La Ligue des Droits de l’Homme dénonce la façon dont les manifestants sont criminalisés, en particulier sur le dossier de Notre Dame des Landes. Ce projet, cas d’école de ce qui ne doit plus être construit, est aussi un cas d’école sur le manque de démocratie et l’opacité à l’oeuvre chez les porteurs du projet. Sur ce sujet, UMP, PS, PC : même attitude !
Quelques rappels :
- un débat public sur le thème « NDL ou NDL »
- une base économique du projet bidonnée
- un refus total d’envisager les alternatives
- un contrat pont d’or à Vinci voté par des élus sous-informés, etc.
Communiqué de la LDH du 31 mars 2012 :
Depuis l’automne 2007, en Loire-Atlantique, dans une situation où des mobilisations larges et souvent unitaires se sont développées contre différentes politiques gouvernementales, des manifestations et des faits survenus à leur occasion ou à leur issue ont donné lieu à une répression policière, parfois suivie de condamnations judiciaires sévères, qui a semblé disproportionnée à beaucoup. Des manifestants ont également été gravement blessés à Nantes et à St Nazaire.
C’est pourtant exercer une des libertés publiques fondamentales que de pouvoir contester collectivement ce qu’on estime injuste et de pouvoir le manifester publiquement. Par delà les points de vue divers sur les revendications, le droit de manifester doit être totalement respecté. L’action de la police ne doit pas avoir pour effet de dissuader les citoyen-nes de participer à des manifestations ou actions collectives. Et la justice doit veiller à ce que des arrestations de manifestants ne soient pas l’occasion de poursuites injustifiées ou disproportionnées qui peuvent également contribuer à dissuader de manifester.
Depuis l’été dernier, des présences et interventions policières lors de manifestations contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes ou par ailleurs sur la zone concernée, apparaissent disproportionnées. Une personne a été gravement blessée lors de la manifestation à l’aérogare de Nantes Atlantique en juillet 2011. Des manifestants sont poursuivis en justice à la suite de l’action pacifique d’occupations d’arbres au square Mercoeur en septembre, à la veille des Rendez-vous de l’Erdre. La manifestation de soutien au peuple grec en février dernier a également été encadrée de manière très serrée par la police.
Ce samedi 24 mars, la présence inédite de la police, en très grand nombre, avec un hélicoptère et des véhicules anti-émeutes équipés de canons à eau, l’interdiction d’accès à certains endroits de la ville dès le matin, le ceinturage d’un périmètre aux accès contrôlés pour les personnes identifiées comme manifestantes, la prise de vue permanente des manifestants par des policiers munis de caméras donnaient le sentiment que l’acte de manifester était porteur de danger et pouvaient alors faire peur et décourager de manifester. Au regard de la protection des personnes et des biens ainsi que de la liberté d’aller et venir, quand il s’agit de manifestations, est-il vrai et adapté que montrer beaucoup de forces de police soit le meilleur moyen de ne pas avoir à s‘en servir ?
Les manifestations sont de plus en plus souvent présentées comme des moments d’affrontements potentiels entre « les policiers » et « les manifestants » et peuvent le devenir avec l’enchaînement pression – réaction. De la manifestation dangereuse, on passe au manifestant dangereux. Le manifestant, encore une nouvelle catégorie de l’Autre dont il faudrait avoir peur. Les organisateurs des manifestations sont fustigés avant celles-ci, comme responsables des débordements potentiels ou après des actes délictueux commis.
Cet engrenage doit s’arrêter. La démocratie se juge aussi à l’exercice du droit, de la liberté de manifester.