21.05.2012 – Madame Lebrun s’est vantée dans la presse locale d’avoir sauver 5.000 emplois. Plus c’est gros…..
C’est sûrement pour montrer qu’elle servait à quelque chose au Parlement Européen que madame Lebrun a fait connaître à la presse qu’elle avait réussi à bloquer une directive qui, selon elle, mettait gravement en danger 5.000 emplois. La performance, présentée ainsi, serait digne de respect.
En fait de quoi s’agit-il ? Il s’agit d’un projet de directive déposée par la Commission en juillet 2011 visant à aligner la réglementation européenne sur les règles en vigueur dans l’Organisation Maritime Internationale depuis 2010. Le but serait de réduire fortement la teneur en soufre des carburants. Il convient de signaler que pour tous les autres véhicules à moteur (y compris les véhicules agricoles depuis novembre 2011) des normes plus draconiennes sont déjà appliquées sans que cela ne ruine l’activité économique de ceux qui les utilisent. Il convient également de signaler aussi que ce projet de directive prévoit, comme mesure alternative à l’utilisation de gas-oil désulfuré, l’installation de système d’épuration des gaz d’échappement. Il convient surtout d’insister sur le fait que ces gaz d’échappement sont extrêmement nocifs pour la santé humaine et pour l’environnement.
Mais alors quelle mouche a donc bien pu piquer madame Lebrun pour ainsi déposer un amendement visant à exclure la France du dispositif pendant une période indéterminée ? J’ai cru comprendre que les armateurs bretons (en l’occurrence les seules Britanny Ferries) avaient agité le pavillon de détresse : le coût du carburant augmenterait de 40% ai-je pu lire dans une publication influencée par ce groupe de pression. 40% ? Bigre, le cours du soufre a fortement augmenté. Si 5.000 emplois dépendent ainsi de quelques grammes de soufre en plus ou en moins, c’est que ces emplois ne sont pas très solides et ce n’est pas un amendement qui pourra les sauver. Demain, autre chose sera invoqué pour ne pas respecter les règles de la même façon qu’il y a quelques mois, le même armement avait obtenu de la préfecture maritime une dérogation aux règles de navigation dans le rail pour gagner quelques milles, toujours au nom de la défense de l’emploi.
En fait, s’il s’agissait tout simplement de maintenir des marges bénéficiaires et quelques avantages acquis ? Le combat prend alors une tournure moins glorieuse. Après tout, si le renchérissement du carburant est aussi fort que l’affirment les armateurs, peut-être cela vaudrait-il la peine de faire ce petit investissement dans des systèmes d’épuration des gaz d’échappement. Il y a donc un plan B, mais les armateurs se gardent bien d’en parler. Comme d’ailleurs il existait aussi un plan B pour le projet de plate-forme légumière sur Saint-Pol-de-Léon.
La position qui consiste à refuser toute alternative n’est pas nouvelle : elle est la marque de fabrique de tous les conservatismes depuis Reagan et Thatcher. Elle est aussi la façon de penser de certains entrepreneurs léonards
En l’occurrence, c’est une position intolérable : on ne joue pas avec l’atmosphère et la santé humaine comme cela.
Que madame Lebrun s’associe à ce genre de politique montre bien que nous n’avons pas les mêmes valeurs. Pour nous les écologistes, aucun intérêt privé ne vaut qu’on y sacrifie l’état de la planète et la santé des gens qui y habitent.