Un député est-il élu pour le bien commun des citoyennes et des citoyens ? La réponse semble évidente, mais en est-il de même pour tout le monde ?
Le 13 juillet 2010, Yvan Lachaud, Nouveau Centre, et plusieurs de ses collègues, déposent une proposition de loi visant à interdire l’utilisation des phtalates, des parabènes et des alkylphénols.
Ces produits chimiques sont incorporés à une multitude de produits de grande consommation allant des tuyauteries aux emballages, en passant par une pâte à tartiner bien connue des gourmands.
L’usage de certains d’entre eux a déjà été interdit par l’Union européenne. En vertu du principe de précaution, la proposition de loi vise à interdire totalement la commercialisation de produits contenant ces molécules.
Les arguments des adversaires à cette loi sont principalement économiques, au sens mercantile du terme : son adoption susciterait de nombreuses difficultés, en particulier pour la filière plastique, avait argumenté un opposant à cette loi. Sous entendu qu’il vaut mieux sacrifier notre santé plutôt que d’imposer des normes la préservant.
Cette proposition de loi a été adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale le 3 mai 2011, grâce aux voix de 19 députés de l’UMP, mais pas grâce à celle de mon adversaire dans cette législative.
Dans le débat qui m’opposa à lui le 4 juin dernier à la rédaction de La République du Centre, il a reconnu avoir commis une « gaffe » en votant contre ce texte.
En séance du 09 avril 2008, après un débat controversé à l’Assemblée comme dans la presse, est adoptée une loi sur les OGM. Cette loi se veut de préserver l’équilibre trouvé entre la liberté des uns de consommer et de produire avec OGM et celle des autres de consommer et de produire sans OGM.
Des associations, les écologistes ainsi que toute la Gauche sont très réservés sur cette loi. Même si nous ne sommes pas contre l’utilisation des OGM en milieu confiné à des fins pharmaceutiques, nous voulons attirer l’attention sur le fait que les connaissances sur ces cultures ne sont pas suffisantes.
Trois décrets du 19 mars 2007, encadrant la mise sur le marché d’OGM, la dissémination volontaire et sur la clause de sauvegarde contre le maïs Monsanto 810 montrent les doutes sérieux qui existent sur cette technologie nouvelle, dont les effets restent largement incertains.
Cette loi a été adoptée avec la voix de mon adversaire. Était-ce une autre gaffe ?
En Mars 2011, une loi a été proposée tendant à rendre obligatoire l’étiquetage nutritionnel pour toutes les denrées alimentaires. Une directive européenne prévoit cette mesure, mais de façon facultative. Cette proposition de loi envisageait de la rendre obligatoire, comme l’ont fait un certain nombre de pays, au premier rang desquels figurent les États-Unis depuis 1994, mais aussi le Canada, le Brésil, la Nouvelle-Zélande, l’Argentine, l’Australie, Israël, la Malaisie, le Paraguay, l’Uruguay…
Pourquoi une telle loi ? En France, nous assistons à une épidémie d’obésité et de diabète. L’ excès pondéral touche 46,50 % des Français. Avant la fin de la décennie, cela concernera plus de la moitié de nos concitoyens. Deux facteurs majeurs expliquent ce surpoids : les désordres nutritionnels liés à un défaut d’information et l’insuffisance d’exercice physique. Ne pas voter un tel texte c’est encourager la malbouffe, l’obésité, le diabète, le développement accru de cancers, de maladies métaboliques, de maladies cardiovasculaires
Et pourtant, cette proposition de loi a été rejetée par l’UMP, avec la voix de mon adversaire. Une fois encore, était-ce une gaffe ?
A moins qu’au regard des arguments évoqués par la droite lorsqu’ils étaient en cours de débats à l’Assemblée, la raison soit plus profonde : le rapport mercantile, l’influence de lobbies.
La mise au second plan de la santé des citoyennes et des citoyens, face à des raisons économiques, ne peut pas être excusée par quelques « petites gaffes ».