Invitée le 10 avril dernier par Didier Davitian, président de l’association des anciens de Sciences Po et des grandes écoles à la Société Nautique pour un déjeuner sur le thème « la présidentielle vue de Marseille ». Retrouvez ici mon témoignage.
* L’abstention
On redoute une forte abstention en France, en particulier des jeunes et dans les quartiers. C’est une inconnue majeure du scrutin. Si ce risque se confirmait, cela serait un signe inquiétant du décrochage d’une partie de la population d’avec les institutions républicaines.
Or l’abstention a toujours été plus forte à Marseille que sur l’ensemble du territoire national.
* Le vote Le Pen
Le Front National a toujours réalisé des résultats en PACA supérieurs à sa moyenne nationale. C’est également le cas à Marseille. Une chose est sûre, en tout cas, le thème de l’immigration est présent dans les débats, bien au-delà de l’électorat traditionnel du Front National. On sera donc très attentif aux résultats qu’obtiendra Marine Le Pen à Marseille.
On fait souvent le parallèle avec le vote Mélenchon. Mais pour beaucoup de gens, le vote Le Pen est considéré comme un vote de rupture plus radical, un vote anti-système, alors que le vote Mélenchon s’inscrit dans une dynamique d’union de la gauche. Enfin, contrairement aux idées reçues, Marine Le Pen est populaire chez les jeunes, où un récent sondage (CSA Le Monde) la crédite de 26% des intentions de vote, en tête de tous les candidats.
Cette situation est inquiétante. Plutôt que de dénoncer le populisme, il est urgent de renouer les liens entre la classe politique et les citoyens. La fin du cumul des mandats, une législation sévère contre les conflits d’intérêts sont l’une des solutions qu’avec ma formation politique, j’entends développer dans cette campagne présidentielle et lors des élections législatives qui suivront.
Et nous savons qu’à Marseille, plus qu’ailleurs, le règne du clientélisme fait des ravages.
* L’emploi et le pouvoir d’achat
Comme l’ensemble de la population, les Marseillais sont inquiets pour leur emploi et pour leurs salaires. Ils voient dans la mondialisation une menace de délocalisation des emplois et une pression constante à la baisse du pouvoir d’achat.
Je ne crois pas que l’on pourra répondre à ces problèmes par la création massive d’emplois publics. Nous sommes tenus par des contraintes financières. Les solutions sont à rechercher, dans le cadre d’une économie ouverte, dans la baisse du coût du travail sans réduction du pouvoir d’achat : l’allègement des charges des entreprises – c’est-à-dire du poids des cotisations sociales, au moins pour les bas salaires – est l’une des réponses à apporter, qui constituerait une bouffée d’oxygène pour les PME/TPE.
L’autre réponse est celle de la protection des entreprises françaises et européennes, qui poserait le principe d’une compétition plus loyale entre les pays européens et ceux qui ne respectent pas les normes sociales et environnementales minimales. C’est l’idée d’un protectionnisme aux frontières de l’Europe : c’est question ne doit plus être taboue.
Marseille, deuxième ville de France, a un revenu moyen par habitant bien inférieur à la moyenne nationale. La précarité y est particulièrement forte. Ces deux thèmes du pouvoir d’achat et de l’emploi sont donc prioritaires, même si le logement et la sécurité sont également deux sujets très sensibles dans notre ville.
* Mon souhait : la prise en considération de l’environnement et du climat.
N’oublions pas que le département des Bouches-du-Rhône est l’un des départements les plus pollués de France et que des risques de sécheresse sont annoncés pour cet été.
Laurence Vichnievsky