Le ministre de l’Intérieur a déclaré hier étudier la possibilité de remontée de files des deux roues motorisés en ville. Grande découverte !
Voilà près de 5 ans que la Ville de Paris l’a proposé… mais que cette mesure de bon sens n’a pu être mise en Å“uvre par obstruction des services même du ministère de l’Intérieur, à savoir la Préfecture de Police.
En effet, dès l’année 2004, soucieux de constater l’accidentologie gravissime des usagers de deux roues motorisés en ville, j’avais pris l’initiative, en tant qu’adjoint chargé des déplacements, d’organiser à Paris les Etats Généraux des 2 roues motorisés en ville. Des experts internationaux de Londres, Rome, Barcelone, Athènes, Amsterdam y avaient participé. L’idée la plus pertinente qui en avait émergé était un code de bonne conduite déjà expérimenté à Amsterdam.
J’avais donc engagé des discussions avec les représentants des usagers de la moto, et en particulier la Fédération Française des Motards en Colère, en présence de la Préfecture de Police. Discussions qui avaient débouché sur une charte de bonne conduite, encadrant notamment dans des conditions très strictes la remontée de file, et ce de façon expérimentale.
Ces conditions étaient les suivantes :
- circuler entre files uniquement lorsque la circulation automobiles est très ralentie, en files ininterrompues.
- rouler à une allure lente, en maintenant un écart faible de vitesse avec la file la plus lente.
- se positionner entre les deux voies situées les plus à gauche de la chaussée.
Après accord de l’ensemble des interlocuteurs, cette charte avait été signée par les associations, la Ville de Paris… mais pas par la Préfecture de Police, ce qui bloqua le processus d’expérimentation.
Que le ministre de l’intérieur envisage aujourd’hui un tel dispositif est une bien timide avancée. Mais pendant toutes ces années, l’absence de pédagogie et d’encadrement qu’aurait permis la mise en Å“uvre d’une telle charte s’est payée d’un taux extrêmement élevé d’accidents de la route pour les motards dans Paris.
En tant qu’écologiste, je ne considère pas les 2 roues motorisés comme la panacée du mode de déplacement en ville, car, ils apportent eux aussi leur part de nuisance. Pour autant, à partir du moment où ils participent de la mobilité en ville, il est essentiel de rechercher les conditions dans lesquels leurs déplacements sont les plus sécurisant pour eux-mêmes et les autres usagers de la rue.
Denis Baupin