Comment s’est décidée votre candidature sur cette cinquième circonscription législative ?
Au regard du travail que j’effectue depuis que je m’investis sur la commune de Boucau. Ma candidature a été approuvée par Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) en Assemblée générale. Puis validée par les instances régionales et nationales du parti.
Vous vous présentez sous la bannière Amalur, coalition d’EE-LV et du parti abertzale social-démocrate Eusko Alkartasuna. Quel est le sens de cette association ?
La complémentarité. Cela permet d’avoir une couverture autant d’un côté que de l’autre. On a tendance à enfermer EE-LV dans l’écologie. Nous avons une vision culturelle, économique et sociale.
Eva Joly a réalisé 3,32 % sur la circonscription. Quel score envisagez-vous ? Craignez-vous que les électeurs aillent vers la candidate socialiste dès le premier tour ?
Ce sont des élections différentes. Pour les présidentielles, il y a eu un vote utile, à mon grand regret. Là, ce sont des personnes locales qui vont parler de problèmes locaux. Je veux dépasser les 5 %.
Quelle est votre position sur la construction d’une LGV au Pays Basque Nord ?
Un réseau existe. Il faudrait le rénover en l’équipant d’antibruit. Au lieu de ça, on va exproprier des terres, ce qui entraînera la disparition d’exploitations et d’espaces verts. Sans compter le coût : 76 millions d’euros ont déjà été accordés par le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques pour le tronçon Tours-Bordeaux. Il vaudrait mieux mettre cet argent dans le social.
Vous vous érigez contre le projet, tout en étant (EE-LV) allié au Conseil régional d’Aquitaine avec le PS, lui-même partisan de la LGV. Comment sortez-vous de cette contradiction ?
C’est l’intérêt des élections législatives : avoir un groupe qui soit représenté. Pour qu’il puisse faire avancer des réflexions, interpeller des ministres, participer à des groupes de travail. A la Région, nous sommes dans la majorité, mais minoritaires. D’où l’importance d’avoir un score élevé au premier tour.
EE-LV se dit favorable à une Collectivité territoriale Pays Basque, mais participe à la Région à la création d’une Eurorégion Aquitaine-Euskadi. Là encore, les deux positions sont-elles conciliables ?
Une première réunion a eu lieu il y a six mois. On attend de voir comment cette Eurorégion se construit. Alice Leiciagueçahar (Conseillère régionale d’Aquitaine et candidate d’EE-LV sur la quatrième circonscription, ndlr) suit le dossier pour nous à la Région.
Que proposez-vous pour la langue basque ?
De développer l’offre dans l’enseignement public. Qu’il y ait trois filières, basque, bilingue, français, en favorisant les deux premières. Comme cela se fait de l’autre côté (en Pays Basque Sud). La filière monolingue (espagnol) est en train de disparaître. A Boucau et Anglet, pourquoi ne pas avoir aussi une offre en occitan-gascon ? Etre dans le bilingue n’est pas un enfermement, mais au contraire une ouverture d’esprit.
Vous militez activement, au plan associatif, sur le Port de Bayonne. Quel avenir lui voyez-vous ?
Il faut arrêter de dire qu’on est contre l’industrie. Notre exigence, c’est d’avoir des entreprises qui respectent l’environnement, les salariés et les gens qui vivent à côté. Nous demandons des contrôles sanitaires avec des inspecteurs indépendants pour qu’elles répondent aux normes. La France perd énormément d’argent parce qu’elle ne respecte pas ces normes, en payant des amendes à l’Europe. En période de crise, autant garder cet argent pour l’investir dans le social, la santé, le logement.
Votre hostilité à la venue de Yara (transit de nitrate d’ammonium) s’inscrit-elle dans cette logique ?
Oui. Le train Yara passera dans une zone à risque, entre l’usine de pétrochimie LBC, classée Seveso – le seuil de dangerosité maximale – et l’aciérie Celsa, alimentée en oxygène liquide. En cas de problème, il faudra repartir en urgence car le train sera en bout de piste, ce qui nécessitera de garder à disposition une autre équipe.
Quels sont les autres problèmes qui menacent selon vous le Port ?
Des grosses multinationales ont laissé des terrains pollués en partant. A la raffinerie du Midi, il n’y a pas de véritable volonté de Total de dépolluer rapidement. La Saadeg, qui était en liquidation judiciaire, a été vendue aux enchères pour 30 000 euros. Qui va dépolluer, sachant que la dépollution d’une partie du terrain est estimée à 185 000 euros ? A Fertiladour, quand la Région a voulu racheter le terrain 6 millions, nos élus sont intervenus. Il y a eu une expertise d’un laboratoire indépendant, Acro, qui a établi la pollution radioactive. La contre-expertise de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) l’a confirmée. Un comité de soutien aux victimes a été créé. On demande une étude épidémiologique sur les salariés et les riverains.
Avez-vous des solutions à la crise du logement ?
Nous proposons la rénovation des logements vétustes, le passage à 30 % de construction de logement sociaux dans les communes et la taxation des résidences secondaires. En 2008, à Boucau, il y avait 16 % de logements vides, alors que les gens ne trouvent pas à se loger.
En quoi serez-vous une meilleure députée que le sortant Jean Grenet ?
Je n’ai pas de mandat particulier, je suis totalement libre de mon temps. Si je suis élue, je ne serai plus conseillère municipale de Boucau. En terme d’absentéisme, je ne serai donc pas comme lui. Je pourrai assumer la fonction.
NOM : THEBAUD
Prénom : Marie-Ange
Age : 54 ans
Profession : Sans emploi
Domicile : Boucau
Famille politique : Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) ; se présente avec la coalition Amalur (EE-LV et Eusko Alkartasuna)
Parcours et mandats : Conseillère municipale du Boucau depuis 2008, élue sur une liste associative divers gauche (33,01 %) ; candidate d’EE-LV aux régionales de 2010 sur la liste de Monique de Marco (10,31 %, non élue), candidate EE-LV aux cantonales à Bayonne-Nord en 2 011 (12,72 %, non élue)
Suppléant : Philippe Duluc, 48 ans, professeur d’Anglais, membre d’Eusko Alkartasuna
Pierre MAILHARIN