur santé/social, dans un débat de très bon niveau, voilà qui donne une vision claire de la politique globale, écologique, environnementale et sociale d’EELV.

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les propositions d’Eelv sur la santé