Bien mauvaise nouvelle hier, apparue d’abord sur Mag’centre : contrairement à la première, la seconde enquête publique sur l’aménagement de la ZAC Carmes-Madeleine valide la destruction d’une partie de la rue pour rendre possible son élargissement.
Je n’ai pas encore eu l’occasion de lire le détail des conclusions de cette enquête, et je m’en tiendrai donc à ce qui est relaté sur le site d’informations, mais il semble bien que l’objectif de la municipalité de voir effacées les réserves émises à l’occasion de la première enquête ait été exaucé.
Le groupe local d’Europe Écologie Les Verts avait participé à cette consultation pour souligner l’absence de justification réelle pour l’alignement de la rue et ainsi la destruction de dizaines d’immeubles anciens.
La première enquête publique avait eu l’intelligence de donner un cadre plus large à l’opération d’aménagement du secteur Carmes-Madeleine, en insistant sur la nécessité de « garder l’esprit du quartier » et de « Ne pas élargir la rue des Carmes en démolissant ».
Ces réserves n’entraient pas dans les calculs de la majorité municipale, et il a donc fallu susciter une nouvelle enquête publique pour arracher un avis favorable qui fait la part belle aux contraintes marketing des aménageurs et des promoteurs plutôt qu’à une vision douce des aménagements d’urbanisme.
L’ironie de l’histoire, c’est que les nouvelles constructions doivent en principe accueillir la fameuse (fumeuse ?) « Maison des projets », dans ce remarqué « bâtiment signal résolument contemporain »… Prévue dans la charte de la participation citoyenne comme l’un des éléments-clés pour associer « régulièrement et durablement » le citoyen aux décisions publiques, « condition indispensable pour conduire une politique plus démocratique, plus efficace et plus en phase avec les principes fondamentaux du développement durable », cette maison des projets arrivera bien tardivement, bien après que la mairie se soit assise sur les très nombreuses expressions de refus de cet alignement.
Que l’avis sur la nécessité d’un aménagement de la ZAC soit favorable est tout à fait logique. Que les réserves aient été purement et simplement ignorées pour se conformer au projet municipal, en balayant nerveusement toutes les bonnes raisons de ne pas se lancer dans un projet aussi coûteux et aussi destructeur, est par contre surprenant, et décevant.
La piétonisation de la rue permettait de s’affranchir de l’élargissement. L’acharnement de la majorité municipale à le faire passer en force, envers et contre tout, a payé. Mais avec la perspective de nouvelles longues années de lourds travaux, cette pseudo-victoire aura très vite un goût amer pour tous, dès que l’ampleur des destructions deviendra visible à tous et dès que les nouveaux bâtiments ne seront plus des dessins flatteurs d’architectes mais des constructions réelles d’entrepreneurs pressés…
C’est la logique de l’opération de promotion immobilière qui semble l’emporter, mais je pense que cette façon d’imposer « coûte que coûte » un aménagement très controversé ne sera pas une victoire pour la majorité municipale.
[Article initialement publié sur le blog personnel de Jean-Philippe Grand : Alignement rue des Carmes : renversement déplorable (version originale à consulter pour avoir accès aux éventuels commentaires)]