Lettre à Monseigneur de Greminy

Monseigneur,

Je m’adresse à vous aujourd’hui en réponse à votre déclaration précédant le deuxième tour des élections présidentielles. J’ai préféré attendre que cette élection soit passée pour vous répondre, et vous faire part publiquement de mon désaccord.

S’il me semble tout à fait légitime que vous exprimiez les positions de l’Église catholique, et même que vous exprimiez les vôtres en tant que citoyen, vous ne pouvez appeler les chrétiens, tout du moins les catholiques, à voter contre les candidats favorables au mariage et à l’adoption des couples homosexuels, et donc par leurs votes faire réélire Nicolas Sarkozy, puisque vous leur indiquez de
refusez le vote blanc.

Même si je suis aujourd’hui plutôt à classer dans la catégorie des agnostiques, j’ai retenu de mon éducation catholique plusieurs points qui me semblent fondamentaux.

Tout d’abord, la foi est une question individuelle qui relève, comme le choix politique, du sentiment personnel. Si les responsables religieux ont toute autorité pour aider dans leur cheminement les fidèles, en leur indiquant les cadres proposés par l’Église, un prêtre, un évêque, n’a pas à dire ce que doit être la foi de chaque chrétien.

D’autre part, vous mettez en avant, pour guider le choix des chrétiens, certaines des valeurs de l’Église, vous n’en évoquez pas d’autres à mon sens au moins aussi importantes, qui font que je conserve aujourd’hui un vrai respect pour les institutions chrétiennes. Ces valeurs sont le partage et l’amour du prochain. Une déclinaison politique de ces valeurs peut expliquer que de nombreux chrétiens préfèrent soutenir des candidats qui défendent un meilleur partage des richesses et rejettent toute forme de discrimination. J’aurai apprécié par exemple que vous condamniez dans votre déclaration les positions favorables au rétablissement de la peine de mort, à la chasse aux Roms et aux sans-papiers ou à la xénophobie.

Enfin, je pense qu’il existe aussi dans votre Eglise des homosexuels qui souhaitent pouvoir se marier civilement, puisqu’ils ne le peuvent pas religieusement. Il en existe aussi qui ont des enfants, et qui les élèvent avec amour, tout comme peut le faire n’importe quel parent.

En conclusion, étant candidat au prochaines législatives, je tiens à vous informer que je suis favorable au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels. Vous pourrez ainsi faire votre choix en pleine conscience. Je suis aussi favorable au mariage des prêtres et à l’ordination des femmes, mais je ne me permettrais pas d’empiéter sur des questions qui ne relèvent pas de mes compétences.

Je suis tout à fait disposé à venir échanger avec vous, à débattre avec d’autres candidats sur ces thèmes de société, qui sont, vous avez tout à fait raison, importants pour l’avenir de notre pays.

Veuillez agréer, Monseigneur, mes salutations respectueuses.

François Thiollet,
candidat EELV pour la première circonscription du Loir et Cher