Pollution aux particules fines : les pics se succèdent et l’Etat n’agit toujours pas !

Depuis 4 jours consécutifs l’Ile de France connait un épisode de pollution aux particules fines, depuis 4 jours le seuil de 50mg/m3 est largement dépassé, les concentrations relevées aux abords des grands axes dépassant même le seuil d’alerte de 80mg/m3. De nouvelles pointes de pollution sont prévues pour ce week-end.

Certes, cette multiplication des pointes de pollution correspond à une situation météorologique défavorable  à la dispertion des polluants et à un abaissement récent des seuils de déclenchement des alertes. Mais cet abaissement est motivé par la connaissance de plus en plus précise de la toxicité des particules fines et donc de la nécéssité de lutter contre leur émission.

Les causes, tout comme les conséquences  sanitaires de  cette pollution sont connues. L’accablante responsabilité des moteurs diesel dans les émissions locales de particules a dernièrement été confirmée par une étude d’Air Parif, tandis que le ministère de l’écologie estime à 42 000 morts prématurées par an l’impact sanitaire des particules en France et qu’une récente étude estimait à 6 mois la perte d’espérance de vie pour les franciliens!

Pour autant,  les pics se répètent, et rien n’est fait pour agir sur les sources et diminuer les émissions de particules.

Ainsi depuis 4 jours, la préfecture de police se contente d’enregistrer les prévisions et constats de dépassement de seuil faits par Air Parif  et d’émettre des recommandations sans aucun effet sur la circulation automobile. Chacun peut le constater, il n’y a pas moins de circulation dans la Ville, pas moins de camions qui circulent, les vitesses de circulation automobile ne sont pas plus faibles etc … On dit aux enfants, « ne sortez pas dans les cours de récréation », aux asthmatiques, sportifs, etc., « surtout ne faites pas d’exercice pendant ces pics de pollution et restez enfermés chez vous »… mais on se refuse à agir sur les causes.

Cette inaction face aux dépassements des seuils réglementaires vaudra sous peu à la France d’être lourdement sanctionnée par la Cour de justice européenne.

Des mesures efficaces sont pourtant à portée de main : à commencer par l’abandon du « dumping » fiscal accordé aux véhicules diesel via la fiscalité sur le gas-oil et le bonus malus dit « écologique », sans pourtant prendre en compte les émissions de particules ! Ces mesures incitatives font que la France détient le triste record du parc automobile le plus diésélisé du monde ! Et Ce n’est pas en « cassant le thermomètre » que l’Etat évitera l’amende européenne. Ses tentatives actuelles de sortir du réseau de capteurs fournissant les données sur la qualité de l’air transmises à l’échelon européen la station de mesure de la porte d’Auteuil située le long du périphérique sont scandaleuses.

L’urgence commande au contraire que le jour des pics de pollution, ou mieux le jour de leur prévision soient mises en œuvre des mesures opérantes pour réduire les émissions locales de particules : contournement de l’agglomération pour les poids-lourds en transit, restriction la circulation des véhicules diesel, abaissement de la vitesse limite sur les grands axes etc.

La France a pris un énorme retard. Elle a refusé pendant des années de prendre en compte la pollution au diesel et a privilégié des intérêts économiques à la santé de nos concitoyens. Nous sommes aujourd’hui en situation de non assistance à personnes en danger. Le virage sera d’autant plus difficile à prendre que le parc de véhicules en circulation est le plus diésélisé du monde. Raison de plus pour ne pas continuer à reporter les décisions indispensables.

Denis Baupin