AFP – 20 avril 2012
PARIS – L’interdiction progressive du perchloroéthylène dans les pressings, dont le projet d’arrêté a été mis en consultation fin 2011, devrait intervenir avant l’été, a indiqué vendredi à l’AFP le ministère de l’Ecologie.
Le produit, interdit dans les nouvelles installations au Danemark et aux Etats-Unis, est un solvant utilisé pour le nettoyage à sec. Classé depuis 1995 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme cancérogène probable, il peut avoir des effets neurologiques et un impact sur les reins et le foie.
Le projet d’arrêté prévoit l’interdiction de toute nouvelle installation fonctionnant au perchloroéthylène située dans des locaux contigus à des habitations. L’arrêté devrait être publié avant l’été, a-t-on précisé au ministère.
En outre, l’activité des pressings sera suspendue si la valeur d’action rapide de 1.250 mug/m3 recommandée par le Haut Conseil de la santé publique est dépassée dans les appartements et locaux contigus aux pressings.
L’OMS prévoit une valeur guide à atteindre de 250 mug/m3, mais il s’agit là d’une valeur d’action rapide, à atteindre dans un bref délai pour ne pas laisser pendant plusieurs années des personnes exposées à ce produit, a noté le ministère de l’Ecologie. Le perchloroéthylène devrait cependant être rajouté dans le décret qui fixe à un horizon de plusieurs années la nécessité d’atteindre la valeur guide définie par l’OMS.
Les ministères de l’Ecologie et de la Santé prévoient aussi l’arrêt progressif des installations existantes fonctionnant au perchloroéthylène selon le calendrier suivant:
- au 1er janvier 2014, interdiction d’utiliser une machine au perchloroéthylène de plus de 15 ans,
- au 1er janvier 2018, arrêt des installations ne bénéficiant pas de la marque NF, une norme qui, selon le ministère, assure l’étanchéité des machines,
- au 1er janvier 2022? arrêt des installations de marque NF sauf à respecter certaines distances de rejet par rapport aux bâtiments voisins.
Les distances de rejet doivent être d’au moins trois mètres au-dessus des bâtiments situés dans un rayon de 15 mètres et huit mètres au-dessus de toute prise d’air neuf.
Ce projet d’arrêté a été soumis le 13 décembre 2011 à des associations (France Nature Environnement et Robin des bois), à des experts, aux syndicats et aux ministères concernés. Il sera mis en ligne début mai pour consultation. Le 29 mai, le Conseil supérieur des risques technologiques donnera son avis technique et l’arrêté sera soumis aussitôt à la signature du ministère de l’Ecologie.
Plusieurs associations, dont le Réseau Environnement Santé, font pression pour l’interdiction, dont le principe avait été annoncé par le ministère il y a deux mois.
Reçues jeudi par le Directeur général de la Santé, elles se sont vu confirmer le contenu du projet d’arrêté et se sont félicitées dans un communiqué du changement radical de la politique du ministère qui ne défend plus l’usage contrôlé du perchlo mais accepte le principe de son remplacement.
Pour Denis Baupin, maire adjoint EELV à Paris, chargé de l’environnement, il faut maintenant que la transition vers les autres technologies existantes moins nocives soit appuyée par les pouvoirs publics.