vendredi 18.05.2012, 05:03- La Voix du Nord

C’est parce que le jardin textile à La Piscine est finalement « une salle de musée …

comme les autres, mais inexploitée » que l’idée d’un appel à projet artistique a germé dans la tête de Sylvette Gaudichon-Botella, sur le conseil pertinent d’Isabelle Cellier, professeur d’arts plastiques, détachée de l’Éducation Nationale. Le résultat de cet appel à projets, lancé à 14 céramistes, à découvrir dans le jardin, samedi à la Nuit des Arts/Nuit des musées et jusqu’au 3 septembre, est étonnant. L’exercice imposé était de réaliser un bain d’oiseaux, « objet souvent kitsch, ici revisité » explique Isabelle Cellier. Les 14 céramistes ayant accepté le challenge et la confrontation sont parvenus à sublimer le sujet. Le bain d’oiseaux devient ainsi une oeuvre d’art à part entière et le jardin textile, un écrin naturel approprié. La promenade, au gré des oeuvres disséminées dans le jardin, une heureuse surprise. Une « grande liberté de création » leur a été offerte. Aussi, l’ensemble des 14 oeuvres offre une belle diversité artistique, « des résultats variés selon le vocabulaire de chacun » et le médium utilisé, grès brut ou émaillé ou porcelaine. « L’idée est très belle, la réalisation intéressante », trouve Sylvette Gaudichon-Botella. « Le fait qu’ils soient quatorze offre une diversité. Ce n’est pas cacophonique, c’est cohérent pour le lieu. Ça donne envie de mettre dans le jardin plus de céramique autour du pavé d’Agathe Larpent. » Et Isabelle Cellier d’ajouter « C’est très fort, selon le moment de la journée, la lumière, la perception des oeuvres change ! » Les reflets du soleil et l’eau de pluie modifient en effet la teinte en surface et magnifient les formes.
Formes surprenantes

Des formes parfois surprenantes comme la mini piscine avec plongeoir de Christine Koppe, le nid aux lignes subtiles d’Isabelle Leclercq, les coquilles-oiseaux en apesanteur de Marie-Jo Bétrémieux, la proposition la plus poétique. Et puis aussi, le beau travail d’émaillage de la colonne à la surface reptilienne, de Daniel Vaudran, autorisant des jeux de lumière la colonne torsadée de Lucie Bécuwe l’inspiration asiatique forte de Bernard Dal Malgro le banc et bain de Marie-Christine Becquart le plat ailé épuré de Serge Boularot ; la souche d’arbre émaillée de Corinne Simon, l’installation de 33 pavés Raku ou bain de rosée de Bernard Despierre, le seul qui dépasse l’idée de contenant, avec François Daniel « le potier malin » qui a imaginé un jeu de pavés avec rigoles. Travail art-déco adapté à La Piscine. Il y a encore le « travail assez radical, rude, noir, aux formes très pures » de Vianney Duquesnoy et d’Hélène Soète. Les flasques de grès sombre de cette dernière jouent sur l’idée de double contenant, intérieur-extérieur. Enfin, seule céramiste à avoir choisi la porcelaine, Albane Troollé, présente une oeuvre d’une grande fragilité, essence de la matière.

Ces réalisations environnées de « Livres au vent », flottent dans l’air et sous la pluie. Ces objets-sculpture éphémères, accrochés à des bambous du jardin, ont été réalisés par des 6e du collège Jean-Jaurès à Lomme, avec 28 livres condamnés au pilon. Disposés dans le cloître, ils apportent de la couleur à l’ensemble et surprendront les visiteurs ce week-end. Si la pluie fait relâche, la médiathèque y posera ses transats de 15 h à 17 h. Le temps d’entendre le murmure de la nature et de la céramique dans le vent et de voir des oiseaux, amateurs d’art, s’ébrouer dans l’eau. •

BRIGITTE LEMERY