Sauver le « bois de Romainville » et la bio-diversité de la Corniche des Forts !

J’étais hier avec quelques écologistes associatifs de Noisy-le-Sec, Pantin, Bagnolet et Les Lilas, et quelques écologistes politiques, dont je fais partie comme candidat à l’élection législative sur notre circonscription, sur ce terrain non accessible publiquement afin de me rendre compte par moi-même de la richesse de la bio-diversité à protéger, et de la difficulté à rendre ce bois accessible au public.

 

 

 

Un des cratères d’effondrements qui parsèment le site et le rendent dangeureux.

 

 

 

 

 

 

 

 

Actuellement, les représentants Europe Ecologie Les Verts faisant partie du comité chargé des travaux, loin d’être majoritaires, et après avoir réussi à ce que le projet Ilex ne soit pas mis en oeuvre immédiatement, continuent à faire pression pour que ce bout de nature en ville, en jachère depuis 50 ans, ne soit pas une « base de loisirs » comme les autres !

J’y ai consacré un article récent, http://leslilasecologie.over-blog.com/article-bio-diversite-de-la-corniche-des-forts-102680409.html , que je vous propose ci-dessous.

Nous reproduisons ici quelques informations sur la bio-diversité présente sur le territoire de la future Base de Loisirs de la Corniche des Forts.

D’abord quelques photos, ici avec Ornithomedia ou là avec Noisy-le-Sec Environnement – merci à eux !

Un article d’Ornithomedia passionnant et extrêmement documenté :

Une autre approche pour la base de loisirs de la Corniche des Forts

Situation de la future base de loisirs de la Corniche des Forts (Seine-Saint-Denis)

Il existe tout près de Paris, à Romainville (Seine-Saint-Denis), un espace unique de plus de 40 hectares : il s’agit d’anciennes carrières de gypse que la Nature a lentement (en cinquante ans) reconquises. Une forêt s’y est développée, principalement constituée d’érables, de frênes et de robiniers.
Interdit au public du fait de l’existence de zones au sous-sol instable, le lieu est devenu un endroit unique en Seine-Saint-Denis, naturel et « sauvage ». Or il est prévu de l’inclure dans la future base de loisirs de la Corniche des forts, qui s’étendra sur 64 hectares sur les communes Pantin, de Romainville, des Lilas et de Noisy-le-Sec.
Une proposition du cabinet d’architectes Ilex Paysages avait été retenue en 2000 : la version initiale prévoyait la destruction de tous les arbres, la création de vastes pelouses, l’érection d’une butte artificielle surmontée d’un belvédère et la construction d’une galerie commerciale à demi-enterrée. Si cette approche pharaonique a semble-t-il été au moins en partie reconsidérée, on ne sait toujours pas quels sont les aménagements prévus.
Dans la perspective de la tenue d’une réunion importante des décideurs en juin 2011, nous avons rédigé ce rapport proposant une approche plus raisonnable et plus respectueuse de l’environnement existant, que nous transmettrons à certains élus.

 

Contexte et situation actuelle
Le projet de base de loisirs

Figure 1- Le projet initial d’aménagement de la base de loisirs par Ilex Paysages : notez 1) la butte artificielle surmontée d’un belvédère et 2) une galerie commerciale à arcades à demi-enterrée
Source : Ilex Paysages

Le conseil régional d’Ile-de-France a décidé en 1993 de créer sur les communes de Pantin, de Romainville, des Lilas et de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) la douzième base de plein air et de loisirs (BPAL) de région, le parc de la Corniche des Forts.
Elle s’étendra sur 64 hectares de terrain accidenté (sur un coteau de la plaine de France), notamment sur d’anciennes exploitations de gypse (que l’on extrayait pour la fabrication du plâtre) abandonnées depuis cinquante ans et colonisées par la végétation.
Les activités imaginées et évoquées sont nombreuses : ferme pédagogique, école équestre, tir à l’arc, kiosque à musique, musée du plâtre, mur d’escalade, parc de roller, piste de luge….
Mais pour des questions foncières, techniques (nombreuses cavités souterraines), d’appels d’offres et budgétaires, les décisions ont été retardées. Toutefois un projet proposé par le cabinet Ilex paysages (www.ilex-paysages.com) avait été retenu en 2000 (voir figure 1) : il prévoyait notamment le remodelage total des lieux (après destruction de toute la végétation actuelle) avec création d’un monticule surmonté d’un belvédère, de parkings et d’une galerie commerciale avec arcades.
Voici comme est présentée sur leur site web l’approche des architectes pour élaborer leur projet : « l’enjeu a été de projeter un parc sans connaître totalement le site, impénétrable, trop dangereux, ni son sous-sol très contraignant. Le parti pris a été de travailler simultanément le comblement des cavités du sous-sol et le modelé du sol ».
Aucune visite du milieu naturel n’a a prioriété faite avant de proposer ces aménagements lourds. Nous préconisons une autre approche plus concrète, plus réaliste et respectant le site actuel.


La situation actuelle : un espace boisé

Figure 2- Vue actuelle de la zone par satellite : elle est entièrement boisée et « naturelle ». On distingue deux parties séparées par le parc de Romainville : A) une zone située à Pantin (point rouge : situation d’un front de taille pittoresque) et B) les anciennes carrières de Romainville
Source : Google maps

C’est sur le territoire de la commune de Romainville que s’étendra la plus grande partie de la future base de loisirs de la Corniche des Forts : il s’agit d’une zone d’environ 40 hectares (partie B sur la figure 2 ci-contre) correspondant à d’anciennes carrières de gypse, au relief varié (buttes, creux, « plateau ») et désormais recouvertes d’un bois dont les essences dominantes sont l’Erable plane, le Robinier faux-acacia, l’Orme champêtre, le Frêne commun et l’Erable sycomore, auxquels se mêlent quelques merisiers (qui fleurissent au printemps et qui offrent alors un spectacle très agréable), marronniers, pins noirs, hêtres …

A Pantin, le long de la rue Jules Jaslin, existe une autre portion de bois (partie A de la figure 2) qui sera aussi incluse dans la future base et où l’on trouve un élément paysager rare et original en Ile-de-France : un front de taille très pittoresque : le projet de le transformer en mur d’escalade a été évoqué, ce qui le détruirait.
Les aménageurs ne partent donc pas à partir d’une simple « friche », mais bien d’un bois diversifié.

Le front de taille (falaise de gypse) à Pantin (93) : un paysage pittoresque rare en banlieue parisienne et à préserver
Photo : Ornithomedia.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

218 espèces végétales

Dans certains secteurs des anciennes carrières de Romainville (93) pousse désormais une véritable forêt
Photo : Ornithomedia.com

Le cabinet d’étude Ecosphère (www.ecosphere.fr) avait réalisé en juillet 2001 une étude écologique du secteur. Il avait alors recensé 218 espèces végétales dont 59 sub-spontanées ou naturalisées.
Certaines zones comprennent des arbres de taille respectable. La strate arbustive est dominée par les fourrés à Sureau noir et Sureau yèble très intéressants pour les oiseaux migrateurs (ils fournissent des baies en automne).
On trouve aussi des bosquets isolés de lilas (notamment près de l’ancien château de Romainville) et d’arbres à papillons dans les endroits ensoleillés (favorables aux papillons)

 

Dans les zones humides et ombragées se développe un sous-bois dominé par l’Ail des ours et la Grande Ortie (intéressante pour les papillons), le lierre grimpant (baies et refuges pour les oiseaux), le houblon…

Les secteurs les plus ombragés des anciennes carrières de Romainville sont recouverts de lierres
Photo : Ornithomedia.com

Certains arbres sont littéralement recouverts de lianes, offrant un spectacle digne de la forêt tropicale.
On note sur la zone la plus élevée (« plateau ») quelques petits peuplements odorants d’armoises.
Un secteur très localisé est recouvert de Renouées du Japon (Fallopia japonica), une plante invasive.

 

 

 

Des oiseaux typiques des milieux forestiers d’Ile-de-France
L’étude écologique publiée en octobre 2001 par le cabinet Ecosphère avait été réalisée à partir de « recherches sur le terrain » (dont ni le nombre ni la durée totale n’ont été précisés) menées en juillet 2001, un moment de l’année assez mal choisi pour évaluer la richesse ornithologique, les oiseaux étant alors discrets et chantant peu. A noter d’ailleurs que le mois de juillet n’est pas optimal pour déterminer la richesse botanique, de nombreuses fleurs étant déjà fanées.

Grands arbres et lianes, anciennes carrières de Romainville (93)
Photo : Ornithomedia.com

40 oiseaux nicheurs (les espèces migratrices et hivernantes n’ont pas été recensées, alors que la richesse globale d’un site devrait s’évaluer sur au moins une année complète), ainsi que cinq mammifères et 13 papillons (dont l’Argus bleu et l’Aurore) ont été recensés.
Les oiseaux nicheurs sont typiques des espaces boisés de la région parisienne : Accenteur mouchet (Prunella modularis), Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla), Grive musicienne (Turdus philomelos), Mésanges bleue (Cyanistes caeruleus) et charbonnière (Parus major), Merle noir (Turdus merula), Pigeon ramier (Columba palumbus), Pinson des arbres (Fringilla coelebs), Pouillot véloce (Phylloscopus collybita), Rouge-gorge familier (Erithacus rubecula), Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes) et Geai des chênes (Garrulus glandarius).
Le Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula), en déclin dans la région, nicherait dans le secteur. Il est en tout cas probablement visible en hiver.
Les grands arbres permettent la nidification des pics (trois espèces), de la Chouette hulotte (Strix aluco) (bien présente et audible à la fin de l’hiver depuis les quartiers alentours) et de l’Epervier d’Europe (Accipiter nisus). Au moins deux couples sont présents, et leur parade est bien visible à la fin de l’hiver.

Lors d’une sortie en avril 2011, un couple de Buses variables (Buteo buteo) paradait au-dessus des anciennes carrières, en compagnie de deux Eperviers d’Europe : un spectacle rare en proche banlieue
Photo : Arthur Grosset / www.arthurgrosset.com

 

 

 

 

 

 

 

La Buse variable (Buteo buteo) est un nicheur probable (couple en parade observé en avril 2011), ce qui est rare en pleine banlieue parisienne.
Selon Ecosphère, les zones à orties et buissons accueilleraient la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris).
Toujours selon l’évaluation, les espaces plus dégagés (plus élevés) accueillent le Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) et le Serin cini (Serinus serinus).
Des sorties en automne et au printemps permettraient sûrement de constater que ce secteur sert aussi de zone nourrissage et de repos pour de nombreux passereaux migrateurs comme le Gobemouche noir (Ficelula hypoleuca), les pouillots, les grives… tandis qu’en hiver le Pinson du Nord (Fringilla montifringilla), la Grive mauvis (Turdus iliacus) et de grandes troupes de Pigeons ramiers y stationnent.

Une valeur écologique « faible » : oui mais …

Un paysage valloné et boisé original en proche banlieue parisienne Photo : Ornithomedia.com

 

L’étude de 2001 d’Ecosphère avait évoqué une « valeur écologique faible à localement moyenne » : cet avis ne tient pas compte de la valeur paysagère unique du site, une véritable île de verdure « sauvage » enserrée ans un tissu urbain dense. En outre, grâce à un relief varié (buttes, creux, « vallons »), une promenade est dépaysante et reposante, les bruits de la ville alentours étant absorbés par la végétation et le terrain. Au détour d’un chemin, au-dessus de la cime des arbres, se dévoilent de temps en temps des points de vue remarquables sur les villes environnantes et sur Paris.

Point de vue sur les bâtiments alentours, qui semblent « noyés » dans la forêt
Photo : Ornithomedia.com

Avec la saison, le paysage change de visage : il s’embrase en automne, grâce aux érables et frênes, tandis qu’au printemps le vert tendre des frondaisons est ponctué du blanc des merisiers en fleurs. Cette zone constitue désormais un élément important du cadre paysager des communes proches.
Si la biodiversité est classique pour un milieu boisé relativement récent de la banlieue parisienne, elle représente toutefois un réservoir de biodiversité, un refuge pour des plantes et animaux qui ont quasiment disparu de l’environnement urbain dense du secteur.

Le secteur représente aussi un relais, un élément d’un corridor écologique entre la grande banlieue et les bois parisiens. Ce rôle essentiel a été complètement oublié et négligé par l’étude d’Ecosphère : or cette fonction est de plus en plus souvent prise en compte par les aménageurs qui ont une approche globale et durable.

Des bâtiments intéressants
Quelques bâtiments sont des indicateurs du passé historique (la Folie de Pantin, belle demeure du XVIIIème siècle, le château de Romainville, les forts des Lilas, de Romainville et de Noisy-le-Sec) et industriel (maison des carriers, tunnel d’exploitation) du site, et il serait important de les conserver et de les restaurer s’en servir de centres d’information et d’accueil.

 

Sous-sol instable et différents secteurs
Une orientation initiale désastreuses pour l’environnement

Zone déjà entièrement déboisée le long de la rue du Docteur Vaillant (Romainville) : voilà à quoi ressemblera toute la zone si une autre approche n’est pas proposée
Photo : Ornithomedia.com

Le projet proposé par le cabinet Ilex qui avait été retenu par les décideurs (et qui était d’ailleurs différent de celui qui avait été approuvé par les habitants, mais que nous n’avons pas réussi à consulter) faisait table-rase de la nature existante, qui était totalement détruite au profit de vastes pelouses et de reliefs artificiels. Même si ce choix a été suspendu, avant tout pour des questions financières, il existe un vrai risque qu’il reflète la volonté des aménageurs de faire de ce lieu un endroit spectaculaire pouvant accueillir de nombreux visiteurs simultanément. Il était en outre coûteux, le montant du budget s’élevant selon les sources entre 54 et 80 millions d’euros. Nous pensons qu’une autre approche est possible et souhaitable.

 

Une contrainte forte : un sous-sol instable

Arbres déracinés par les engins de terrassement pour réaliser les premiers sondages, anciennes carrières de Romainville (93)
Photo : Ornithomedia.com

Des zones potentielles d’effondrement, dont la dangerosité, l’étendue et la localisation précises n’ont pas été révélées, qui sont le résultat de l’ancienne exploitation du gypse, avaient jusqu’à présent protégé la zone en obligeant sa fermeture au public. Paradoxalement, la sécurisation des lieux constitue aujourd’hui la plus grande menace qui pèse sur l’habitat naturel qui s’est développé depuis la fin d’activité des carrières. Des engins de chantier ont d’ailleurs déjà tracé à travers le bois de larges chemins pour faciliter les sondages.
N’ayant pas eu accès aux résultats de ces sondages, il nous est difficile de faire une proposition précise sur la localisation des zones à combler. Ecosphère avait signalé dans son étude de 2001 que les travaux de mise en sécurité et de terrassement engendreraient la destruction d’une grande partie des boisements actuels et la disparition probable de la plupart de la faune et de la flore : il faut donc tout faire pour que les interventions soient les plus limitées possibles.

Tuyaux de sondage du sous-sol, anciennes carrières de Romainville (93)
Photo : Ornithomedia.com

 

 

Nous pensons que ce comblement devrait respecter certains principes :
- les engins qui apporteront les matériaux devront utiliser au maximum les chemins déjà tracés;
- les zones à combler devront être les plus limitées possible, afin de limiter au maximum les dégâts inévitables et désastreux au niveau écologique et paysager : mais depuis le choix du projet d’Ilex, les techniques d’injection et de consolidation ont évolué et sont de moins en moins invasives. En 2007, les carrières souterraines situées sous le parc départemental de Romainville avaient d’ailleurs été comblées par injection d’un coulis de béton sans que des destructions soient nécessaires;

Espace déjà en partie artificialisé, anciennes carrières de Romainville (93)
Photo : Ornithomedia.com

- les matériaux apportés devront être sans danger pour l’environnement;
- les remblais seront stockés au maximum en dehors de la zone boisée;
- il n’est a priori pas nécessaire d‘ouvrir toute la zone au public et donc de combler tout le sous-sol : certains secteurs pourraient rester fermés et serviraient de refuges pour la faune et la flore;
- les zones détruites inévitables devront être reboisées;
- une étude de la présence de chauves-souris devrait être menée au préalable afin de localiser et de sauvegarder certaines cavités qui leur servent de refuge.

 

Différentes zones

Ambiance de sous-bois au printemps, anciennes carrières de Romainville (93)
Photo : Ornithomedia.com

Un bois recouvre désormais les anciennes carrières de Romainville, et il est important de le conserver au maximum.
Les forêts sont en effet très appréciées des franciliens : 85% d’entre eux s’y rendent au moins de façon occasionnelle et 88% déclarent apprécier s’y promener. Cet habitat est donc autant apprécié que les pelouses.
En outre, seuls 27 % d’entre eux considèrent qu’il est facile de s’y rendre en transport en commun : or ce bois est justement bien desservi (source des chiffres : Agence des espaces verts d’Ile-de-France).

Figure 3- Différentes zones de boisement dans les anciennes carrières de Romainville et de Pantin : A) Vert sombre : zones boisées denses à préserver intégralement, B) Vert clair : zones boisées plus claires à aménager légèrement, C) Jaune : zones plus ouvertes, D) Mare possible, E) Orange : zones déjà artificialisées. De 1 à 3, des points d’observation remarquables. 4 : front de taille. En orange sont tracés les chemins et percées existant déjà
Carte : Ornithomedia.com d’après Google maps

 

 

 

Nous avons identifié (figure 3) différentes zones plus ou moins densément boisées qui devraient orienter les aménagements;
- Vert sombre (A)  : nombreux grands arbres, sous-bois forestier : à préserver intégralement comme zones refuges pour la faune et la flore, comme cloisons végétales naturelles séparant du tissu urbain, pour l’atténuation des bruits, pour la préservation de la ligne d’horizon arborée actuelle, pour leur intérêt paysager, pour la conservation de la fraîcheur en été, comme abri vis-à-vis du froid et du vent, … ;
- Vert clair (B) : boisements plus clairs (terrains plus secs, peuplements plus récents) : aménagements légers possibles (parcours de santé et sportif, bancs, sentiers, aires de pique-nique, panneaux d’information…) avec conservation de la plupart des arbres et de secteurs de sous-bois (refuges pour la faune et la flore). Nous pensons que même dans ce secteur les pentes boisées des buttes devraient être conservées et interdites au public (pour lutter contre l’érosion et le piétinement, comme refuges pour la faune, pour garder le caractère un peu « mystérieux » des creux actuels;

- Jaune (C) : espaces plus clairs, déjà déboisés ou envahis par la Renouée du Japon : des prairies de fauche entretenues de façon douce sans traitement chimique pourraient être créées. Une ou deux mares pourraient être creusées dans des fonds favorables.
Près de l’ancien château de Romainville existe un paysage bucolique, vestige d’un ancien parc arboré (marronniers, bosquets de pins, bosquets de lilas, murets) qui pourrait servir de point d’entrée et de repos (bancs, buvette). Le futur parc de la Corniche des forts comprend des parcs urbains où existent déjà des pelouses (parc de Romainville par exemple), et il n’est donc pas nécessaire d’en créer de nouvelles;
- Orange (D) : zones déjà déboisées : elles devront concentrer les structures « lourdes » (équipements sportifs, points d’accueil éventuels).

Zone recouverte de Renouées du Japon : une petite prairie naturelle pourrait être créée Photo : Ornithomedia.com

 

Un autre aménagement est possible
Un exemple d’aménagement  « doux » : le parc du Plateau d’Avron à Rosny-sous-Bois

Les aménageurs ont la chance de pouvoir étudier le cas d’un exemple d’aménagement original, doux et respectueux de la nature dans un contexte similaire, d’une superficie proche et dans le même département : le parc du Plateau d’Avron à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Il se trouve en effet aussi sur d’anciennes carrières souterraines de gypse qui ont été sécurisées tout en conservant l’intérêt écologique des lieux. Il fait partie de la trame verte de la Corniche des Forts reliant Rosny-sou-Bois au Parc de la Villette, et son aménagement tient compte des éléments paysagers et environnementaux (inscription au réseau Natura 2000 et classification en ZNIEFF). Nous pensons d’ailleurs que les aménageurs pourraient entrer en contact avec les gestionnaires de ce parc pour bénéficier de leur expérience, même si l’habitat naturel est différent (bois à Romainville, coteaux secs à pelouses et buissons à Rosny-sous-Bois).
Nous avons intégré une partie de l’approche utilisée à Rosny-sous-Bois pour proposer une nouvelle démarche pour la Base de la Corniche des Forts.

Des aménagements respectueux des atouts naturels

Plusieurs sentiers sillonent déjà les anciennes carrières de Romainville (93)
Photo : Ornithomedia.com

Différents aménagements sont possibles qui préserveraient l’intégrité écologique et paysagère du site :
- création de pistes piétonnes et cyclables (séparées par des lisses de bois) : des sentiers parfois assez larges existent déjà (ils ont été créés par le passage d’engins de chantier) et sillonnent la plupart de la zone (voir la figure 3 de la page précédente) : il ne serait donc pas nécessaire d’en créer beaucoup d’autres, ce qui éviterait des abattages inutiles et limiterait les dérangements et le piétinement du sous-bois;
- des haies ou des petites barrières pourraient séparer les sentiers du sous-bois pour éviter le piétinement;
- création de petites prairies naturelles dans les secteurs déjà déboisés ou dans la zone envahie par les Renouées du Japon;
- installation d’un mobilier urbain solide, facile à nettoyer et non inflammable (bancs, tables, poubelles);
- installation d’une signalétique (plans, panneaux, totems) d’orientation et d’information sur la flore et la faune;
- installation de garages à vélos, d’aires de pique-nique, d’aires de jeux pour les enfants, de sanitaires (?);

Depuis les points les plus élevés, la vue sur les communes environnantes est étendue Photo : Ornithomedia.com

- mise en place de points d’observation : tables d’orientation, points de suivi de la migration des oiseaux. Les associations pourraient organiser des séances de suivi de la migration en automne;
- une buvette démontable;
- un mur d’escalade pourrait être installé en profitant des fondations d’un bâtiment existant dans la zone des anciennes carrières de Romainville et ainsi épargner la belle falaise de gypse située sur la commune Pantin;
- l’éclairage devrait être réduit au strict nécessaire, devrait être économe, ne pas être trop puissant et être éteint la nuit pour ne pas perturber la faune;
- et pourquoi pas mettre en place un petit kiosque à musique, pour des concerts organisés par les élèves des conservatoires de musique des communes proches, dans l’esprit « romantique » du Parc des Buttes-Chaumont, qui a d’ailleurs des points communs (relief, espace arboré) avec cette zone ?

Le cas du front de taille à Pantin

Dans les anciennes carrières de Romainville, les fondations d’un ancien bâtiment pourraient être aménagées en murs d’escalade
Photo : Ornithomedia.com

A Pantin, le long de la rue Jules Jaslin et de la rue des Buttes subsiste une portion boisée au caractère naturel dominée par un front de taille (falaise) très pittoresque et à l’intérêt paysager réel : des rumeurs évoquaient la création d ‘un mur d’escalade qui entraînerait :
1- sa destruction (bétonnage nécessaire pour sa consolidation);
2- le piétinement et la destruction de la végétation environnante;
3- des attroupements de personnes entraînant des nuisances sonores pour le voisinage (déjà constaté dans la rue des Buttes, où se posent désormais des problèmes de voirie).
Il existerait une alternative : aménager les fondations d’un ancien bâtiment existant sur les sites des carrières de Romainville

Eviter les concentration de personnes
Il faudrait éviter les zones de forte concentration de visiteurs et préserver des zones de quiétude, en plus des zones refuges pour la faune et la flore.

Les bâtiments
Les bâtiments d’accueil du public ne devraient pas empiéter sur la zone boisée et devraient utiliser ceux existants à restaurer : Folie de Pantin, Maison des Carriers, anciennes maisons de la Rue des Buttes (Pantin).

 

Une approche générale favorisant la biodiversité

Dans les zones les plus basses, il existe peut-être sûrement un emplacement favorable à la création d’une mare
Photo : Ornithomedia.com

La biodiversité actuelle du site devrait être préservée et elle pourrait même être augmentée :
- conservation des arbres morts non dangereux;
- création d’une petite mare naturelle à l’emplacement le plus favorable;
- création de petites prairies fleuries arborées;
- conservation au maximum des plantes de sous-bois (orties, …) qui favorisent les insectes, notamment les papillons;
- mise en place de nichoirs fabriqués ou naturels : cette activité pourrait être réalisée par les classes des communes environnantes;
- entretien réduit au strict nécessaire permettant à la faune et à la flore de se développer librement;
- bannir définitivement les insecticides et herbicides au profit d’autres techniques;
- éviter de bétonner ou goudronner les allées;
- les petits murets près de l’ancien château de Romainville pourraient servir de support à la culture d’arbres à fruits (pêchers, …).
Une partie de ces activités favoriseront ainsi une découverte pédagogique du milieu.

Des idées de thèmes
L’identité de cette base devrait s’inspirer de son historique : une ancienne activité de carrière et le retour de la Nature. Des expositions pourraient être organisés, un site web créé : sur les plantes « pionnières », sur les espèces invasives, sur la place de la nature en ville, sur les anciennes carrières, sur le choix des matériaux dans l’architecture régionale, sur l’impact des carrières sur le paysage …

 

Entretien et voirie

Accumulation de déchets dans la rue des Buttes (Pantin), l’un des points d’accès de la future base …
Photo : Ornithomedia.com

Par la suite, les travaux forestiers et de jardinage devaient être réalisés dans la mesure du possible en dehors de la période de nidification des oiseaux (mars-juin).
Des poubelles devraient être placées et vidées régulièrement. L’expérience de l’ouverture d’un sentier dans le prolongement de la rue des Buttes à Pantin est sur ce point peu concluante : déchets jetés dans la rue, déchets encombrants éparpillés dans le sous-bois (portes de voitures, sacs de vêtements usagés, …).
Les services de voirie de Pantin n’ayant pas inclus cette rue dans leur circuit journalier, nous avons pris l’initiative de rassembler les gros déchets autour de la poubelle, d’installer un gros sac plastique pour inciter les gens à y déposer leurs ordures et d’accrocher une affiche « Ne jetez pas vos ordures, respectez la Nature ». Ces premiers éléments laissent supposer de gros problèmes de propreté à venir à l’échelle de la future base.
Etant donné les habitudes d’une partie de la population des communes concernées, des dégradations sont à attendre (déchets jetés en dehors des poubelles, poubelles brûlées, …). Les éléments prévus (tables, bancs, parcours de santé, …) devraient ainsi être robustes, simples, faciles à nettoyer (tags) et non inflammables.

Clôture
Nous pensons que le site devrait être clôturé, voire gardé la nuit pour limiter les incursions, dégradations, dérangements de la faune, squattage, et les trafics divers (nombreux dans le département).

Dérangements et sécurité
L’ouverture de cet espace entraînera un afflux de personnes qui augmentera les nuisances sonores et visuelles, les dégradations et l’insécurité pour les quartiers voisins : les décisions d’aménagement devrient prendre en compte cet aspect essentiel pour le respect de la tranquillité des habitants.
Une fréquentation dominée par des promeneurs et des sportifs devrait être favorisée au détriment des rassemblements bruyants et des groupes de « jeunes désoeuvrés ».
Les horaires d’accès devraient être les mêmes que ceux des parcs urbains et des barrières devraient empêcher le stationnement de voitures en soirée à proximité des entrées.

Le budget
Le budget initial envisagé pour cette base de loisirs s’élevait entre 53 et 80 millions d’euros. Cette nouvelle approche permettrait de réduire fortement les fonds nécessaires.

 

En conclusion

La ligne d’horizon boisée du site doit être conservée
Photo : Ornithomedia.com

L’aménagement de ce milieu rare en région parisienne devrait donc avoir comme double objectif de préserver au maximum la faune et la flore et les qualités paysagères actuelles tout en l’ouvrant aux habitants.
Il devrait :
- favoriser le développement d’une flore et d’une faune variées;
- conserver la diversité écologique existante par la mise en place d’un mode de gestion adapté;
- privilégier une découverte pédagogique du milieu tout en le protégeant.
Les aménagements devront être doux et discrets et des zones-refuges devront être conservées. Le paysage dépaysant et naturel actuel devrait être conservé, car il serait dommage de détruire ce que la Nature a créé en cinquante ans.
La continuité de la fonction de réservoir biologique  de cet espace devrait être assurée.
Les nouvelles orientations prises devront être transparentes et soumises à la population locale concernée et non pas rester opaques comme cela a été le cas depuis 2000.
Il n’est plus envisageable de réaliser des bases de loisirs sur le modèle de celles créées dans les années 1970 et 1980 : de vastes pelouses et un plan d’eau. Les conseils général et régional, qui mettent souvent en avant les actions de conservation de la biodiversité, ne peuvent pas cautionner la destruction d‘un espace unique, fragile et intéressant.
Le public est suffisamment mature pour reconnaître l’importance de préserver la faune et la flore, et apprécierait de pouvoir se promener dans un espace boisé au relief varié. Il n’a pas besoin d’une énième pelouse pour des concerts et des manifestations sportives de masse. L’aménagement devrait répondre à des besoins locaux et départementaux et ne pas avoir des ambitions démesurées.

Sources
- Rosny-sous-Bois. 110 initiatives pour Paris Métropole – Préverdissement du parc du Plateau d’Avron à Rosny-sous-Bois. http://sigr.iau-idf.fr/
- Conseil régional d’Ile-de-France. Base de La Corniche des Forts : les travaux commencent. http://www.iledefrance.fr/lactualite/sports-tourisme-loisirs/loisirs/base-de-la-corniche-des-forts-les-travaux-commencent/
- Ecosphère (2001). Etude écologique : Base de Plein Air et de Loisirs de la Corniche des Forts. LAFTTP et Région Ile-de-France.
Réagissez à cet article sur nos forumsou par e-mail à david.bismuth@ornithomedia.com.

 

Et puis le point de vue de Noisy-le-Sec Environnement sur le projet « Ilex » qui semble abandonné aujourd’hui… Corniche_des_Forts_ce_qui_ne_va_pas

 

La «Corniche des Forts» est le nom donné à la future base régionale de loisirs et de plein air (BPAL) qui s’étendra sur 64 ha environ, principalement sur le territoire Romainville (76%), et dans une mesure moindre sur ceux de Pantin, des Lilas et de Noisy le Sec.

Il s’agit d’un vaste coteau orienté au nord qui descend du plateau de Romainville vers Bobigny, Pantin et Paris, avec de magnifiques points de vue. Le projet établira une continuité entre des parcs déjà aménagés (parc communal de Romainville, parc départemental de Romainville dit « la Sapinière »/ Pantin) en aménageant la friche du centre (anciennes carrières de Romainville). Préalablement aux aménagements, il faut sécuriser deux, voire trois niveaux de galeries minières, avant de pouvoir l’ouvrir au public.

La solution de comblement proposée par la Région consiste à prendre le remblai sur place. Pour pouvoir le faire, il faut couper les arbres qui se trouvent dessus. Il s’agit de prendre de la terre au Nord de la friche (Bas- Pays, et de la repousser au Sud en suivant l’ancienne rampe d’accès à l’ancien front de taille qui se trouve en contrebas du chantier de la nouvelle école. Ces terres, poussées vers le sud formeront une pente molle jusqu’au bord du plateau.

La première tranche de comblement est prévue pour le premier semestre 2012. Elle affectera toute la moitié ouest du bois (environ 15 hectares) qui a poussé sur les anciennes carrières. L’autre moitié sera détruite au cours de la tranche suivante.

L’étude environnementale et l’étude d’impact ont été réalisées par Ecosphère (2001), qui concluait à

l’absence d’espèces animales ou végétales à protéger, et à l’intérêt d’une valorisation écologique du site lors des aménagements. Cette étude est incomplète et ancienne. Elle a été faite sur un temps très court, une saison unique. Les chiroptères n’ont pas été correctement étudiés. Le statut de protection de plusieurs espèces a évolué depuis 2001…

Une nouvelle étude environnementale est en cours, par le cabinet Biotope, que nous avons rencontré, et qui nous a déclaré : « les milieux présents en Seine-Saint-Denis sont communs et nous

savons les reconstituer ».

Le bois abrite une quarantaine d’espèces d’oiseaux nicheurs et sert de relais aux migrateurs. Plusieurs espèces d’insectes déterminantes ZNIEFF ont été identifiées dans la prairie derrière le château dans une zone n’est pas concernée par la prochaine tranche de travaux.

A noter que la zone des anciennes carrières fut un temps classée ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique) de type 1. Ce classement a disparu avec l’élaboration du projet de Base de Loisirs…

L’association Noisy le Sec Environnement n’accepte pas la destruction de centaines d’arbres et de toutes les vies qu’ils abritent. Nous sommes en petite couronne où beaucoup d’espèces sont aux marges de l’extinction. Nous voulons conserver le peu que nous avons. La disparition soudaine de tous ces arbres impacterait lourdement la biodiversité locale et l’hygrométrie locale.

Ce bois, aujourd’hui interdit au public à causes des carrières, a beaucoup de charme, avec son modelé particulier et ses paysages variés. Le projet de base de loisirs, projet équipementier (centre équestre, piste de BMX), ignore totalement tous ces aspects. Nous voulons un projet plus proche de la nature actuelle et de ses caractéristiques, qui sont la mémoire du travail du plâtre.

Nous ne croyons pas à la « valorisation écologique » d’un site dont on aurait ôté la vie, où l’homme jouerait les apprentis-sorciers. Soyons réaliste, dans notre région, la gestion différenciée des espaces verts existe surtout à l’état d’intention ou de vœu pieux dans les agendas 21…

Nous demandons à la Région de proposer une méthode moins brutale pour sécuriser les anciennes carrières pour que cet espace boisé puisse être ouvert au public.

Nous voulons que la Région modifie son projet en faisant de l’environnement actuel une priorité.

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SAUVONS LE BOIS DE ROMAINVILLE

Pour aménager la Base de Loisirs de la Corniche des Forts, qui s’étend sur 64 ha (Noisy le Sec, Romainville (75%), Pantin, Les Lilas, la Région Ile-de-France projette de raser purement et simplement le bois cinquantenaire qui a poussé sur les anciennes carrières de Romainville. Ce bois, si rare en petite couronne,  est une réserve d’oxygène, un havre de paix en milieu urbain. Des centaines d’arbres vont être coupés, la faune et la flore seront anéanties, et le sol nivelé. Les travaux pourraient commencer avant l’été 2012.

Nous demandons à la Région de proposer une méthode moins brutale pour sécuriser les anciennes carrières pour que cet espace boisé puisse être ouvert au public.

Nous  voulons que la Région modifie son projet en faisant de l’environnement une priorité.

Pétition en ligne :  http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=CORNICHE

(Noisy-le-Sec Environnement 2011-2012)

Bio-diversité de la Corniche des Forts – s