Chape de plomb sur les RASED
Après avoir en 5 ans mis à genoux un dispositif souple et qui avait prouvé son utilité depuis les années 90, les Réseaux d’Aides Spécialisées aux élèves en Difficulté (RASED), le candidat Sarkozy prétend désormais « Sauver les enfants en perdition pour sauver l’équilibre de notre société » par un nouveau dispositif baptisé « conseil de soutien ».
Ce nouvel argumentaire de campagne est d’une hypocrisie totale. Comment imaginer qu’un conseil qui se réunira « régulièrement » dans l’école pour identifier les problèmes et ensuite faire un certain nombre de prescriptions, telles que conseiller à un élève de prendre rendez-vous chez un orthophoniste, peut vraiment se substituer à l’approche personnalisée, au contact de l’élève en difficulté, d’un enseignant spécialisé ?
Lorsque l’on se propose de sauvegarder rien de moins que l’avenir d’enfants en grande difficulté et l’équilibre de notre société, d’en faire qui plus est une priorité du prochain quinquennat, cela va sans doute même au-delà de l’hypocrisie…
Si le sujet n’était pas si grave, on pourrait le présenter comme une promesse de plus dans la litanie du candidat UMP. Mais puisqu’il s’agit d’enfants et de l’avenir de notre société, puisqu’il s’agit de la souffrance de dizaines de milliers d’enfants et de familles, le jeu électoraliste censé masquer les faillites du précédent mandat est d’une grande médiocrité.
Le RASED figure parmi les premières victimes du dogme de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, parce que ces enseignants spécialisés sont moins visibles des parents et impactent moins sur les effectifs dans les classes. Résultat : plus du tiers des effectifs disparu en 5 ans…
L’aide personnalisée et les stages de soutien n’ont en rien remplacé les RASED. Le dispositif est utile mais ne s’adresse pas de la même façon aux enfants en difficulté. Le regard extérieur et spécialisé du RASED est irremplaçable.
Les outils qui existent sont bien sûr à faire évoluer, à redéfinir, à renforcer, pour parvenir à cet objectif difficile qu’est la réussite de tous les élèves. Mais une chose est sûre : la voie empruntée ces dernières années, qui a aboutie, pour des raisons avant tout budgétaires, à cette situation dans les RASED, à la suppression de postes « Éducation Nationale » dans les CMMP (Centres Médico-Psycho-Pédagogiques), à la disparition des postes de psychologues scolaires… est une impasse dramatique.
Ce sujet important et grave sera en débat au cinéma des Carmes, après la diffusion du film de Pierre Nicola, Un parmi les autres, qui présente le travail de ces enseignants spécialisés.
Il sera urgent et en effet prioritaire de remédier à cette situation après les élections présidentielles. Nous devrons remettre en état de marche les outils qui permettent de prendre en considération les difficultés des enfants le plus en amont possible, avant qu’elles ne deviennent ingérables, avant que leur coût social n’ait pris des proportions énormes. C’est l’un des enjeux de l’indispensable changement d’orientation politique que j’appelle de mes vÅ“ux.