Dans une interview donnée jeudi matin à RTL, Nicolas Sarkozy a répondu aux questions d’Yves Calvi sur la situation des femmes en France. La méconnaissance par le candidat sortant de la situation des femmes dans notre pays est frappante. Il confirme par ses réponses le sentiment qu’il avait exprimé lors de la journée internationale des droits des femmes en 2011 : “Le 8 mars, c’est sympathique. Mais il faudrait se concentrer sur l’essentiel”.
Nicolas Sarkozy : “Il y a maintenant des lois qui sont en place, il faut les appliquer”
PROBLEME. Les lois sur l’égalité professionnelle sont en place depuis 1983 (pas depuis “maintenant”). La dernière date de 2006. Elle aurait du être appliquée dès le début du mandat de Nicolas Sarkozy afin d’atteindre l’objectif fixé à l’époque : supprimer les écarts de salaires avant le 31 décembre 2010. Le gouvernement a préféré répondre aux exigences de Madame Parisot en repoussant le délai et en allégeant les obligations des entreprises. Résultat : 6 ans après le vote de la loi, elle n’est toujours pas appliquée. Nicolas Sarkozy se réveille à 3 jours du scrutin : personne n’est dupe sur sa capacité dans les années qui viennent à faire appliquer une loi qu’il a totalement ignorée depuis 5 ans.
Nicolas Sarkozy : “Je m’étais engagé en 2007 à ce qu’il y ait 200 000 places de crèches et de solutions de garde : c’est ce que nous avons fait.”
FAUX. Le collectif “Pas de bébé à la consigne” rappelle que “c’est en réalité 40 000 places que Madame Bachelot a confirmées en précisant qu’elle seraient « occupées » par 96 000 bébés. Chaque place, désormais rebaptisée « solution d’accueil », est donc attribuée à 2,5 bébés, forçant de nombreuses familles à accepter un accueil à temps partiel.” Le collectif souligne également, concernant les “solutions de garde” dont parle Nicolas Sarkozy que cette augmentation “repose essentiellement sur l’accroissement de la responsabilité des assistantes maternelles par l’élargissement de l’agrément à 4 enfants au lieu de 3″.
Nicolas Sarkozy : “85 % des femmes travaillent : 85 % !“
FAUX. Comme le rappelle son propre gouvernement dans les “Chiffres de l’égalité femmes – hommes en 2011″, Entre 15 et 64 ans, 66,1 % des femmes sont actives, contre 74,9 % des hommes. Le taux d’emploi s’élève à 59,7 % pour les femmes et à 68,1 % pour les hommes. Nicolas Sarkozy devrait également savoir qu’une femme sur trois travaille à temps partiel.
A Toulon, pour son dernier meeting de campagne, Nicolas Sarkozy a donné sa vision de la République. Il semble découvrir les principes d’égalité femmes – hommes qu’il a bafoué pendant 5 ans.
“La République doit faire respecter la parité dans la vie politique.”
IL NE L’A JAMAIS FAIT. Comme le rappelle l’Observatoire de la Parité, le premier gouvernement de François Fillon comprenait 34,4%. Lors du remaniement de janvier 2009, le gouvernement comptait 35,9% de femmes. Depuis, le pourcentage ne cesse de baisser pour atteindre à la fin du quinquennat 26,5% de femmes. Les femmes ne sont plus que 20% parmi les ministres.
“La République doit protéger les femmes contre les violences et notamment contre les violences conjugales.”
PROBLEME. La loi contre les violences faites aux femmes, votée grâce à l’engagement de députées de gauche (comme Danielle Bousquet, retrouvez-la ici), n’est toujours pas appliquée. Pire, de nombreuses associations qui accueillent les femmes victimes de violence voient leurs subventions baisser chaque année depuis 2007. Certaines sont menacées de fermeture.
“Aucune femme ne doit avoir à choisir entre son projet pro et son choix de vivre une maternité”
PROBLEME. En France, en 2011, 50% des femmes voient leur situation professionnelle changer à l’arrivée d’un enfant contre seulement 15% des hommes. Pour permettre aux femmes d’articuler vie professionnelle et vie familiale, le seul moyen est de parier sur la parentalité : faire de l’égalité femmes – hommes dans les familles une priorité. En encensant comme il le fait les “mères de famille”, qualifiant même leur rôle de “sacré”, Nicolas Sarkozy montre qu’il a une vision des femmes profondément réactionnaire.