« Bon anniversaire !
Dans une Révolution, il y a un avant qui porte les germes de la révolte, qui conteste, résiste et refuse l’injustice et la fatalité et puis il y ‘a un après qui débat, construit, se cherche et qui doit faire des choix. Le peuple tunisien est sur ce chemin… certes incertain et chaotique mais il avance ! Le succès des premières élections démocratiques du 23 octobre dernier en témoigne.
Bien sûr l’arrivée au pouvoir d’un parti islamiste soulève de légitimes inquiétudes. Des conflits autour de la laïcité éclatent. L’ingérence du religieux dans la sphère politique n’est pas porteuse d’espoir. Mais c’est la démocratie. Jouons le jeu. Et les démocrates doivent commencer à préparer l’alternance dès maintenant. A présent le peuple tunisien doit exercer une vigilance forte pour que les valeurs de la révolution comme la démocratie, la liberté et la dignité ne soient pas confisquées. Le peuple a relevé la tête et il saura s’exprimer si l’avenir de la Tunisie devait s’assombrir. Il est plus que jamais nécessaire et utile de consolider ou développer des passerelles avec nos voisins du Sud, notamment pour faire émerger des projets porteurs de changements attendus avec les acteurs de la Révolution. Je mesure mieux la portée du mot solidarité. Pour moi, l’année 2011 restera celle d’un immense espoir avec la révolution tunisienne.
J’ai éprouvé le besoin de resserrer les liens avec mon pays d’origine. Comme je me suis engagée récemment en politique, cette étincelle venue du Sud qui a fait bouger le monde ouvre de nouvelles perspectives passionnantes pour construire une vraie démocratie en Tunisie. La route sera rude et longue. Mais j’ai en mémoire l’envie de liberté, de s’exprimer, de dignité des tunisiens éprouvés par des années de dictature et rencontrés au cours de trois séjours en 2011 à travers des échanges passionnés avec des paroles enfin libres et combatives pour participer à un profond changement de ce pays.
Je pense aussi à la jeunesse tunisienne qui refuse le repli et a la volonté de s’ouvrir au monde. Cette jeunesse qui sait concilier Islam et modernité. La lutte des tunisiens est aussi la nôtre. Ici aussi le droit fondamental à la dignité doit fonder notre action politique pour plus de solidarité. Continuez mes amis tunisiens de nous étonner, d’inventer un avenir porteur d’espoir pour le peuple qui souffre. Le souffle du 14 janvier doit traverser les tempêtes »
Hédia Manaï-Bauchet