Anne Déo et moi avons suivie cette visite des jardins familiaux avec beaucoup d’intérêt, puis j’ai retrouvé avec plaisir le Rucher des Lilas et le talent de transmission de Miguel Perez. Ces deux visites participent de cette préoccupation de préserver la bio-diversité sur notre territoire. Je vous propose de partager cet excellent article du blog EELV de Romainville.
LA VISITE DES JARDINS FAMILIAUX ET DES RUCHES de la base de loisirs régionale de la Corniche des forts en clôture de la semaine du développement durable à Romainville
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Grande première pour les visiteurs en clôture de la semaine du développement durable à Romainville : la découverte des jardins familiaux de la future Base de loisirs et de plein air (BPAL) de la Corniche des forts. Avec l’implantation des ruches qui vont connaître une deuxième phase d’extension, ces jardins potagers mis à disposition des habitants préfigurent l’orientation de cette base aujourd’hui annoncée comme la première « écobase urbaine » d’Ile-de-France… et c’est en Seine-Saint-Denis !
Effet de surprise garanti, ce samedi 7 avril, pour les habitants venus en famille découvrir les jardins familiaux au sein de la future BPAL de la Corniche des forts dans le cadre de la semaine de l’environnement durable. Et événement de taille pour les promeneurs : depuis la remise des clefs aux jardiniers, il y a deux ans, ils n’avaient pas été ouverts au public. Il faudra attendre la mise en place de la convention d’exploitation en cours de réalisation pour que soient organisées des visites publiques à dates régulières. Les 49 parcelles, installées sur le territoire de Romainville sont presque toutes investies. Les deux parcelles pédagogiques, encore en friche, ne le seront bientôt plus. Les écoles qui ont postulé cette année vont dans les jours qui viennent emmener leurs premiers jardiniers en herbe retourner et préparer la terre.
Plus que le nombre de parcelles mises à disposition des habitants des Lilas, de Romainville, de Pantin et Noisy-le-Sec (les communes sur lesquelles se trouvent l’emprise de la base), c’est la surface de celles-ci qui impressionne les visiteurs : de 50 à 100 m2. Chaque parcelle constituée de terre végétale noble rapportée bénéficie d’un arbre et d’un abri ouvert. Les chemins de circulation entre les parcelles ont été plantés de groseillers.
Les jardiniers constitués en association partenaire
En introduction de la visite, un bref rappel de l’historique de ce grand chantier de la région Ile-de-France qui a connu de nombreux rebondissements et dont l’aménagement fait aujourd’hui l’objet d’une refonte complète des investissements et des activités.
C’est ensuite la présentation du fonctionnement de ces jardins qui lient habitants et comité syndical de la BPAL : la sélection des jardiniers s’est faite sur des critères sociaux prioritaires associés à un principe de mixité. Trois parcelles ont été abandonnées depuis, mais la greffe a pris et les heureux bénéficiaires de ces espaces publics se sont investis sans compter.
La question est posée par les participants de la possibilité d’occuper une parcelle à plusieurs familles car beaucoup aimeraient partager des surfaces qu’ils trouvent assez grandes pour y travailler entre amis. On souligne qu’il serait même plus facile d’assurer un entretien régulier avec une sorte de « système de garde partagée » ! Le membre du comité présent a précisé que cette question avait été abordée et que l’idée n’était pas abandonnée même si elle demandait une concertation préalable avec les jardiniers pour définir les termes de sa faisabilité. L’idée du partage est de toute façon celle qui préside à l’histoire de ces jardins.
Car, pour les jardiniers, l’actualité, outre celle des travaux de printemps, est celle du travail qui vient d’être lancé avec l’association « Graines de jardins ». Celle-ci a été chargée par le comité d’accompagner les jardiniers dans la constitution de leur association. Cette étape est nécessaire pour que soit passée une convention entre eux et le comité syndical de la BPAL et que soient ainsi définies et pérennisées les relations entre les deux partenaires.
L’agriculture bio en exemple
Ce comité constitué d’élus a bien sur demandé que soient intégrées dans les critères de constitution de l’association les exigences environnementales qui doivent guider les membres dans la gestion de leur parcelle : pas de recours aux engrais, pesticides et insecticides chimiques. Les techniques éprouvées de l’agriculture biologique doivent être les critères d’exploitation des parcelles. Une réflexion est entamée avec « Graines de jardin » pour renseigner une formation à ces techniques. L’arrivée d’un nouveau directeur technique de la BPAL le 1er juin permettra alors de mettre en oeuvre les besoins qui auront été identifiés.
Pour cette visite, en tout cas, les promeneurs ont déjà pu constater que les jardiniers sont à l’oeuvre dans cette direction avec pour chacun sa propre technique de paillage, de préparation des sols. On délimite ses carrés de production de manière originale, chacun trouve sa solution, invente des formes, dessine son système d’irrigation ! Pour l’instant, le système de récupération d’eau à partir de la toiture de l’abri dont est équipée chaque parcelle offre une utilisation très symbolique de recours à l’eau de pluie qui ne peut assurer l’arrosage régulier des cultures aux saisons chaudes.
Assurer une autonomie en eau
Il n’a pu en être autrement car l’aménagement des jardins précède les chantiers plus importants qui peuvent premettre d’équiper le site de citernes de récupération. C’est avec l’eau du réseau qu’on pourra nourrir cette année encore les cultures des jardiniers, une situation pour laquelle le comité syndical continue de travailler afin de trouver des solutions permettant de récupérer les diverses sources d’alimentation naturelles qui éviteront le recours à l’eau du réseau et assureront l’autonomie des jardins grâce à ces citernes récupérant les eaux à disposition : eaux du plateau de Romainville, des voiries, des bâtiments… A l’heure où le projet de la base est repensé en écobase, cette préoccupation s’intègre logiquement dans le cahier des charges d’aménagement.
Constituer un réservoir apicole
Les visiteurs se sont ensuite rendus jusqu’aux ruches installées dans la BPAL sur le territoire de la commune des Lilas. Elles sont le fruit du travail de l’association « Le rucher des Lilas » dont l’initiative a retenu l’attention du comité syndical.
A l’automne prochain, une seconde implantation de ruches doit voir le jour sur la commune de Romainville. Neuf ruches seront installées sur la butte dominant le jardin bordant le château de Romainville. Initiée par la région et financée sur le budget du comité syndical de la BPAL, la rédaction du projet et sa mise en oeuvre ont été confiées à cette même association.
Le but est de développer des colonies qui serviront à féconder le milieu naturel de la friche puis de la base. C’est aussi l’objectif de mettre en place un ensemble de ruchers conservatoires de l’Abeille noire d’Ile-de-France. Cette espèce locale fait l’objet de mesures de protection et de suivi scientifique. L’installation des neuf ruches participera à cette mission dans le but de multiplier les souches de ces abeilles noires et de constituer des cheptels en cas de pertes importantes.
Le rôle des pesticides et insecticides
Les promeneurs en ont appris beaucoup grâce à Miguel Perez de l’association : sur les habitudes de nos précieuses pollinisatrices, sur la fragilité de leur équilibre de vie, ultrasensibles comme il est aujourd’hui avéré à la pollution des pollens qu’elles transportent. Des pollutions qui n’ont pas qu’un effet direct d’agression sur leur métabolisme, mais interviennent aussi dans la baisse de leur système immunitaire qui, affaibli, ne se défend plus contre les parasites communs que les abeilles portent sans en être habituellement génées. C’est ainsi que se déciment de nombreuses ruches. L’un des premiers soucis des animateurs du « Rucher des Lilas » a été de savoir si la commune de Romainville avait recours aux traitements chimiques dans l’entretien des espaces verts et des arbres d’alignement de voiries ! Autre précaution aux promeneurs : ne pas s’approcher des ruches avec le portable allumé ! Un téléphone mobile simplement posé sur la ruche, et c’est la production de la reine diminuée de moitié ! Car cette association oeuvre de la manière la plus naturelle possible pour installer les précieux essaims et offrir aux colonies d’abeilles des conditions de vie les plus proches de leur habitudes.
Une ruche naturelle
A cette fin, elle a choisi d’installer un type de ruche reconnu pour sa conception très proche de l’écosystème des abeilles : la ruche Warré, du nom de l’évèque qui l’inventa dans la première moitié du XXe siècle. A l’inverse des ruches commerciales qui utilisent des séries de plaques aux alvéoles préformées, cette ruche n’a que de simples barettes fixées au plafond du caisson à partir desquelles les abeilles vont créer elles-mêmes leur propres alvéoles, à la taille qu’elles désirent. Toute une série d’observations ont permis à l’abbé de recréer des conditions d’intervention qui préservent par exemple la chaleur naturelle régnant au sein de la ruche, chaleur qui est détruite lors des interventions sur les ruches classiques (1)… Exposé passionnant, public conquis… prochain rendez-vous à l’automne pour l’implantation des neuf nouvelles ruches !