Voilà une chose de faite

7 mai 2012 -  En apportant majoritairement leurs suffrages au candidat socialiste, les électeurs français ont indiqué qu’ils souhaitaient tourner la page de 5 ans de tourmente qui succédaient à 5 ans d’atonie. On eût aimé que la majorité fût nette afin de bien signifier que la page se tournait définitivement.

Mais ne boudons pas notre plaisir pour quelques heures encore.

Mais ce vote n’est pas une fin en soi. Voter contre un mode de gouvernement qui accroissait les inégalités, creusait des fossés entre les Français et pour tout dire donnait une image assez déplorable de la France dans le monde, était nécessaire, mais ce n’est pas suffisant pour réussir le redressement qu’impose la situation dans laquelle  de trop longues années d’incurie et d’inconstance ont mises notre pays.

Les mesures de justice fiscale, de rigueur de gestion imposent en effet que le gouvernement puisse s’appuyer sur une majorité très diverse qui puisse garantir que les efforts  seront acceptés parce que il aura été imposé qu’ils soient partagés par tous.

Une profonde transformation de notre économie est devenue nécessaire car les recettes appliquées depuis 25 ans n’ont pas empêché la venue de crises à répétition ni permis qu’on arrive à en sortir. Elles n’ont pas non plus enrayé la lente mais inexorable dégradation de notre mode de vie et de notre environnement. La social-démocratie, comme le néolibéralisme sont sans réponse face à la crise écologique

C’est pourquoi, laisser une place hégémonique à un parti, le PS, qui a contribué pendant 10 ans sur ces 25 ans à nous mener dans cette impasse ne peut être en aucune façon la réponse adéquate car , seul, il serait tenté de revenir à ses recettes qui ont montré leurs limites.

Au premier tour, comme au second tour, nombreux ont été ceux qui en votant pour François Hollande ont manifesté qu’il fallait que cela change mais le scrutin présidentiel est ainsi fait qu’il ne permettait pas d’afficher simultanément qu’ils ne souhaitaient pas qu’on en revienne purement et simplement aux vieilles recettes de la social-démocratie.

Les débats au cours de la campagne et notamment entre les deux tours ont laissé trop de zones d’ombres sur le modèle de développement que souhaite le nouveau locataire de l’Elysée et ses amis de la rue de Solférino  pour que tous ceux qui souhaitent le changement maintenant, mais le changement vraiment, ne soient pas enclins à une certaine vigilance, voire sur certains points à une grande méfiance.

Le meilleur moyen pour que le changement attendu arrive est que le prochain gouvernement, celui sorti des urnes au mois de juin et non le gouvernement intérimaire qui sera formé le 15 mai, puisse s’appuyer sur une large majorité. Le meilleur moyen pour que ce changement soit un VRAI changement est que au sein de cette large majorité, les députés non socialistes, et notamment les écologistes, soient le plus nombreux possible.

L’exemple récent du changement de majorité au Sénat montre que cette diversité de majorité peut être féconde très vite si sa composition oblige à la prise en compte de toutes les sensibilités.

C’est pourquoi ce qui s’est passé dimanche soir est « une chose de faite« , ce ne sera « une bonne chose de faite » que si le 17 juin, au soir du second tour, le nouveau gouvernement peut s’appuyer sur une majorité large mais au sein de laquelle les députés socialistes ne seront pas majoritaires.

L’action politique, comma la nature à besoin de biodiversité : c’est une garantie de bonne santé et de robustesse. Seule cette diversité permet de résister aux épidémies et maintien une grande capacité à évoluer. Or des les mois qui viennent, il faudra évoluer très vite et réussir les mutations de notre société qu’imposent les impasses où un quart de siècle d’imprévoyance nous ont mis.

Dominique Guizien, candidat Europe Ecologie- les Verts aux législatives dans la circonscription de Morlaix