Que ce soit l’abandon du plan social chez Goodyear ou encore, la condamnation de Valeo pour exposition à l’amiante de ses salariés, l’actualité interroge plus que jamais la pérennité des industries locales.
Si on ne peut que se féliciter de voir reconnu le préjudice subi par les salariés de Valéo dans leur combat pour la reconnaissance même partielle, de ce préjudice, si on ne peut que saluer la combativité des salariés de Goodyear et accueillir, avec un soulagement que nous souhaitons durable, les dernières informations sur le conflit dans cette entreprise, il semblerait qu’il soit temps de cesser d’être dans la réaction et admettre qu’il faille anticiper, se poser la question fondamentale de l’ avenir de l’industrie en général et automobile en particulier , dans notre région.
L’industrie automobile relève d’une longue tradition sur notre territoires, ces évènements viennent confirmer que ce modèle tel qu’on l’a connu arrive à son terme, ce secteur vit une crise structurelle liée à la fois à une surcapacité de production en Europe, à l’augmentation du coût des matières premières, du pétrole et aussi aux enjeux face auxquels nous place la question des émissions de CO2 et de leur nécessaire réduction. Ces constats doivent nous orienter sur une première piste de reconversion de l’économie dans ce secteur qui consiste à passer d’une logique de profit à une logique d’investissements dans la recherche et le développement répondant au défi du changement climatique.
L’espace industriel d’Amiens nord qui s’étend sur 500 hectares employait à l’origine 20.000 salariés. La période de désindustrialisation des années 70 passée, ils ne sont plus que 12.000 aujourd’hui. La zone industrielle s’est lentement dégradée : bâtiments à l’abandon ou insalubres, voiries, éclairages, signalétiques, transports se sont détériorés.Les efforts consentis par les acteurs institutionnels ou économiques n’ont pas réussi à inverser la tendance.
L’espace industriel nord offre pourtant un potentiel formidable pour une reconversion écologique, tant du point de vue de ses activités que de son aménagement. Il s’agirait avec l’ensemble des acteurs concernés, de mettre en œuvre une intervention en profondeur pour permettre à l’Espace Industriel Nord de renforcer son attractivité, de réduire les friches immobilières dans le but final d’obtenir une zone redensifiée et gérée durablement.
Parmi les axes de travail, il pourrait être envisagé une réflexion sur l’ autonomie énergétique de la zone, une exemplarité en terme de transformation de déchets, une innovation en matière d’usage des six sites classés SEVESO et qui handicapent le développement des autres activités aux abords, une approche financière de la gestion de la zone, des actions innovantes d’animation et de mise ne place de nouveaux services au profit des entreprises et de leurs salariés.
Ailleurs dans la circonscription, les effets du déclin de l’industrie textile, le départ des derniers sous-traitants automobiles se font douloureusement sentir ; le chômage des jeunes dépasse de 3 points la moyenne nationale. Pourtant aucune stratégie globale de reconversion n’existe pour les territoires ruraux du Val de Nièvre et de la Vallée de la Somme. Là aussi il existe des pistes prometteuses à explorer autour de productions locales non délocalisables (production alimentaire, végétale, énergétique) autour de l’éco-construction.
Les écologistes ne sont pas des oiseaux de mauvaise augure, nous constatons comme tout un chacun les dégâts de politiques aveugles à un monde en pleine mutation, mais loin de nous devoir nous résigner de céder à un fatalisme aussi inutile qu’improductif nous affirmons que des solutions existent pourvoyeuses d’emplois de qualité, durables, non délocalisables . C’est la bonne direction, celle que je vous propose de suivre.