Après quelques provocations fallacieuses de Nicolas Sarkozy à Saint-Laurent des Eaux, l’UMP annonce aujourd’hui la visite de Jean-François Copé à Dampierre-en-Burly. Comment ne pas y voir une laborieuse tentative d’instrumentaliser le débat sur le nucléaire à des fins électoralistes, une manÅ“uvre mesquine, sur un sujet aussi sérieux et important, de rêver de dissensions au sein de la gauche…
C’est sans doute une simple stratégie pour focaliser le débat ailleurs que sur leur bilan, mais que les sarkozystes ne s’attardent pas à fausser la donne de cette façon : en réalité, malgré ces petites manigances médiatiques, il n’y aura pas d’antagonisme sur le sujet.
Il y a consensus aujourd’hui sur l’impérieuse nécessité d’axer la politique de demain sur l’efficacité énergétique, les économies d’énergies et le développement des énergies renouvelables. Un scénario tout à fait plausible, dont les contours sont explicités de façon crédible (voir par exemple le scénario Négawatt http://www.negawatt.org/scenario-negawatt-2011-p46.html). C’est d’ailleurs dans ce virage énergétique que se trouve le véritable enjeu de demain en termes de création d’emplois et d’une authentique indépendance en France.
De ce constat découlera tout naturellement la possibilité d’abandonner progressivement la menace nucléaire et l’impossible gestion de ses déchets.
Alors, plutôt que de tomber dans ce piège électoraliste, courez voir au cinéma des Carmes le très beau premier film de Michale Boganim, « La terre outragée », qui est sorti mercredi dernier : il ne s’agit pas d’un documentaire écologiste sur la tragédie nucléaire de Tchernobyl, mais d’une réflexion sensible et touchante sur notre attachement à la terre de notre enfance, notre lien tout naturel à ces lieux où nous avons construit notre histoire familiale et nos relations amicales. Lorsque la catastrophe détruit ce lien à jamais, c’est un déracinement insupportable. Lorsque cet attachement vient se heurter à la « zone interdite », c’est une douleur insurmontable.
Toute une région est sacrifiée et plusieurs générations sont déracinées, leurs destinées détruites.
Le risque est aussi celui-là , celui d’un monde où le temps s’arrête soudain, à jamais. C’est ce qui est arrivé à Pripiat en Ukraine et à Fukushima au Japon, par-delà même les milliers de vies perdues lors de la catastrophe.
Il y a 25 ans, la vie était douce à Tchernobyl, tout comme elle l’était il y a à peine plus d’un an à Fukushima. Plus rien n’y sera jamais comme avant. Faisons en sorte que nulle part ailleurs de tels drames risquent de se produire de nouveau.