Qui est Patrice Vuidel ? Quelles sont ses domaines de compétences ? Quelle est sa vision de l’écologie ? De l’école ? Nous lui avons posé 5 questions.
Quel a été votre parcours politique ?
Je fais partie de la « Génération Mitterrand » : je découvre la politique le 10 mai 81, j’ai alors 10 ans. Je vais coller avec mon père les affiches du candidat écologiste aux législatives qui suivent. Lycéen je m’engage dans la lutte contre le racisme (SOS Racisme), je manifeste contre le projet de loi Devaquet et je m’engage alors aux jeunesses socialistes. Mais, comme d’autres, viens le temps des déceptions et des interrogations. Déceptions sur un mode de fonctionnement, une façon de faire de la politique, et interrogation sur la prise en compte indispensable des enjeux environnementaux. Tant que l’on ne comprend pas que les crises écologiques, sociales, économiques sont liées, on ne peut penser des réponses à la hauteur des enjeux. Ces raisons m’ont amené d’abord à regarder du côté des propositions et du projet écologiste, puis à rejoindre les Verts et à être élu conseiller municipal en 2008.
Avez vous des domaines de prédilection ?
Le principal questionnement qui m’animait étant plus jeune et qui continue de m’animer est la question du développement économique et de l’emploi : que faire, comment faire pour lutter contre le chômage sur une ville, un bassin d’emploi ? Comment se créé, se développe l’emploi ? J’ai orienté mes étude pour comprendre l’économie et chercher des réponses, ce qui m’a amené en Seine-Saint-Denis, à l’Université Paris 13, pour réaliser une maîtrise de développement local. J’ai ensuite travaillé dans le champs de l’économie sociale et solidaire ainsi que du développement local, à monter des formations, des outils de financements solidaires, des réseaux de ressources, des réseaux d’entreprises, pour agir concrètement. J’ai ajouté un nouveau questionnement ces dernières années : comment penser un modèle de développement économique, à l’échelle des entreprises et des territoires, qui prenne non seulement en compte les enjeux sociaux (qualification, qualité de l’emploi etc.) mais aussi environnementaux. En effet, réduire par quatre les émissions de gaz à effet de serre implique un fort questionnement de nos modèles économiques dominants. Là aussi, je pense que la conversion écologique des entreprises et des territoires proposée par EELV est une réponse adaptée. En tant que maire adjoint de Pantin au développement économique (depuis novembre 2011), je contribue à apporter des réponses à ces enjeux.
La transformation écologique de notre société, c’est l’affaire de qui ?
Notre société va dans le mur : le changement climatique en cours, le chômage de masse depuis 30 ans, les crises économiques à répétition, les pollutions multiples, la hausse des prix alimentaires, de l’essence, autant de signes d’un monde qui va de travers ! Pour nous, écologistes, il faut transformer notre société par étapes, mais en profondeur.
Le point de départ qui m’intéresse, c’est le rapport de monsieur et madame tout le monde à l’écologie. Longtemps les écologistes ont été des lanceurs d’alertes, dont on se moquait ou qu’on traitait avec condescendance. Puis, lorsque les risques qu’ils pointaient se sont avérés bels et bien réels, il a bien fallu reconnaître qu’ils avaient raison, qu’il allait falloir retrousser nos manches… A la fois comme outil de sensibilisation et levier de changement, on a incité les gens à trier leurs poubelles, couper l’eau du robinet quand ils se lavent les dents, prendre des douches plutôt que des bains, etc. Toutes ces actions sont utiles, pour aider à la prise de conscience et commencer à agir. Un exemple : l’aluminium se recycle à l’infini : imaginez le non-sens de continuer à mettre en décharge des canettes en aluminium alors même que la matière première n’est pas infinie ! Ne serait-ce que pour cela, il faut continuer. Mais cela ne suffit pas. Les gens veulent dépasser cela. Ils en ont ras le bol des petits gestes quotidiens : ils sont préoccupés et intéressés par les questions écologiques mais savent bien aussi que sans effort collectif, sans changement structurel des politiques à l’échelle nationale, ces efforts quotidiens sont une goûte d’eau dans l’océan. Trier mes déchets, oui, mais à quand une loi pour limiter les emballages ? Économiser l’eau, ok, mais est-il normal que celui qui remplit sa piscine la paye moins cher que moi, parce qu’il bénéficie de tarifs préférentiel en tant que gros consommateur ?
D’où la nécessité d’envoyer des élus écolos à l’assemblée. Pour qu’enfin on passe de l’échelle individuelle à l’échelle collective. Militant du développement local, je perçois les difficultés des habitants, mais aussi les capacités de changement concret si notre volonté est relayée au Parlement. Nos députés vont proposer et voter des lois qui aident les habitants et les villes à mettre en œuvre ce changement. Un groupe fort de députés « écolos » à l’Assemblée poussera la majorité de gauche dans ce sens.
Que répondez-vous à celles et ceux qui parlent d’écologie punitive ?
Lorsque ce sont des élus ou militants politiques de droite ou de gauche qui utilisent bêtement cette expression à des fins stratégiques, pour caricaturer nos propositions et notre mouvement, je suis forcement navré. Ils sont encore nombreux à considérer que la politique est un petit jeu dans lequel tous les coups sont permis, et à privilégier les clichés plutôt que la discussion sur le fond. Ils savent que ce qu’ils disent est faux, mais ils en jouent et malheureusement contribuent au dégoût des gens pour la politique en général. Aujourd’hui, ce n’est pas l’écologie qui punit, mais notre système de production, de consommation qui punit les plus fragiles : emplois déqualifiés, faibles revenus, qualité de vie dégradée et risques sur la santé !
Vous avez fait de l’éducation un des premiers axe de votre campagne, vous pourriez nous en dire plus ?
Il y aurait beaucoup à dire (lire notre article dédié à cette thématique). Peut-être un mot sur la violence à l’école. Les parents que je côtoie en emmenant ma fille à l’école ainsi que dans le conseil d’école où je suis représentant du conseil municipal sont très attentifs à cette question.
Le gouvernement s’est assis dessus mais les conclusions des Etats généraux de la violence à l’école, réunis en avril 2010, sont formelles : ce n’est pas la répression qui fait reculer la violence dans un etablissement scolaire, mais la présence et la cohésion de l’encadrement adulte, le climat de confiance, la cohérence du projet pédagogique et l’intensité des relations avec son environnement.
Il faut donc réformer le système de mutation des enseignants pour favoriser la constitution d’équipes stables et donner aux établissements la part d’autonomie nécessaire pour que, dans un cadre national clair, ils puissent définir de vrais projets.
Au-delà,c’est une meilleure insertion des établissements dans leur territoire, grâce à la mise en relation de tous les acteurs de l’éducation dans un bassin de vie, qui favorisera les échanges et la confiance mutuelle. C’est un vrai enjeu pour défendre notre école publique et laïque et éviter des stratégies d’évitement de l’école publique de la part de celles et ceux qui le peuvent, contribuant ainsi à construire une société dissociée.