La communauté d’agglomération de Montpellier, partant du constat que les transferts de fiscalité induits par la réforme des collectivités territoriales, et notamment les transferts autour de la taxe professionnelle, grevaient ses recettes fiscales, décide d’augmenter la seule taxe d’habitation, jeudi 29 mars.
C’est un vrai souci.
D’abord parce que faire peser sur les seuls ménages, par la seule taxe d’habitation, la compensation nécessaire à l’investissement est un problème. La taxe d’habitation est un impôt injuste, dont les bases sont désuètes, le mécanisme de révision vicié et les mécanismes d’exonération insatisfaisants.
Dans un territoire où les loyers ont augmenté vertigineusement ces dernières années, la taxe d’habitation, calculée sur les loyers, est une double peine pour les locataires, qui voient leur taxe d’habitation augmenter parce que leurs loyers augmentent. Et les ménages ont déjà subit, en cinq années de sarkozysme, une avalanche de nouvelles taxes, de hausse de prix d’énergie, et de baisse de remboursement des dépenses de santé, pour ne pas en rajouter.
Mais au delà ce seul choix, la question se pose de savoir pourquoi ? Pour quels investissements ?
Je suis, pour ma part, convaincu que l’investissement des collectivités locales peut être l’un des moyens les plus sains de se servir de l’impôt pour aider à la création de richesses sur le territoire.
Mais ce constat ne va pas sans un examen critique et collectif des investissements.
S’il s’agit d’investissements réellement utiles au développement de nos territoires : de renforcer les couveuses d’entreprises innovantes, de soutenir l’insertion par l’emploi, y compris au sein des entreprises bénéficiaires des marchés publics, de créer des réseaux de transports non polluants couvrant tout le territoire, de constituer des réserves foncières pour freiner la spéculation ravageuse, de faciliter l’implantation d’une production agricole locale qui répondent aux besoins collectifs en circuit courts, de faciliter la rénovation des logements mal isolés, et garantir une offre abordable, si ces choix-là sont les piliers de l’action communale en temps de crise, une augmentation de la fiscalité peut être entendue.
Mais les investissements couverts par cette augmentation sont autres. On nous parle ainsi depuis des mois d’un grand chantier sur le stade de la Mosson, qui, faute de toit et de parkings, ne serait pas assez plein. Il faudrait donc, au mépris de toutes les réflexions sur les déplacements urbains, créer des parkings pour permettre à plus de véhicules d’accéder près du stade les soirs de match, 25 soirs par an, et de couvrir un stade pour 50M€, alors que l’on a refusé il y a à peine deux ans une candidature Euro2016 qui aurait amené d’autres financeurs à prendre en charge une mise aux normes qu’on ne jugeait alors pas nécessaire. Et pourquoi ? Parce que le stade n’est pas plein ?
Et bien, d’abord, les derniers matchs nous montrent que lorsque l’enjeu est fort, le stade se remplit, sans parkings ni toit. Et puis soyons sérieux. Le vélodrome de l’olympique de Marseille n’a ni place de parkings ni toit, et il est plein à craquer toute l’année. Ce prétexte n’en est pas un. Et si le MHSC a aujourd’hui le niveau d’un leader, il le doit d’abord à une politique sur le long terme, de formation et de gestion réaliste, pas à une politique d’équipement pharaonique ou favorisant le tout-voiture. Investissons autour du stade, améliorons encore ses accès par un réseau de transports doux, non polluants, qui serviront toute l’année et pas seulement les soirs de match. Travaillons à ce que le club, qui bénéficie d’un équipement public coûteux, ait une politique tarifaire réellement sociale, qui permette au plus grand nombre d’assister aux matchs.
Faisons le tri ! L’urgence est aux solutions durables. Et donc à la concertation et au débat. Je souhaite que toute la gauche y prenne part, et que nous construisions collectivement les projets, pour l’intérêt du plus grand nombre, et des générations à venir.
François Baraize