Le chèque-essence, la voiture et … le mur

 

Nicolas Sarkozy a envisagé la création d’un chèque essence sur le modèle grosso modo du chèque déjeuner. De prime abord, cela paraît une idée à creuser, une idée intelligente qui permettrait de diminuer la poids considérable de l’essence dans le budget des salariés, d’augmenter le pouvoir d’achat et de desserrer la contrainte des dépenses obligatoires des ménages. Pourtant cela relève de la même logique que le prélèvement sur les réserves stratégiques de pétrole ou encore du bonus-malus écologique pour les voitures : c’est là une mesure à bien court terme dont le coût final pourrait être utilisé à des usages beaucoup plus efficaces pour augmenter le pouvoir d’achat des ménages.

La question à laquelle doivent répondre les politiques publiques à l’heure actuelle est la suivante : comment réduire notre dépendance au pétrole? C’est finalement la seule question pertinente à moyen et long terme. Le pétrole en effet s’épuise, il met des millions d’années à se renouveler, c’est une ressource limitée. Or, nous faisons comme si nous ne le savions pas, comme si nous ne l’anticipions pas, comme si l’Agence Internationale de l’Energie ne le clamait pas haut et fort. Nous voyons le mur, il est annoncé, il est devant nous et nous appuyons sur l’accélérateur.

« Le pic pétrolier est atteint », annonçait en 2010 l’Agence Internationale de l’Energie. Qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie concrètement le début d’une hausse importante des prix du pétrole. Cette hausse est obligatoire et rien ne peut l’enrayer : nous n’avons pas de pétrole en France, nous sommes donc obligés de l’acheter. Or sur le marché il y beaucoup d’acheteurs: tous les pays développés, les pays émergents. La demande de pétrole ne cesse d’augmenter. Même au plus fort de la crise la demande de pétrole n’a cessé d’augmenter. En face, les réserves s’épuisent, l’offre diminue. Certes il existe des réserves de pétrole aujourd’hui inexploitées mais les nouvelles découvertes ne couvrent pas les quantités consommées. Et par ailleurs les réserves qui subsistent sont plus coûteuses à exploiter, moins faciles d’accès, plus difficile à extraire, elles coûtent plus cher.

Le prix de l’essence ne peut pas diminuer. Dès lors comment faire?

Le chèque-essence a tout d’une fuite en avant, d’un dispositif public qui entretient un mythe: celui que nous pourrons continuer comme avant à utiliser la voiture comme moyen de transport essentiel. Au final, l’argent qui sera mis dans le ticket-essence sera autant d’argent qui ne sera investi dans d’autres moyens de transport, transports en communs bien sûrs mais aussi véhicules moins consommateurs, nouvelles technologies.

Or c’est là c’est une nouvelle vitesse qu’il faut enclencher pour permettre à chacun de moins dépendre de l’essence et de préserver notre pouvoir d’achat. Il est important  d’imaginer des mesures transitoires pour que les plus faibles ne soient pas étranglés mais il ne peut s’agir que de mesures spécifiques et ciblées pas de mesures générales de ce type.

Avec EELV je propose que l’on enclenche au niveau national un plan sans précédent de développement des transports en commun, que l’on aide les entreprises automobiles à changer de modèle de production, que l’on augmente le pouvoir d’achat en diminuant les consommations d’énergie aussi bien dans le logement que dans l’automobile.

Pas de solution faciles et simples mais des solutions efficaces et de long terme!

Sandrine Rousseau