Deux candidats pour deux visions de la transition énergétique en France

02-05-2012

Selon Denis Baupin, qui a négocié pour EELV l’accord avec le PS,« l’état du débat aujourd’hui est au même point qu’en Allemagne cinq ans avant l’accord entre le chancelier Gerhard Schröder et les Verts. Dans les cinq ans à venir, il nous faudra rendre crédible la sortie du nucléaire. »

Nicolas Sarkozy: « L’industrie nucléaire française réunit tous les traits d’uneFrance forte. Naturellement, il faut être intransigeant avec la sécurité et la sûreté de nos installations. »Â (Lettre au peuple français). Pour le président sortant, Fukushima n’a rien changé au royaume de l’atome. Sa position s’inscrit donc dans une continuité, que précise sa porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet : « Lapolitique énergétique reposera sur trois piliers: réduction de la dépense énergétique, développement des énergies renouvelables et électricité nucléaire. »L’avenir du nucléaire n’est pas clairement défini par le candidat lui-même, mais ses partisans se réfèrent au rapport de la Commission Energie 2050 remis en février au ministre de l’industrie, Eric Besson. Le point-clé en est la prolongation de la durée de fonctionnement des réacteurs de quarante jusqu’à soixante ans. Selon la Commission, « cette option s’avère de loin la moins coûteuse en termes d’investissements jusqu’à 2035-2040 (…). Et c’est elle qui permet de produire les kWh les moins coûteux. »Â Pour Francis Sorin, de la SFEN (Société française d’énergie nucléaire), « ce scénario rejoint les orientations de Nicolas Sarkozy, mais aussi d’une bonne partie de ceux qui considèrent que le nucléaire est une bonne chose pour la France ».

« HAUSSE DURABLE DES COÛTS ÉNERGÉTIQUES »

Cependant, cette hypothèse n’exclut pas la possibilité d’une réduction du parc nucléaire. Le gouvernement a adopté en décembre dernier un plan d’efficacité énergétique visant une diminution des consommations d’énergie à l’horizon 2020 comprise entre 19,7% et 21,4%. La part des énergies renouvelables est par ailleurs appelée à monter en puissance dans la lignée des objectifs européens (20% de la consommation d’énergie en 2020). Le poids du nucléaire dans le bilan énergétique français est donc amené à baisser.

Par ailleurs, la hausse annoncée des coûts de l’énergie pourrait aussi jouer son rôle dans une moindre demande. « Tous les scénarios s’accordent sur une perspective de hausse durable des coûts énergétiques », notait la Commission Energie 2050, tandis qu’en janvier, la Cour des comptes a jugé que le prix de construction des réacteurs est en forte augmentation, ainsi que les coûts de maintenance, tandis que les provisions pour démantèlement sont trop faibles. Jusqu’à présent, ni M.Sarkozy ni ses conseillers n’ont toutefois indiqué comment ils envisageaient l’adaptation inévitable de l’industrie à cette nouvelle donne.

Le candidat est contesté sur sa gestion passée. Selon François Brottes, député (PS) de l’Isère et conseiller pour l’énergie de François Hollande, « M.Sarkozy a été très inconstant dans sa gestion du nucléaire, tant dans les différends entre Areva et EDF qu’en poussant le nucléaire « low cost »Â ou en signant un accord sur le nucléaire avec Kadhafi ». En juillet2007, le gouvernement français a en effet conclu un « Memorandum d’entente sur la coopération dans le domaine des applications de l’énergie nucléaire »Â avec le régime du dictateur libyen.

François Hollande: « J’engagerai la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75% à 50% à l’horizon 2025. (…) Je fermerai la centrale de Fessenheim et je poursuivrai l’achèvement du chantier de Flamanville [EPR]. »(Mes 60 engagements pour la France) Le discours de M.Hollande sur le nucléaire n’a pas varié. Mais une incertitude tient à l’accord signé en novembre dernier avecEurope-Ecologie Les Verts (EELV). Selon ce texte, « nous engagerons un plan d’évolution du parc nucléaire existant prévoyant la réduction d’un tiers de la puissance nucléaire installée par la fermeture progressive de 24 réacteurs. (…) Aucun nouveau projet de réacteur ne sera initié. »Â Sur France 2, le 26 avril, M.Sarkozy a dénoncé ce chiffre de 24 réacteurs à fermer comme le signe de l’irresponsabilité de M.Hollande.

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