Ronan Dantec est sénateur EELV de la Loire-Atlantique et conseiller municipal de Nantes où il a été de 2001 à 2011 en charge du développement durable, de l’environnement, de l’agenda 21 et de la biodiversité. Il est également porte-parole des réseaux mondiaux de collectivités locales sur le climat dans les négociations internationales.
Quels sont les enjeux de ces négociations internationales sur le climat ?
L’enjeu de ces négociations internationales reste résolument la lutte contre le réchauffement climatique afin de limiter ses conséquences dramatiques qui se font déjà sentir. La hausse du niveau des mers, la disparition d’espèces, l’exode de populations (réfugiés climatiques) nous le rappellent tristement.
Et, pour l’heure, les rapports demeurent alarmants et révèlent une nette dégradation des indicateurs. Lorsque l’Organisation Météorologique Mondiale pointe des niveaux record de concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère pour l’année 2010, le GIEC alerte sur la prévision d’une hausse de la température s’élevant à 5 voire 6°C en 2100.
Fixer des engagements qui permettent de tenir l’objectif de limitation de la hausse de la température de 2°C à l’horizon 2100, parvenir, d’ici 2015, comme décidé à Durban, à un accord global contraignant réunissant tous les grands pays émetteurs, imaginer une gouvernance environnementale mondiale et développer des mécanismes financiers verts et innovants sont les défis qui nous attendent.
Quels retours faites-vous du sommet de Durban ?
Les attentes de ces conférences sont à chaque fois grandes au regard de l’urgence de la situation. Et souvent, nous ne pouvons qu’accuser un sentiment tenace de frustration. Mais, même si Durban n’a pas répondu à tous les enjeux, le fatalisme n’a pas lieu d’être et n’est d’ailleurs que contre-productif.
Des lignes ont bougé. Une nouvelle coalition, constituée de l’Europe, de l’alliance des Petits Etats insulaires (AOSIS) et des Pays les moins avancés a forcé les grands émetteurs (Chine, Inde, Etats-Unis) à accepter le principe d’un accord juridiquement contraignant en matière climatique en 2015. La mise en place d’une gouvernance du fonds vert ouvre des opportunités, même s’il n’y a pour l’instant aucun éclaircissement quant à la manière dont ce fonds sera abondé. Enfin, Durban a montré que les collectivités locales font de plus en plus entendre leur voix dans ces négociations du fait de leur capacité d’actions à réduire rapidement les émissions de CO2 sur leurs territoires. Les soutenir est une priorité. La publication, juste avant Durban, de méthodologies permettant aux villes du Sud d’accéder aux financements du mécanisme de développement propre (MDP du Protocole de Kyoto) va dans ce sens en attendant le fonds vert.
Comment appréhender la suite?
Il s’agit aujourd’hui de se mobiliser dans le cadre établi à Durban. La situation actuelle fait que nous n’avons pas d’autres choix que de réussir ces négociations internationales. A nous de faire qu’en 2015 un accord global alliant les régulations mondiales aussi bien environnementales, économiques que financières voit le jour. Le sommet de Rio+20 en juin prochain doit être l’occasion de peser en ce sens.
Mais, la suite s’opère également, au niveau national, sur les choix politiques que nous décidons de prendre car ce sont autant de signaux envoyés sur la scène internationale. L’objectif de -30% d’émissions de CO2 en 2020 en Europe doit rester l’ambition de la France et de l’Europe. Œuvrer à cette ambition, faire le choix d’investir dans les énergies renouvelables, de sortir du nucléaire nous appartient. Les élections présidentielles et législatives à venir nous offrent cette possibilité.