Avec Serge Perrin ( MAN)
Le monde du 21è siècle est marqué par un changement radical des modes de pensée du 20è.La pensée écologique s’est développée à partir du constat ancien mais pas bien intégré : la terre est ronde et donc limitée dans ses ressources. Il n’y a plus de possibilité d’étendre indéfiniment les marchés et les profits par le colonialisme et l’exploitation des richesses naturelles non renouvelables.
Dans les rapports sociaux aussi la nécessité d’un monde fini où nous devons tous vivre ensemble est apparu. Ce changement de « logiciel » de référence est incarné par la nécessité de revoir la construction des rapports sociaux et des luttes dans l’esprit de la non-violence.
Aujourd’hui les luttes écologiques sont non-violentes. Que ce soit les faucheurs volontaires, les actions anti nucléaires de Greenpeace, les résistances des instituteurs face aux mesures anti pédagogiques, les luttes d’aujourd’hui sont et seront non-violentes. A l’image des actions des grands leaders comme Gandhi ou Martin Luther King, la non-violence a fait son entrée dans la conception des luttes pour le changement en profondeur. En effet l’action non-violente s’attaque au changement des mentalités, vise à la prise en charge de leur vie par les citoyens.
La base de l’action non-violente est la non collaboration avec l’injustice.
Ainsi les citoyen-e-s sont invité-e-s à être les acteurs du changement, pour eux même autant que pour la société. L’action non-violente ne s’oppose pas à l’action politique des élu-e-s, elle la complète et renforce la société civile, garante des évolutions démocratiques et écologiques.
Les manifestations, les blocus, etc. attirent l’attention à un problème spécifique et peuvent amener le changement. La non-coopération (grèves, boycotts, le refus de suivre des ordres) et l’intervention (blocus, sit-in, action directe) en quelque sorte créent une crise et peuvent obliger au changement là où l’adversaire ne peut être persuadé (cependant, ne jamais utiliser de méthodes qu’on n’aimerait pas voir utilisées contre soi-même).
Caractéristiques de la non-violence
. respect absolu de l’adversaire et de tous celles et ceux qui sont impliqué-e-s
. considération envers tous et toutes
. refus de faire du mal ou d’humilier qui que ce soit
. si la douleur est inévitable, la volonté de la prendre sur soi-même plutôt que de l’infliger aux autres
. la conviction que chacun-e est capable de changement
. la volonté de faire appel à l’humanité de l’adversaire
. la reconnaissance de ce que personne n’a le monopole de la vérité, et la volonté donc de rapprocher notre vérité et celle de l’adversaire
. comprendre que les moyens sont en fait le but en devenir, et donc que les moyens doivent être en accord, compatibles avec notre but
. la préparation et la formation afin que notre attitude soit non-violente.
Pratiquer l’action non-violente
Chaque participant s’engage à respecter et suivre les indications suivantes :
. notre attitude sera de sincérité et de respect envers les gens que nous rencontrerons
. nous ne nous livrerons à aucune violence physique ou verbale
. nous ne porterons pas d’armes
. nous n’apporterons ni alcool ni drogues, sauf pour utilisation médicale
L’attitude et l’actions non-violentes s’appuient sur quelques principes de base : la cohérence entre fins et moyens.
La fin est dans les moyens comme l’arbre dans la graine”(Gandhi). Résister à la violence suppose la recherche de la justice par des moyens qui respectent l’intégrité de tout être humain. Les droits de la personne humaine ne peuvent être bafoués au nom de la Raison d’Etat ou du maintien de l’ordre;
la non coopération
La violence – de l’insulte jusqu’au meurtre ou toute autre forme de domination – ne peut durer que par une certaine forme de soumission de la victime vis à vis de son bourreau, des opprimé-e-s vis à vis des oppresseurs. C’est en réalité la passivité qui fait le lit de la violence. La résistance non-violence à l’oppression vise au contraire à opposer à celle-ci une attitude et des actions de non coopération.
Actions pour convaincre (jeûne, méditation, manifestations…) qui cherchent à interpeller la conscience de l’adversaire et à maintenir l’espoir d’une réconciliation.
Mais aussi actions pour contraindre (grèves, boycottage, désobéissance civile…) d’autant plus efficaces qu’elles sont collectives et programmées pour établir un rapport de force en faisant appel au poids de l’opinion publique;
le programme constructif.
Dans la résistance à l’injustice, il s’agit
- de mettre en œuvre de nouveaux réseaux de solidarité, de construire de nouvelles communautés pour la confrontation et le dialogue dans le respect des différences, de promouvoir un autre développement économique, social, et humain.
- et de commencer à réaliser ce qu’on revendique pour en démontrer la légitimé. C’est en ce sens que la résistance non-violente réconcilie conviction et responsabilité.