La question du « Comment en sommes-nous arrivés là ? » me tarabuste depuis longtemps. Au fil des années, les éléments de réponses s’enrichissent mutuellement. Je partage cette réflexion sur mon site internet personnel www.genevieve-lebouteux.com .
Voici ce que j’écrivais dans une lettre de campagne de 2008 :
Pollutions, réchauffement, disparition rapide d’espèces… L’état de notre terre est alarmant. Comment en sommes-nous arrivés là ? Notre mode de vie occidental est le premier responsable de la situation. Pourquoi ne pouvons-nous pas en changer tout simplement ? Parce que derrière ce mode de vie, il y a notre organisation économique qui pousse à toujours plus de destruction. Notre système économique reflète notre façon de voir le monde. Pour changer réellement de direction, interrogeons nos certitudes et, en tout premier lieu, celle de considérer l’espèce humaine comme séparée du reste du monde vivant.
Nous vivons une fin de civilisation. Plus grave, nous vivons une crise majeure qui met notre survie en péril, une période où les êtres vivants sont détruits jour après jour. Qu’y a-t-il au-delà de ce constat ? Telles des poupées russes emboîtées, couche après couche, se trouvent les causes profondes de la situation d’aujourd’hui.
Notre monde marche sur la tête
Tout d’abord, ce que nous voyons : réchauffement climatique, pollutions de tous ordres, aggravation des inégalités, destruction de la biodiversité, épuisement des ressources naturelles… Il y a désormais un quasi consensus sur ce constat alarmant. Quasi consensus aussi sur le fait que nous avons maintenant le devoir de changer les choses.
Notre monde marche sur la tête, et si je reprenais l’image des poupées russes, je dessinerais cette première poupée correspondant à l’état de notre monde, la tête en bas.
La raison de tous ces problèmes : notre mode de vie
Notre mode de vie occidental est responsable des dégâts écologiques et sociaux majeurs que nous traversons. Notre mode de consommation est basé sur le gaspillage, sur la création perpétuelle de prétendus besoins, sur des transports faramineux. Tout cela entraîne des pollutions et l’épuisement rapide des ressources de la planète.
Il faudrait trois planètes pour que tous les terriens vivent comme un Français moyen. Notre empreinte écologique de Français est trois fois supérieure à ce que la terre peut supporter. Il commence à y avoir consensus sur ce point. La notion d’empreinte écologique nous parle.
Ce qui conditionne notre mode de vie :
notre organisation économique, le libéralisme, soutenu par des décisions politiques
Les piliers du système économique dans lequel nous vivons sont le profit maximum, la compétition, la marchandisation de tout ce qui est possible de vendre et d’acheter (bientôt l’air pur ?), la non intervention de l’Etat dans les rapports économiques, la création monétaire aux mains des banques privées, frustrant l’Etat de moyens financiers. C’est même désormais le système financier (qualifié de « terroriste » par Geneviève de Gaulle) qui mène la danse, avec les graves répercussions sociales que l’on constate.
Ce point de vue est loin de faire consensus. Nombreux sont ceux qui partagent les deux premiers points mais pas celui-ci. Ils tentent de changer les choses tout en maintenant (et en renforçant) le système économique actuel : syndrome du pompier pyromane !
Ce qui sous-tend nos choix économiques et politiques : nos façons de voir le monde
Comment en sommes-nous arrivés là ? Notre système économique n’est pas arrivé par l’opération du Saint-Esprit ni parce qu’il serait « naturel ». Il est là car il reflète nos façons de voir le monde, nos certitudes sur nous-mêmes et sur le monde. Nous aurions grand intérêt à reconsidérer ces certitudes.
La première d’entre elles : nous croyons profondément que nous, les humains, appartenons à un ordre de l’existant qui est séparé du reste du monde vivant. Nous sommes persuadés que la nature est faite pour nous servir et pour que nous la dominions. D’après Daniel Quinn, philosophe américain, cette pensée d’une séparation entre les hommes et la nature est la plus grande responsable des désastres que nous avons créés et que nous continuons de créer sur terre, jour après jour.
Autres certitudes destructrices plus récentes : le mythe du progrès infini, le mythe de la toute puissance de l’économie, la croyance en la rareté (alors que nous croulons sous les surproductions), la croyance en « l’avoir plus » pour être heureux, la croyance en l’efficacité de la compétition, l’obsession de la nécessité de croissance économique…
Témoin de nos certitudes actuelles, nos indicateurs économiques sont totalement impuissants à alerter sur les dangers actuels. L’économie est pilotée avec un indicateur majeur : la croissance du Produit Intérieur brut qui additionne « bêtement » les échanges d’argent. Pour caricaturer, plus il y a d’accidents de voiture, de catastrophes à réparer, de drogue consommée… mieux cet indicateur se porte et plus nos hommes politiques se réjouissent ! Il est urgent d’utiliser de nouveaux indicateurs économiques, environnementaux et sociaux, définis en fonction des objectifs que nous nous fixons : vivre mieux, tous ensemble.