A 60 jours de l’élection, le candidat Sarkozy redécouvre les vertus de la « moralisation du capitalisme ».

par Eva Sas, Agnès Michel, Sandrine Rousseau

Nous avions eu droit au grand discours sur la « moralisation » du
capitalisme en 2009, mais las, aucun acte n’est venu. Voici qu’à
l’approche de l’élection, Nicolas Sarkozy retrouve sa capacité
d’indignation devant la rémunération des grands dirigeants, les
retraites chapeaux, les parachutes dorés, et veut aligner la fiscalité
des dividendes sur celle du travail. Formidable ! Mais comment peut-on
faire confiance à celui qui a allégé l’Impôt sur le Fortunedes plus
gros patrimoines , il y a moins d’un an, privant l’Etat de 2 milliards
de recettes ? Comment peut-on croire celui qui a baissé la TVA sur la
restauration par électoralisme, sans vérifier ni la baisse des prix ni
l’améloiration de la qualité du travail ?

A nouveau, Nicolas Sarkozy stigmatise les bénéficiaires du RSA : « les
personnes au RSA devraient faire 7 heures de travail, rémunérées au
niveau du smic. C’est la logique des droits et des devoirs. ». Pour le
président de la République, les chômeurs ou bénéficaires des minimas
sociaux le sont par choix ou par fainéantise. Mais comment peut-on
croire que c’est par choix et par refus de travailler que les gens
touchent 478 euros par mois ! La moitié des personnes éligibles au RSA
ne le touchent pas, pour des questions administratives, mais aussi de
malaise par rapport à une situation d’assistanat. Nicolas Sarkozy le
sait : cette mesure de 7h de travail se soldera par la fin du RSA, et
par la mise en concurrence de ces travailleurs « gratuits » avec les
salariés. Et avec son référendum pour contraindre les demandeurs
d’emploi à accepter des emplois mal rémunérés, c’est encore une
tentative du candidat Sarkozy pour modifier le rapport salarial en
faveur des employeurs et baisser les salaires moyens en France. Au
final c’est un ensemble de mesures très cohérentes, visant à ajouter
l’humiliation d’être chômeur à la pauvreté déjà subie par les
personnes bénéficiaires du RSA.

C’est le chômage qu’il faut combattre et non pas les chômeurs.

Nicolas Sarkozy essaie désespérement d’effacer son image de président
des riches et veut nous faire croire qu’il est aux côtés des Français
qui travaillent. Mais les Français travaillent, M. le président, et
ceux qui ne travaillent pas, c’est qu’ils ne peuvent pas le faire. Il
n’y en France que 70 000 offres d’emplois non pourvus à Pôle Emploi
pour 2,9 millions de Français au chômage total. Ce qu’il faut, M.
Sarkozy, c’est créer des emplois et non pas essayer de baisser le
salaire de ceux qui travaillent.