Ligne à grande vitesse POCL, le choix de faire autrement

Intervention contre le projet de cahier d’acteur favorable au tracé Ouest proposé en conseil municipal et en conseil d’agglomération, décembre 2011 (cliquer sur l’image pour voir la vidéo)

Le coût de la grande vitesse
Sur Paris Lyon, on estime à 1 M d’€ le coût de la minute économisée, 3,64 M pour le TGV Est. Les coûts ne cessent d’augmenter, pour un réseau de moins en moins performant. G.Peppy estime qu’1/3 des dessertes ne sont pas rentables. Dans le débat sur le pseudo « cadencement », RFF avance pour justifier la dégradation du service le chiffre de 13 milliards € de travaux de rénovation des voix. C’est à peu près le coût de la LGV POCL. Le programme du « Grenelle de l’Environnement » prévoit la réalisation de 4500km de nouvelles lignes à grande vitesse pour un coût global…de 103 milliards. Pourtant, le TGV, c’est seulement 300 000 usagers sur 5 Millions, soit 1 usager TGV pour 15 sur le reste du réseau. Dit autrement, on prévoit d’investir environ 35 000 € par usager du TGV, et 13 fois moins pour tous les autres.

On avance souvent pour la promotion de la grande vitesse l’argument « économique ». Comme il n’existe aucune étude démontrant un éventuel impact économique positif pour des villes secondaires, on évoque la facilité de déplacement pour les cadres supérieurs où l’arrivée des touristes à fort pouvoir d’achat. Oui, le TGV permet à ceux qui en ont les moyens, de voyager encore plus, de s’installer en province où d’acheter des résidences secondaires. Les autres voient l’offre de proximité se réduire, et sont contraints à l’utilisation de la voiture (exemple de l’axe Vendôme-Tours). Le coût élevé d’un billet de TGV , qui exclut un grand nombre d’usager (jeunes, chômeurs, familles, retraités modeste), ne semble pas poser de gros problèmes de conscience à ses partisans. Pourtant je vous le demande, en période de crise, est-ce vers les populations les plus aisées que doivent se tourner en priorité les investissements publics ?

Ceux qui profitent vraiment de la grande vitesse, ce sont les constructeurs privés des nouvelles lignes. Sur Tours-Bordeaux, VINCI n’assume qu’un tiers des investissements, le reste est porté par les collectivités. C’est pourtant la multinationale qui engrangera les bénéfices en louant ses voies à la SNCF. Par le biais des partenariats public-privés on assiste au détricotage du bien public, et je suis assez surpris du silence à ce sujet de beaucoup d’élus de gauche. En 1936, en pleine crise, une des premières mesure sociale de la gauche plurielle de l’époque (et il n’y avait pas d’écolo) avait été de nationaliser les lignes de chemins de fers. Aujourd’hui on assiste, avec l’assentiment des élus de tout bord, à la recréation de nouveaux monopoles régionaux, comme Vinci, qui avec la LGV et Cofiroute tient entre ses mains une grande partie du réseau de transports dans l’Ouest du pays.

Ni tracé Est, ni médian, et surtout pas Ouest.
La desserte de Blois par le TGV se fera forcément au détriment de la liaison classique Blois-Paris Austerlitz, réduite à la portion congrue. Le schéma présentant les sillons réservés aux différentes voies à leur arrivée à Paris est très clair sur ce point. Les hypothèses prévoient le report de 75% du trafic voyageur sur le TGV, ce qui signifie qu’on passera de 15 trains actuels entre Blois et Paris à, au mieux, 6 TGV et 4 pas TGV, soit une réduction d’un tiers de l’offre existante.

J’évoquerai rapidement la question environnementale, je sais malheureusement que pour beaucoup cette question est très secondaire. Je voudrais juste dire que d’écrire, comme c’est le cas dans ce cahier d’acteur, que« Les scénarios Ouest se caractérisent par leur moindre impact environnemental », alors qu’ils prévoient la traversée de la Beauce, le contournement d’Orléans, le franchissement de la Loire et une nouvelle saignée de la Sologne, c’est ce qu’on appelle en langage imagé faire passer des vessies pour des lanternes.

Le montant pharaonique des investissements pour les LGV est un des principaux moteurs de création de la dette publique. Leur financement pèse sur le budget des collectivités et les privent de ressources pour des investissements locaux prioritaires. Ils privilégient un mode de transport élitiste dont ne bénéficie qu’une infime part de la population. La « responsabilité » des élus (de gauche), c’est de faire des choix justes, qui profitent au plus grand nombre. La priorité doit être donnée au réseau existant et au développement du maillage ferroviaire de proximité, car c’est celui-là qui aura un impact positif sur l’environnement, le bien être et pouvoir d’achat de nos concitoyen.