Epandages de Pesticides dans le ciel Landais



Dérogations d’ épandages de pesticides dans le ciel Landais

En 2012, 3 demandes de dérogation ont été déposées dans les Landes : 2 venant de l’AGPM (traitement de maïs grain et de maïs doux), 1 venant d’Euralis (traitement de maïs semence). Elles seront (ou non) validées par le préfet, après avis du CODERST ( Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques) le 11 Juin 2012. Ces épandages aériens d’insecticides (neurotoxiques) et d’antifongiques (inhibiteurs de divisions cellulaires) concernent une grande partie de la Haute Landes et une partie de la Chalosse. Certaines communes seront « arrosées » 3 fois: Parentis, Saugnac et Muret, Solférino, Sore, de mi-Juin à mi-Octobre. Ces substances (organo-chlorés et organo-bromés, triazole) sont toxiques pour ceux qui les utilisent, la biodiversité, l’environnement, la santé et les finances publiques.

Nous rappellons notre opposition à l’utilisation massive par l’agriculture de pesticides dont la nocivité n’est plus à démontrer :

• ils génèrent des maladies neurotoxiques, des perturbations endocriniennes, etc.. qui touchent les agriculteurs mais aussi la population environnante car leur dispersion dans l’atmosphère dépasse largement les limites des parcelles traitées comme le montrent de nombreuses études (l’INERIS en 2000, évaluait à 50% la dérive lors du traitement par hélicoptère)
• ils tuent indistinctement la microfaune et tous les insectes au premier rang desquels les abeilles
• ils se retrouvent de façon permanente dans les eaux des rivières et des nappes phréatiques, rendant difficile et coûteuse la potabilisation de l’eau.

Une directive européenne du 21 octobre 2009 interdit l’épandage de pesticides par voie aérienne pour des raisons évidentes de protection de la santé et de l’environnement, mais prévoit la possibilité de dérogations à titre exceptionnel. La loi Grenelle II du 13 Juillet 2010 interdit elle aussi ce type d’épandage.Malgré cela un arrêté du 31 mai 2011 autorise les préfets à accorder des dérogations. Une circulaire du ministère de l’agriculture du 5 mars 2012 introduit de nombreuses exceptions à cette interdiction d’épandage aérien, ouvrant la voie à une pratique de dérogations organisées. Au mépris des attentes d’une majorité de la population désormais avertie des dangers potentiels de telles pratiques et en contradiction tant avec la directive européenne qu’ avec les actions engagées par l’Etat lui-même ou les collectivités pour réduire l’utilisation des pesticides. ces dérogations ne sont pas recevables, et de plus contestables devant la commission Européenne.

1- Le « Grenelle 2 » (art.103 ) pose le principe de l’interdiction d’épandages aériens de pesticides, avec possibilité de dérogation de l’autorité administrative (art. L. 251-3) « ..lorsqu’un danger menaçant les végétaux, les animaux ou la santé publique ne peut être maîtrisé par d’autres moyens ou si ce type d’épandage présente des avantages manifestes pour la santé et l’environnement par rapport à une application terrestre »,..» .

2- L’arrêté du 31 mai 2011 fait apparaître qu’on est loin du principe légal d’interdiction, et du caractère exceptionnel des dérogations (code rural art.L253-8). Il n’exige qu’une évaluation des produits utilisés en traitement aérien, alors que la directive européenne du 21 octobre 2009 stipule: « les produits utilisés doivent avoir fait l’objet d’une évaluation spécifique à cet usage aérien ».

3- Directive Européenne n° 2009/128/CE du 21/10/09 instaurant un cadre d’action communautaire pour parvenir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable.

•Art.5: « Pour faciliter la mise en oeuvre de la présente directive, il convient que les Etats membres aient recours à des plans d’action nationaux visant à… réduire les risques et les effets de l’utilisation des pesticides sur la santé humaine et l’environnement et à encourager le développement et l’introduction de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures et de méthodes ou de techniques de substitution en vue de réduire la dépendance à l’égard de l’utilisation des pesticides. »

•Art.14 : La pulvérisation aérienne de pesticides est susceptible d’avoir des effets néfastes importants sur la santé humaine et l’environnement, à cause notamment de la dérive des produits pulvérisés. Il convient donc d’interdire d’une manière générale la pulvérisation aérienne, avec possibilité de dérogation seulement lorsque cette méthode présente des avantages manifestes, du point de vue de son incidence limitée sur la santé et sur l’environnement par rapport aux autres méthodes de pulvérisation, ou lorsqu’il n’existe pas d’autre solution viable, pourvu qu’il soit fait usage de la meilleure technologie disponible pour limiter la dérive. ».
Il en existe.

4- La charte de l’environnement adossée à la constitution française
donne « un droit à l’information environnementale ». En réalité une information tout relative du public par affichage en Mairie. Le droit Européen oblige l’opérateur à disposer de fiches de données de sécurité des produits pulvérisés, une information du public et des apiculteurs 48h avant. Délai trop court pour le transport des rûches.
Les citoyens ont un droit à la transparence sur ces sujets impactants leur vie quotidienne et leur avenir. Grâce à une communication authentique, diffusée largement, sur ces dérogations: les dates d’épandages aériens, les substances concernées et leurs effets toxiques.Les alternatives positives à ces pratiques.

5 – Ex. de trois pesticides qui seraient pulvérisés dans l’ air :
CORAGEN : toxique pour les organismes aquatiques.
PEARL / DECIS PROTECH : perturbateur endocrinien et neurotoxique .(http://sitem.herts.ac.uk/aeru/footprint/fr/Reports/205.htm)
HORIZON EW / BALTAZAR : toxique pour les organismes aquatiques.
(http://e-phy.agriculture.gouv.fr/cmt/100258.htm)
6 – La période choisie pour l’épandage est une époque de floraison, celle où les abeilles butinent . Il n’est plus à prouver l’importance qu’elles ont et l’impérieuse nécessité de les protéger.
7 – La perte d’attractivité du territoire pour l’économie touristique, si l’information était diffusée réellement.

8 – Les vraies alternatives
La prolifération de la Pyrale du maïs n’est pas une fatalité, c’est la conséquence d’une monoculture intensive.La concentration d’une même culture sur un territoire, la faible diversité génétique des semences utilisées et des sols fortement fertilisés en azote favorisent les maladies et le mauvais état sanitaire des cultures. Les solutions sont à trouver par des méthodes de luttes écologique et biologique : 
•La rotation des cultures.
•L’utilisation de semences paysannes résistantes et mieux adaptées aux terroirs est également une pratique à développer et de nature à se passer des béquilles que sont les intrants chimiques pour les cultures.
•Des auxiliaires tels que les Trichogrammes (parasitoïdes) se reproduisent grâce aux œufs de Lépidoptères et empêchent la naissance des chenilles ravageuses de Maïs.
•La lutte mécanique avec le Sésamor, un rotovator puissant qui lutte efficacement contre la sésamie.

Le problème de parasitage de scolytes dans la forêt landaise trouve également sa solution par la lutte biologique.
Des pratiques culturales moins onéreuses et écologiquement viables.
Le Réel changement serait de considérer les incidences et externalités de ces choix politiques, et initier un cadre législatif restrictif sur ces dérogations de complaisance. En particulier, celles sur les pesticides interdits par la législation Française et Européenne pour leur haute toxicité et les épandages aériens dérogeant à la loi et à la raison.

Malgré les budgets gigantesques de propagande et de Lobbying dépensés par les représentants d’industries une autre agriculture est possible et souhaitable pour tous.